Rodolfo Rodriguez EL PANA
En 2012 j'écrivais dans un article à propos de la passe "LA TLAXCALTECA" est une passe inventée par Rodolfo Rodriguez "El Pana" (1952-2016). La première que je l'ai vue exécuter, c'est dans une vidéo de la corrida du 01 Novembre 2010 (*) à TLAXCALA ( Plaza de toros Jorge "El Ranchero" Aguilar ) face à des toros de Fernando de la Mora , avec au cartel Ignacio Garibay et Octavio García "El Payo".
Notre confrère Mundotoro a proposé en Janvier 2012 une vidéo du même événement titrant "El Pana a lo grande". En revoyant ces images, j'ai conforté ma première impression qui était que cette passe est extrêmement originale et très exposée, et qu'en l'occurrence la manière de l'exécuter dénote une vaillance exceptionnelle.
La tlaxcalteca est une passe a porta gayola, le torero se plaçant en piste, face au Articles liés:
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/toril/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">toril, avant la sortie du
toro. La
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" href="https://toreoyarte.com/glossaire/suerte/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">suerte est exécutée à genoux. La cape est positionnée sur les épaules et dans le dos, comme le serait une cape vêtement, tenue à deux mains à chaque extrémité et débordant du coté où sera donnée la sortie, de telle sorte que la cape vienne s'enrouler partiellement de ce côté sur le devant du corps. Le torero choisit donc dès l'origine le côté où sera donnée la passe, contrairement à ce qui est le cas, par exemple, des
largas cambiadas de rodillas ou
largas afaroladas de rodillas données
a porta gayola au cours desquelles le torero conserve la possibilité de choisir le côté de sortie jusqu'à l'
Moment auquel le toro entre dans la cape ou dans la muleta du torero. Ce moment se définit d'une part par l' embestida du toro qui se met à humilier pour "entrer" dans le leurre et d'autre part par le mouvement du leurre pour conduire le toro dans la passe. Cet instant de l'embroque peut avoir lieu, selon les choix techniques du torero, soit en avant du corps (leurre présenté en avant, par exemple muleta adelantada), soit à hauteur du corps, soit en arrière du corps (dans ces deux derniers cas on parle, par exemple, de muleta retrasada).
On dit aussi qu’à ce moment le toro entre en jurisdicción (le toro entre dans le terrain du torero et vice versa).
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/cargar/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">cargar la Suerte.
TOREO PUR ET TOREO MODERNE" href="https://toreoyarte.com/glossaire/embroque/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">embroque. En l'occurrence, il est judicieux de noter que "El Pana" exécute la passe en se plaçant dans un axe décalé vers sa droite par rapport au
toril pour donner la sortie du côté gauche, côté ou la cape déborde et est enroulée vers le devant du corps. De même, l'ouverture du
toril est étroite et réduit les risques de changement de direction du toro, ce qui ne veut pas dire que ces risques soient absents. Un
toro qui sortirait au pas, "
andando", créerait une situation catastrophique , très dangereuse pour le torero.
L'exécution de la suerte se fait en un éclair, si tout va bien. La distance entre le torero et le toril étant courte. Dès que le toro pointe à la porte du toril, il est à une longueur du torero et du leurre. "El Pana", qui a choisi dans ce cas de donner la sortie de son côté gauche, fixe la charge et ouvre la cape quasiment dans un même geste en étendant et en levant son bras gauche sur le côté dans une attitude qui fait penser à celle du premier temps de la C’est l’autre nom donné à la tapatía al paso introduite en Espagne par Victoriano Roger « Valencia », d’où son nom. Le matador Julio Robles (1951-2001) pratiquait en spécialiste cette suerte que certains appellent par erreur roblesina. Ci-dessous, trois temps de la rogerina interprétée par Julio Robles.
