Cinq minutes avant le paseíllo le ciel noir au-dessus de Madrid déversait un déluge qui laissait présager le pire pour la suite mais, avec un peu de retard, la corrida pouvait se dérouler sans problème climatologique si ce n’est le vent qui gênait de temps en temps et faisait voler les muletas. Après la novillada du début de la temporada, l’élevage de La Quinta était de nouveau présent avec un lot de plus de cinq ans d’âge et, pour cela, pourvu d’armures peu habituelles des toros de cet encaste Santa Coloma : veletos de cornes et même cornivueltos (plutôt asaltillados selon l’encaste Saltillo dont provient en partie cet élevage). Les poids étaient raisonnables s’étalant de 539 kg. (le 5ème) pour le plus lourd et autour de 480 kg, les deux plus légers (2ème et 5ème). Quant aux hechuras elles étaient bien conformes à celles des toros de Santa Coloma sauf le 6ème dont on se demande d’où il sortait…
La terna de ce jour d’ouverture était formée d’Alberto Aguilar qui avait clos avec bonheur la temporada passée à Las Ventas, de David Galván et Javier Jiménez qui connaissait la gloire pour être sorti par la Grande Porte au mois d’août 2016 en coupant une oreille à chacun de ses toros de la corrida d’Antonio Bañuelos.
David Galván, comme l’an dernier, devait passer par l’infirmerie après avoir été cueilli par son premier opposant et relevé inconscient (fracture du coude gauche, puntazo à la cuisse droite et légère commotion cérébrale). Ce toro, manso, et de mauvaises intentions s’était révélé difficile dans tous les tercios, "humiliant" dans la cape mais difficile de fixer, piqué par le picador de réserve et mettant en difficulté la cuadrilla dans tous les terrains. Alberto Aguilar mettait à mort laborieusement ce toro avisé à la muleta.
Alberto Aguilar, à son premier, réalisait une faena qui allait a menos par faute du toro qui montrait dès le début sa propension à "coller" dangereusement sur la corne droite et qui finissait en se désintéressant de la muleta. Malgré cela, il y eut de bons passages sur la corne gauche, des séries de naturelles de diverses factures dues à l’inconstance du toro dans ses charges. Estocade arrière un peu verticale. Au 4ème, Alberto Aguilar tentait de bien toréer, baissant la main alors que le toro tantôt passait la tête basse tantôt restait à moitié chemin dans la muleta pour se "dégonfler" sur la fin. Le mauvais comportement aux piques, sautant à la jugulaire du cheval à la première et faisant "sonner" l’étrier, sans pousser à la seconde, ne laissait augurer rien de bon. Un pinchazo et une estocade contraire lorsque sonnait un avis.
Javier Jiménez sauvait son après-midi sinon celle du public ou du propriétaire de La Quinta au 5ème dont les charges erratiques, rageuses, de genio sous le cheval, surprenaient dangereusement la cuadrilla et le torero en maintes occasions. Mais la surprise la créait aussi ce toro, entrepris dès le début de la faena sur la corne gauche, par une charge vive et répétée avec le défaut de trop s’ouvrir sur la première passe pour ensuite suivre rageusement avec caste la muleta, « humilié » jusqu’à la fin des naturelles enchaînées justement parce que Javier Jiménez laissait la muleta presque collée au museau de « Temeroso » le bien ou mal nommé, c’est selon. Plusieurs séries de naturelles se succédaient sous les olés du public jusqu’à un essai à droite, infructueux, et le retour à gauche se révélant inutile. Une bonne estocade entière ne suffisait pas à l’octroi d’une oreille, timidement demandée d’ailleurs. Javier Jiménez avait touché son premier, un toro qui donnait de la corne au capote et qui, à la muleta, entrait un peu rebrincado pour finir quasiment arrêté ou bien chargeant sans entrega, mollement. Il avait permis une seule série de qualité à gauche, le torero s’étant centré après avoir douté au début de la faena de muleta. Au 6ème, noir, cornes large ouvertes, il ne se passait pratiquement rien, avec un toro sans transmission et qui terminait toutes les passes en accrochant la muleta, défaut non corrigé par Javier Jiménez qui frisait la correction avec deux avis à la mise à mort, se succédant estocades, pinchazos et descabellos sans réussir efficacement à estoquer ce toro résistant.
Alberto Aguilar : un avis et silence ; silence. David Galván : blessé. Javier Jiménez : silence ; un avis et saluts ; deux avis et silence.
Georges Marcillac
Photos: Javier Arroyo - Aplausos
merci Georges