Adolfo Martin a envoyé à Madrid une corrida spectaculaire par devant et manquant de fond. La pluie s’est invitée dès le début de la corrida. Fernando Robleño a triomphé sans oreille, malgré une forte pétition, après avoir toréé avec la main gauche à un grand niveau de qualité. Román a été digne et Garrido n’a pu s’exprimer, blessé dès le début de sa première faena.
Le premier de Fernando Robleño l’oblige à bregar jusqu’au centre face à une charge freinée et brusque. Le bicho est moins téméraire qu’à la cape sous pique. Le second passage est minimaliste. Robleño commence par un tanteo précautionneux. Il semble vouloir se confier à droite mais la charge molle le fait douter. L’ ensemble du trasteo est mobile avec, néanmoins, quelques passages a gusto. A gauche les mêmes symptômes donnent des résultats similaires. Les meilleurs muletazos sont réalisés aidés de l’épée, en bagarre, et quelques passes données corps relaché sur les deux cornes. Estocade entière trasera et atravesada, suivie d’une autre épée défectueuse. Avis. Applaudissements et salut.
Sort en cinquième position le quatrième toro de la corrida pour Robleño. Cet exemplaire tourne en piste et cherche la sortie. Dans les lances de Robleño, la charge du toro est trébuchée, dans une brega du matador vers le centre. Face à la cavalerie, l’Adolfo se fait d’abord prier, puis fait un combat peu guerrier par deux fois. Román renonce au quite devant la faiblesse du toro. Ce dernier est conspué et donne des coladas dans les capes. Grande paire de rehiletes de Fernando Sánchez, ferme au balcon, à quelques millimètres des pointes. Robleño, avec détermination, attaque sur la corne gauche avec profondeur et relâchement total, ce qui fait rugir les olés. Sur la même corne, il reproduit de menos a más la même prestation terminée par le pase del desprecio. À droite. l’affaire est plus compliquée mais le remate sur la corne gauche permet de terminer la série a más. Retour à gauche en aidant la muleta de l’épée, mais le toro a changé. Robleño écourte et prend l’épée. Pinchazo avant quasi entière en place. Descabello. Oreille sollicitée et refusée. Double vuelta al ruedo du matador.
Román est sur la défensive dès les premières charges de l’Adolfo qu’il mène, comme il le peut, au centre. Le bicho fait rompre le palo de la puya au premier contact. Il pousse avec peu d’entrain à la seconde. José Garrido exécute un quite par véroniques pieds joints et une demi- véronique. Brindis public. Les premiers derechazos son étirés avec aguante. Repidement le bicho s’arrète. Tardo et probón. Les naturelles, une à une, et peu. Droite en arrimón. Pinchazos et bajonazo avec avis. Quelques sifflets au toro.
Changement de tour après la blessure de José Garrido. La réception du 5 en quatrième position, est réalisée par Román sur jambe fléchie et demi-véronique. La charge est vive et longue. Au cheval, le toro pousse de más a menos sous carioca. À la seconde pique, l’Adolfo rechigne et évite l’épreuve. Il finit par charger et abandonner dans le même mouvement. Les premiers muletazos, en flexion de jambes, se terminent par le haut pour tester la charge. Suivent des derechazos difficiles car le bicho ne recharge pas et garde la tête haute lorsqu’il passe sans conviction. Arrêté, le toro oblige Román à rester ferme et à "citer" à maintes reprises. À gauche le panorama n’est pas différent. Le matador est vaillant, il insiste, mais la tâche est impossible. Pinchazo hondo et descabello. Sifflets au toro. Silence.
José Garrido est opposé à un premier adversaire face auquel il se confie vu la charge vibrante qui manque de l’emporter en accrochant la cape. Sous le fer, le toro pousse d’abord puis hésite avant de retourner pour une puya prise avec moins de conviction. José Chacón salue pour sa prestation supérieure aux banderilles. L’entame de faena est compliquée avec un desarme et des doutes. Le toro, tardo et probón prend violemment Garrido lors d’une tentative droitère. Il est emporté à l’infirmerie. Robleño cadre et porte 3/4 de lame trasera et atravesada. Deux descabellos.
Le second de José Garrido, combattu par Román, saute au callejón où il sème la panique. Il titube probablement en conséquence du saut. Mouchoir vert. Le sobrero de Pallarés, au trapío et cornes peu madrilènes, est reçu par véroniques volontaires de Román. Le toro pousse sous une pique basse puis distille du cabeceo lors de la seconde pique, arrière. Brindis tv. Début de faena appliqué et ferme. Les derechazos sont interrompus par un cabeceo et la faiblesse du toro. Al hilo ou fuera de cacho, Román embarque une charge lancinante. Le matador change de terrain vers toriles où il tire cette fois des droitières croisées que le toro renonce à charger après, à peine, quelques muletazos. Le torero abrége. Entière portée à bout de bras.
René Arneodau