La corrida d’Adolfo Martin a offert un lot de trois et trois, trois toros avec les complications habituelles de cet encaste et trois toros avec des qualités propices, à divers degrés, au triomphe. Dans ce contexte "Román" a exhibé une attitude volontaire et entreprenante compatible avec sa réputation, Manuel Escribano des limites indicatives d’un moment compliqué et Andrés Roca Rey une technique, expression de sa tauromachie habituelle, qui a convaincu le public et moins l’afición.
Le premier d'Adolfo Martín, est attendu a puerta gayola par Manuel Escribano pour une larga cambiada de rodillas “aguantado” jusqu'au dernier moment la charge incertaine, puis enchainant des véroniques appliquées. Une voltereta dans un instant d'inattention précède un tercio de varas plutôt laborieux et malmené. Bref quite de "Róman" qui confirme la solution sur la seule corne droite. Escribano exécute un second tiers en cuarteo, puis un sesgo de dentro por fuera et enfin quiebro al violin le tout, encore, sur la corne droite uniquement. Brindis au Roi émérite. Après tanteo précautionneux Escribano débute par derechazos qui révèlent une charge "humiliée" et noble. Voyant que les terrains rapprochés ne plaisent guère au toro, il recule entre les passes. À gauche l'adolfo passe. Comme à droite la charge se ralenti dans sa deuxième moitié et retire toute émotion aux séries. Les seuls muletazos liés le sont à base de zapatillazos à droite. Entière desprendida. Silence.
Escribano voulait recevoir le quatrième à puerta gayola mais le torilero en a voulu autrement. S'en suivent des véroniques douces et templées où se diagnostique la faiblesse du toro. Piqué avec mesure, par deux fois, le bicho résiste et fait bonne figure dans les embestidas de la lidia. Le Sévillan se charge des banderilles qu'il pose à distance dans un premier poder a poder, puis dans un sesgo por dentro, et enfin assis sur l'estribo il réalise un quiebro en contorsion pour échapper à l'accrochage. Brindis TV. Au centre le matador "cite" pour un double péndulo qui ravit le public. L'adolfo est une machine “a embestir” avec rectitude et noblesse. Son matador le torée en ligne à droite en se replaçant entre les muletazos. À gauche les toques n'incitent pas le bicho à répéter car les distances ne sont pas les plus adéquates. Peu à peu il apparaît qu'un grand toro est en train de combattre dans une faena en dessous de ses qualités. Les "cites" fuera de cacho tentent le toro à infliger une voltereta qui résulte en cornada grave dans la cuisse gauche. "Román" entre a matar pour un metisaca, un pinchazo et une entière à bout de bras avec 2 avis. Palmas au toro. Palmas.
"Román" reçoit son premier d'Adolfo avec témérité sans se soucier des retours serrés à droite dans les véroniques et demi-véroniques qui suivent. Mal piqué, le bicho se dandine en sortie d’épreuve. Brindis au Roi émérite. Appliqué, "Román" semble prendre la mesure de l'opposant dans le tanteo. Les droitières débutent par un extraño qui lui fait prendre la gauche. De ce côté de le toro se colle et exige le croisement et un toque précis. Le torero se laisse cependant surprendre par les charges inégales habituelles de cet encaste. De retour à droite, il se laisse surprendre sans avoir trouvé la clé du toreo en redondo et ce jusqu'à la voltereta donnée par un opposant ayant développé du sentido. Puntazo dans la fesse. ¾ de lame atravesada. Descabello. Palmas et salut
"Román" torée de cape avec aisance le cinquième. Entre deux piques mediocres, le matador réalise un quite par delantales, en préférant la corne droite. Brindis à José Luis Ábalos, Ministre du Fomento de l'actuel gouvernement. Le tanteo sur jambe pliée puis debout ne présente aucune difficulté. Dans les droitières "Román" déclare vouloir tenir son terrain dans une série a menos. La suivante, en plusieurs parties, connaît des passages supérieurs. À gauche, le matador en confiance donne des toques suaves et tire la charge, elle-même irrégulière dans sa partie finale. Ensuite il dessine des naturelles en totale confiance avec aguante et esthétique. À partir de là, le meilleur se mélange au moins bon, avec, cependant, suffisamment d’entrega pour conserver l'attention du public. Estoconazo légèrement contraire. Avis. Oreille. Palmas au toro.
Andrés Roca Rey se borne à mener au centre son premier adolfo-martín en le laissant maître de sa charge. Le toro pousse a menos sous le fer porté trasero. La seconde pique est exécutée encore moins bien que la première. Quite de Manuel Escribano par chicuelinas bougées. Brindis au Roi émérite. Le Péruvien exécute un bref tanteo main basse. Il débute muleta à gauche, méfiant et tirant le bras. Le corps en balancier inversé, exprime le doute. Dans la série suivante, il se redresse mais reste raide et allonge toujours les muletazos. À droite un derrote dans la seconde passe le déconcerte. Il reprend la gauche avec le même résultat. Le manque d'assurance du jeune torero se traduit à l'entrée a matar avec un metisaca et une entière à bout de bras. Quelques sifflets au toro. Silence.
Le dernier d'Adolfo Martín annoncé à 561 kg sur le cartel de la plaza et 501 kg sur le programme... fait une sortie tonitruante en “rematant” fort et haut en tablas. Andrés Roca Rey balade le toro à la guise de sa charge. L'adolfo s'emploie de más a menos sous la première pique et subit la seconde. Brindis au public. Au centre ARR cite pour des droitières enchaînées en ligne avec passe de poitrine. La charge du toro est vive et longue. Le Péruvien en profite pour le toréer comme un Domecq. Citant de loin le matador enroule autour d'une jambe de sortie tenue en retrait. À gauche l'animal annonce une autre affaire. Toutefois, avec deux naturelles templées et un pase de pecho "super"lent et long, ARR récupère l'attention du conclave. Continuant à gauche le public se divise autour d'une prestation qui enchante la majorité. La dernière série à droite baisse largement de ton mais pas le public. Des ayudados por bajo précèdent un pinchazo a recibir et une entière caída al encuentro. Pétition refusée par le palco.
René Philippe Arneodau
Photos: Javier Arroyo pour aplausos.es