Premier temps d'une rogerina par "Juan Bautista"
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/rogerina/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">rogerina qui, elle. est donnée par le bas, et avec une ressemblance lointaine au "
Ecart en mouvement ou quiebro plus généralement réalisé avec la cape, permettant de dévier ou conduire la charge du toro. Pour le réaliser la cape peut être tenue à deux mains - chicuelinas galleando - ou alternativement à une seule main." href="https://toreoyarte.com/glossaire/galleo/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">galleo del bù". En l'occurrence le
toro qui est sorti à grande vitesse répond au
1 - Mouvement de muleta par lequel le torero incite le toro à charger. L'intensité et le moment du toque varie selon le comportement du toro. Il peut aussi se répéter pendant une même passe afin de garder l'attention de l'animal fixée sur le leurre.
2 – Dans l’expression toque de clarines, il s'agit de la sonnerie par laquelle sont annoncées les différentes séquences de la corrida de toros. Par exemple, à Las Ventas de Madrid, sonnent sept toques qui annoncent : le paseo, le tercio de piques, le tercio de banderilles, le début de la faena de muleta ou moment de la mise à mort, le 1er avis, le 2ème avis, le 3ème avis.
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/toque/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">toque et dévie sa charge, passant sous la cape qui s'est ouverte comme une aile dans le dos du torero. La cape est maintenue à deux mains jusqu'à la fin.
(Images issues de la video de Saintower sur Youtube "Tlaxcala 1ero Noviembre 2010")
La complexité et la pureté du geste sont le gage d'une assurance et d'un courage peu communs. On est loin des cas où les toreros décident de plonger pour éviter le contact lors de porta-gayolas ratées. Ici, malgré le serré et la proximité minima de la suerte, "El Pana" offre sa poitrine et ne dévie pas d'un millimètre l'harmonie du geste et ce jusqu'à sa fin. Sous un autre angle on voit bien comment "El Pana" conserve le buste droit alors que le toro donne la sensation qu'il est sur le point de l'emporter au passage.
(Image issue de la video de Poetauro – Video Arte Taurino sur Youtube "El Pana a lo grande")" href="https://toreoyarte.com/glossaire/tlaxcalteca/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">Tlaxcalteca, inventée par EL PANA:
"EL PANA est un torero qui prend le risque considérable de se faire remarquer avant de devoir démontrer ce dont il est capable. S'il n'était pas en mesure d'assumer son originalité, il serait "chulo" ou bouffon. Ce n'est, en réalité, pas du tout le cas. Même s'il lui arrive d'avoir, comme tout torero, de mauvais jours et parfois de très mauvais, il est aussi capable de moments d'incroyable sincérité, au-delà de ce que nous exigeons habituellement des membres de la profession. EL PANA nous fait offrande de ces moments et il est de notre devoir d'Aficionado de les valoriser à leur juste niveau."
Le 1 Mai 2016 Rodolfo Rodriguez a toréé dans une corrida mixte à Ciudad Lerdo (Durango). Lui et le novillero Jesus Sotomayor ont estoqué des toros et novillos de Guanamé. Lors du combat de son premier adversaire EL PANA a été sévèrement bousculé par son adversaire en donnant un Passe de muleta pouvant être réalisée soit avec la main droite, soit avec la main gauche habituellement en guise d'adorno ou de remate d'une série (main gauche) et parfois en ouverture de série (main droite). Cette passe a été immortalisée dans un style très personnel par Juan Belmonte (1892-1962).
Lorsque le toro arrive à hauteur de la ceinture, à mi-passe, le torero effectue une rotation sur lui-même en sens inverse de la trajectoire de l’animal, s’enroulant dans la muleta. Selon le style du torero et la position des bras, le molinete peut être confondu ou assimilé au kikiriki.
Molinete belmontino por Juan Belmonte
Molinete belmontino por Morante de la Puebla
Le molinete s'exécute aussi à genoux. C' est une suerte créée par le torero mexicain Fermín Espinosa « Armillita Chico » (1911-1978). Pour cette passe, lorsque le toro entre en jurisdicción, tête dans la muleta, le torero met ses genoux en terre et vire sur lui-même, enroulé dans la muleta. C’est une fioriture qui requiert néanmoins du tempo pour ajuster le mouvement du corps du torero au passage du toro déjà « embarqué » dans la muleta.
