Les toros de Victoriano del Río - Toros de Cortés, de présentations inégales, ont donné des combats contrastés. Le second et le quatrième permettaient le triomphe, ce dont leurs toreros profitèrent partiellement. Le toro de la corrida étant le quatrième pour son moteur et sa bravoure.
Le picador Salvador Nuñez se retirait aujourd’hui et fut honoré par la musique lors de sa dernière pique, l’ovation de la Maestranza et le brindis de son matador Pablo Aguado au sixième. David de Miranda a donné un quite miraculeux à son banderillero Cándido Ruiz qui venait de trébucher et de tomber devant le toro. Francisco-Javier Sánchez Araujo, quant à lui, passa à l’infirmerie après avoir été perdu pied à la sortie de sa paire de banderille au 6ème, volteado et repris à terre.
Journée splendide à Séville en attente de la tempête "Gabrielle" dimanche.
Le premier de Juan Ortega est fin, maigre du train arrière, anovillado, cornidelantero et faible. Il trébuche dans la cape du matador. L’épreuve du fer est menée avec parcimonie. Le public proteste la faiblesse do bicho et la lidia se poursuit. L’animal soutient le second tiers avec légèreté. Ortega débute son trasteo par un toreo por alto, série qu’il termine por bajo de manière inopportune. Les deux séries gauchères sont données al hilo avec accrochage de muleta. Revenu à droite, Ortega ne trouve pas plus le rythme du toro qui a assez de force pour ne pas fléchir. Entière desprendida. Silence.
Le quatrième, de Victoriano del Río, armé large, charge à contretemps la cape de Juan Ortega, ne permettant qu’une véronique maison parmi celles proposées. La rencontre au cheval est brève et c’est dans le quite par véroniques por dentro que le matador fait rugir les tendidos, particulièrement dans le dernier lance et la demie-véronique finale. La seconde pique est plus longue et appuyée, le toro poussant avec détermination. David de Miranda réalise un quite par cordobinas dont une en redondo, et remate en larga. Le brindis au public est interrompu par la charge du toro et Ortega solutionne cette attaque par une série fort esthétique. Dans la suivante, des deux mains, sur jambe fléchie, toute la tauromachie du torero s’exprime. Dans les derechazos, le toro s’exprime autant que le matador qui réalise des séries d’une profondeur rare, bien placé, en se passant le toro au ras de la taleguilla. À gauche, la position al hilo n’obtient pas le même résultat, ce qui explique le retour à droite pour un dernier passage de derechazos enchaînés au rythme de l’embestida du toro brave. Quelques ayudados culminent dans un cambio de mano somptueux. Entière caída en entrant droit. Oreille accordée et pétition partielle de la seconde.
David de Miranda affronte un premier de Toros de Cortés étroit de cornes qui charge avec entrain les véroniques appuyées du torero. L’animal subit deux picotazos sans bouger le cheval. Quite a más par chicuelinas de Pablo Aguado, avec une particulièrement profonde et une demie sans fin. David de Miranda répond par saltilleras terminées par revolera dans un quite électrique mais exposé. Brindis au public. La première tanda est par ayudados por alto avec un genou à terre. À droite, la charge manque de final et le torero de temple. À gauche, le matador est averti après avoir décollé le bras du corps. Le trasteo prend forme à partir de ce moment, d’abord à gauche et surtout à droite en terrain rapproché, en arrimón. Les naturelles pieds joints, de trois quarts, confirment l’engagement du torero de Huelva, comme dans la série droitière suivante dans le même esprit. La faena se termine par des luquesinas, l’ensemble face à une charge restée courte, sans humilier durant toute la faena. Les bernadinas et ortinas culminent dans les remates par un pase de las flores lent et "templé". Une épée défectueuse, caída et tendida. Oreille.
Le cinquième, de Toros de Cortés, charge avec les pattes en avant dans la cape de de Miranda. Le toro pousse de más a menos lors de la première pique. Il donne quelques coups de tête, sans plus, au second passage. La charge du toro est vive au second tiers et il poursuit les banderilleros vers les planches. Le début de faena por alto est marqué par l’aguante du torero. À l’extérieur de la trajectoire et tirant la charge avec la pointe de la muleta, David de Miranda enchaîne à droite deux fois. Sur la corne gauche, il tire des naturelles sans véritablement dominer, mais avec au moins la vertu de aguantar le calamocheo et les parones. Le final droitier dans les cornes donne l’illusion du dominio face à un adversaire qui ne déborde pas de classe. Manoletinas en perdant la muleta. Entière efficace. Ovation.
Le premier de Pablo Aguado se rompt une corne en un derrote contre un burladero. Sort un sobrero, burraco, de Victoriano del Río de 606 kg. Sa charge est vive et déterminée dans la cape du Sévillan dont les véroniques, en gagnant du terrain, culminent dans une demie "templée". Au cheval, il s’emploie de más a menos une première fois puis rechigne en deux occasions, sortant seul. La faena est lancée par tanteo vers le centre avec remate personnel par molinete et passe de poitrine. Les deux séries de derechazos dessinés al hilo manquent de temple et le toro ne facilite point l’ouvrage par son calamocheo. À gauche, le bicho ne propose rien de mieux et le torero, avec application, exécute un trasteo passe par passe. Le dernier passage droitier est réalisé avec torería, faute de dominio. Epée habile alors que le toro garde la tête relevée. Saluts.
Le dernier, de Victoriano del Río, est bas, rond et acucharado. Pablo Aguado dessine des véroniques lentes, dont deux somptueuses par leur lenteur et leur temple. Le toro ne brille pas particulièrement sous le fer. Quite d’Ortega par tafalleras et cordobinas. Brindis à son picador Salvador Muñoz. Les premiers muletazos sont un tanteo élégant avec temple et art. Les derechazos mélangent le toreo par le bas et les esquives face aux extraños du toro. Les naturelles sont réalisées une par une et le toro est tardo, la dernière supérieure avec un remate par molinete en marchant. Dans les cites à droite, le toro ne se retourne pas complètement et le torero doit chercher l’axe. Un dernier passage vers les planches est plus esthétique et dominateur. Une bonne série par ayudados por alto, pase del desprecio et trincherilla précède un pinchazo suivi d’une estocade entière trasera. Ovation.
René Arneodau