Juan José Padilla est accueilli par une ovation de gala pour sa despedida de Las Ventas. Le lot de Jandilla irrégulier de présentation, faible et manquant de fond, a douché les espoirs des près de 25.000 personnes qui ont assuré le No Hay Billetes que l'on attribuera à la présence de Andrés Roca Rey. Ce dernier a joué sa carte vaillamment sans obtenir le succès attendu. C'est Sebastián Castella qui a coupé une oreille dont sa carrière avait besoin. Il y est parvenu grâce à un exercice tremendista dont il a toujours été friand. Les gradins étant aussi peuplés d'aficionados occasionnels, la prestation a débouché sur une pétition d'oreille majoritaire.
Le Jandilla qui ouvre plaza permet à Juan José Padilla de dessiner des véroniques templées et a gusto ainsi qu'une larga de remate relâchée. Le bicho pousse sous une mauvaise puya rectifiée et sort sans se faire prier de la seconde qui dure un soupir. Sebastián Castella donne un quite par gaoneras serrées en perdant la cape dans le remate. Padilla exécute un bon second tiers dans son style, fêté par le public face à un adversaire noble qui obéit sans gêner. Le Jandilla galope et charge long et par le bas. Brindis au public. Padilla débute à genoux en profitant de la noblesse et du longueur de charge du toro. À droite, l'animal donne déjà des signes de fatigue. Les muletazos sont fades et donnés en se replaçant. Les naturelles qui ne sont pas liées confirment la noblesse naïve du Jandilla. Les muletazos sont donnés sans conviction, Padilla se faisant mettre en dififculté à droite par le retour en gazapeo du toro. La première épée est un pinchazo provoquant la rupture en deux de l'épée. Suit une entière desprendida. Silence.
La seconde partie de la corrida est lancée à charge de Juan José Padilla qui s'adapte moins bien à une charge vive que son peón Daniel Duarte maîtrise. Le toro renverse le cheval après avoir longuement soulevé et promené la monture. La seconde puya est une double ration qui fait saigner abondamment le toro. Padilla se charge des palitroques. La seconde paire en sesgo por fuera et le violín final réunis lui valent les applaudissements du public. Les premières charges dans les doblones transmettent. Soudain le toro s'immobilise et ne répète plus entre les passes ou vient au pas. Ses charges sont soit incomplètes, soit avec la tête à mi-hauteur. Padilla est mis en difficulté lorsqu'il tente de tirer des passes derrière la hanche. Demi-lame basse et croisée, puis une autre demie tendida et trasera. Deux descabellos. Silence.
Le second Jandilla est reçu par Sebastián Castella avec des delantales accélérés en passant les mains avec brusquerie et demi-véroniques. Le bicho subit l'épreuve du fer qui est réduit au minimum. Quite d'Andrés Roca Rey par chicuelinas et demi-véronique. Le second tiers révèle un toro qui gratte, attaque en saccade et appuie ses charges . Castella le reçoit par estatuarios aux tercios et termine la série par le bas mettent le Jandilla à genou. Le toro veut charger mais les forces lui manquent. À gauche, le bicho ne fléchit pas et le matador a du mal à lier les naturelles. Le public s'impatiente en voyant que le Français n'est pas bien placé et que ses toques sont incertains. Bajonazo. Sifflets au toro. Silence.
Le cinquième est trapu et armé long, acucharado de cornes. Le toreo de cape de tanteo, puis a más, est composé de véroniques templées, de chicuelinas accrochées et de la demi-véronique. Le toro s'appuie de toute sa longueur sur le peto pendant la première pique. José Doblado s'attire l'ire des tendidos en piquant avec le bois d'une puya rompue et en passant les lignes dans la dernière des trois rencontres. Castella donne un mini quite au centre du ruedo. Brindis au public. Au centre, le Francais prodigue un double cambio por la espalda enchainé avec des derechazos et pase de pecho. Il embarque ensuite le toro dans des derechazos par le bas, en conservant une distance de sécurité. Protestations. À gauche, il est désarmé et abandonne. Reprenant la droite, il convainc en servant un arrimón dont il a toujours eu le secret. La noblesse de l'animal lui permet le grand jeu pendant que les puristes protestent l'absence de toreo fondamental. Au centre Castella porte 3/4 de lame de côté d'effet immédiat. Oreille demandée, oreille accordée avec quelques protestations.
Andrés Roca Rey a touché au sorteo un premier cornialto au trapío fin. Les véroniques pieds joints sont templées et torées avec entrega. Le matador a transmis des consignes de laisser le bicho cru. Le public proteste le tercio de varas tronqué malgré trois passages dû au fait que lors de la seconde vara la hampe s'est rompue. Brindis au public. Aux medios Andrés Roca Rey cite pour estatuarios, cambios dans le dos et passes de poitrine qui mettent le public en ébullition, pendant que certains lui reprochent d'opter pour le spectaculaire au lieu du toreo fondamental. À droite comme à gauche, le torero tarde à trouver les repères pour provoquer les charges d'un opposant qui s'est éteint rapidement. Les effets tremendistas alors employés divisent les tendidos. Entière caída d'effet fulminant. Sifflets au toro. Division pour Roca Rey.
Le Péruvien se passe le sixième très près dans des véroniques désordonnées qui restent sans écho. Une première pique de côté et exécutée en carioca est suivie d'une rencontre courte. Roca Rey va tranquillement au centre, après que les chevaux aient quité la piste, pour un quite par gaoneras et revolera. Le Jandilla galope au second tiers jusqu'à devenir abanto pour chercher refuge en terrains de toriles. Brindis personnel. Les esttuarios sont émouvants par la charge du toro. Les naturelles au centres sont elles interrompues par les fléchissements du Jandilla. Le toro abandonne le combat lorsque Andrés Roca Rey prend la droite. Dans le terrain du toro, il insiste et lie des deechazos sans laisser sortir l'animal de la muleta, faisant fi du calamocheo. À gauche, il s'impose avec des naturelles dont la seules limitation est la condition du toro. Les manoletinas finales réjouissent le Tendido 4 qui a vu de près une grande partie de la faena. Entière d'effet rapide. Palmas et salut.
René Philippe Arneodau.