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/molinete/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">molinete.
https://vimeo.com/165198962
Cette voltereta l'a laissé inconscient pendant de longs instants. Ayant repris ses esprits il est revenu en piste pour estoquer sont toro dont il obtint les deux oreilles sur demande insistante du public. La perte de conscience est toujours un symptôme qui conduit à une attention médicale poussée pour en vérifier la cause et les conséquences. Alors qu'EL PANA toréait dans une Arène de notoriété limitée et malgré ses facultés affectées tant par l'accrochage que par son age, il choisit de rester en piste et de combattre son second adversaire. Nous avons tous admirés en d'autre moments une telle attitude chez d'autres toreros. Il s'agit d'un acte de courage et de sens des responsabilités qui à la vue de l'accident qui est arrivé ensuite pose des questions. Comme le savent les taurinos, en tauromachie, le critère qui prends le dessus, lors d'une voltereta, est celui du comportement du torero. Les compagnons évaluent rapidement les réactions ses réactions, ses symptômes et son comportement soit pour le laisser poursuivre son combat, soit pour le retirer à l’infirmerie. En l’occurrence après le premier percance le consensus a été qu'il convenait de laisser poursuivre EL PANA.
Je ne connais pas les circonstances de la décision collective de le laisser continuer , mais ce que je sais c'est que son aura et son pundonor auront fait la différence, convainquant son entourage. Certains commentateurs ont jugés utile de se référer rapidement aux supposés besoins financiers du , professionnels et aficionados s'adressent à eux comme: Maestro!" href="https://toreoyarte.com/glossaire/maestro/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">Maestro qui l'auraient conduit à rallonger une carrière au delà du raisonnable. D'autres ont mis en avant le peu de facultés physiques d'un torero dans une étape avancée de sa carrière dont ils jugent qu'elle aurait du prendre fin il y a longtemps. La vérité est que, partout ou il se produisait, un public enthousiaste avait plaisir à voir EL PANA et lui vivait en Articles liés:
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/matador/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">Matador de Toros à chaque instant de sa vie, avec une originalité unique et un pundonor indiscutable.
La voltereta qui a conduit au terrible accident est d'une impertinence consternante. Des coups de cornes EL PANA en a reçus en toréant. Là c'est à la fois un extraño et une limitation physique, combinaison de l' âge et des effets de la première voltereta, qui sont à mettre en cause. En ce qui concerne l'âge, je me souviens d'avoir suivi avec beaucoup d'intérêt les fins de carrières de Curro Romero, de Rafael de Paula, d'Antoñete, de Manolo Vazquez qui ont connus, dans cette dernière ligne droite, des moments importants, tout comme EL PANA lors de sa première Articles liés:
" href="https://toreoyarte.com/glossaire/despedida/" target="_blank" data-mobile-support="0" data-gt-translate-attributes='[{"attribute":"data-cmtooltip", "format":"html"}]' tabindex="0" role="link">despedida de la Mexico en 2007.
https://www.youtube.com/watch?v=-DDz9wc_WJ0
En ce qui concerne les effets de la première voltereta, la décision du torero est comme toutes celles de toreros, dans la même situation, une question très personnelle où se mèlent le rationnel et l'irrationnel, le courage et la peur, le pundonor et la nécessité, sans que le commun des mortels ne soit en mesure de comprendre ce qui se passe dans l'esprit d'un torero à cet instant. Vouloir le juger avec les mêmes critères que les événements de la vie courante est un non sens. Il faut donc respecter les décisions graves des toreros et rester humble et respectueux face à leurs conséquences.
Si EL PANA reste tétraplégique à la suite de ce percance, ce que semblent indiquer les médecins, sa vie sera l'antithèse de ce qu'il a toujours été. Sa souffrance la même que toutes les victimes de ce type d'accident terrible. Il restera pour toujours, et selon ses propres mots, un homme qui a choisit d'être un illuminé génial plutôt qu'un être sensé et médiocre. Nous ne verrons plus jamais toréer EL PANA. La tauromachie conservera pour l'éternité la trace du son passage dans les
ruedos en Torero génial. Pour ceux qui surent comprendre cette originalité, ils ne regarderont plus jamais le toreo de la même manière. Mes pensées vont maintenant à l'homme Rodolfo Rodriguez.
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