Madrid 22 mai 2025 - 12ème de la San Isidro - Fiasco d’Alcurrucén après celui de Séville et après la déception de Madrid en 2024.

Alcurrucén a envoyé à Madrid un lot médiocre, d’arènes de deuxième catégorie. L’absence de caste a conditionné le travail des trois matadors Sebastien Castella, Miguel Ángel Perera et Daniel Luque. La tentation est forte de terminer la chronique avec ces lignes. Mais par respect pour les matadors, il convient de relater leurs activités. Dans ce marasme, c’est Luque qui a tiré, avec sérieux, son épingle du jeu.

Sebastian Castella réalise une longue série de véroniques méthodiques en profitant de la charge molle du premier d'Alcurrucén. Le toro fait ce qu’il peut lors des deux piques règlementaires, la seconde sans mettre les reins. Brindis personnel. Les passes de costadillo, sans bouger, donnent un peu d’émotion face à la sosería. Au centre, les derechazos sont enchaînés dans un même terrain. Les naturelles, tirées, ne transmettent rien. Toro et torero se meuvent sans inspiration ni intensité. Épée trasera, tombée, atravesada, portée à bout de bras. Silence.

Le second de S. Castella fait des bonds dans la cape du matador et sort de la pique titubant. Mouchoir vert. Le sobrero de Zacarías Moreno, cornidelantero, passe dans les véroniques mécaniques de Castella. L’épreuve du fer est brève par deux fois. Le vent est devenu un facteur. Brindis au public. Au centre, Castella "cite" pour un triple cambio por la espalda, dont deux de la main gauche, terminés par des naturelles main basse. Les derechazos, profonds, sont liés dans un même terrain. La série suivante, du même acabit, est terminée par un cambio de mano long en redondo. Entre les séries, le toro est tardo. La série gauchère est brève et supérieure avec molinete et pase de pecho de remate. Le matador répète la dernière droitière avec moins de réussite. De face, il produit une courte série à gauche qui semble indiquer que le toro a terminé le combat. Castella poursuit néanmoins dans une série forcée à droite avec un pseudo arrimón à un toro rendu. Avis. Entière basse et trasera. Pétition non majoritaire et salut avec division d’opinions.

Le premier de Miguel Ángel Perera fait des contorsions et tire des gañafones dans la cape du matador. Le train arrière est fébrile. Le bicho dort sous le peto une fois, puis sort seul lors de la seconde rencontre. Quite de Daniel Luque par chicuelinas et demi-véronique, le toro ne respectant pas le toque sur la corne droite. MAP démarre par des ayudados de tanteo. Une première série droitière, sans obliger, est entreprise. MAP poursuit vertical, avec efficacité. Les naturelles liées transmettent aux tendidos. Dans la seconde série à gauche, en cherchant à être al hilo, la muleta est accrochée. De retour à droite, le matador revient à ses préférences, en "citant" fuera de cacho, sans laisser sortir le toro de la muleta, ce qui lui permet d’enrouler les derechazos. Une conclusion en arrimón débutée par dosantinas vaut à MAP quelques applaudissements. Avis. Un pinchazo hondo est suivi d’une entière trasera, atravesada, haciendo guardia. Plusieurs descabellos. Silence.

Le cinquième est bovin d’allure et passe dans les lances de MAP avec dédain. Très mal piqué en carioca, par deux fois, le toro fait le minimum. Au second tiers, le bicho déambule et n’humilie jamais. Avec ce morlaco insipide, la technique défensive de MAP trouve tout son sens pour arriver à mettre le bicho dans la muleta. Après une prise de contact droitière, il poursuit sur cette corne avec efficacité, en liant en contrepartie d’une émotion et d’une connexion inexistante avec les gradins. Le changement de corne n’apporte rien de plus. Plusieurs pinchazos, dont un avec mise en danger lorsque le vent fait flotter la muleta. Demi-épée atravesada et caída. Descabello. Silence.

Le premier de Daniel Luque apparaît brièvement en piste puis retourne dans le couloir. Il souffle et freine dans la cape du matador qui, ensuite, dessine des véroniques lentes, conduites et templées au centre. Le toro prend la première pique en s’employant tête haute. Une tentative de quite du matador est abandonnée pour mener le bicho à la seconde pique, de laquelle l’animal sort immédiatement. Daniel Luque démarre par des doblones terminés alternativement par le haut et par le bas, dans un ensemble allant a más jusqu’à la passe de poitrine. Le matador présente la muleta plane dans les derechazos depuis une position engagée. Les naturelles, "citées" croisées, sont profondes et dominatrices, isolées au début puis liées. Dans la série suivante, alternée sur les deux mains, Luque supporte un arrêt à moitié passe de l’animal. Le dernier passage à gauche est réalisé passe par passe avant les luquesinas enchaînées. Demi-épée desprendida. Salut.

Le dernier d'Alcurrucén, cornalón, acapachado et corniabierto, va et vient, totalement distrait, dans la cape de Daniel Luque. Le toro pousse lors des deux piques. Bonne brega de Juan Contreras au second tiers, vu la condition compliquée du bicho. Brindis au public. Le tanteo pensif du torero de Gerena est suivi de deux séries droitières en rond, terminées par un cambio de mano et pase de pecho applaudis par un public en manque d’émotion. À gauche, il alterne les placements et lie les naturelles avec efficacité. La série suivante va a menos dans un style accéléré. La faena se poursuit en terrain de proximité avec un résultat mitigé et l’impatience du public. Entière trasera en couvrant les cornes. Avis et silence.

René Arneodau

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