On pourrait se lancer dans la récapitulation de cette corrida et continuer à déplorer le comportement des toros de Alcurrucén et de El Cortijillo (1er et 2ème), autre fer de la famille Lozano et de même encaste Carlos Nuñez, et le peu d’options ofertes aux matadors pour triompher sinon leur assurer le moindre succès. David Galván remplaçait José María Manzanares, malade, qui devait être le parrain d’alternative de Victor Hernández, Daniel Luque étant le matador le plus ancien pour remplir cette fonction. Tous les toros, sans exceptions, montraient dès leur sortie des toriles les signes avant-coureurs de leur mansedumbre: tout d’abord abantos, reconnaissant les lieux c’est-à.dire en parcourant la piste, leur nouveau territoire, pour ensuite révéler leur véritable caractère de mansos en refusant les capes qui leur furent présentées, fuyant. Lors de la suerte de varas piques ils répugnaient à charger ou sortaient sueltos de la piqûre. Enfin, tout l’inventaire des caractéristiqes dont furent porteurs les toros de la soirée. Des poids, que certains ne jugent pas conformes à leur attente et “expertise” – les 4ème et 6ème de 597 et 580 kg. respectivement – et qui réclament des armures démesurées qui souvent “cachent “ le reste du physique des toros. C’est donc dans ces circonstances et ambiance que se déroulait la corrida avec en prime le vent qui se levait à moitié spectacle.
Victor Hernández, Madrilène de Los Santos de la Humosa, bien connu à Las Ventas durant son étape de novillero – il sortait a hombros, le jour de sa présentation le 27 mars 2022 – et de récente alternative à Alcalá de Henares qu’il confirmait, donc, aujourd’hui des mains de Daniel Luque. Dès les premiers capotazos, la forme de se déplacer du premier de El Cortijillo, on devinait une faiblesse qui allait s’aggravant du train arrière, s’affaissant après la première paire de banderilles plantées par “Jarocho”. Mouchoir vert. Le sobrero de Juan Manuel Criado de 547 kg et cinqueño, après un passage quelconque dans la cape de Victor Hernández créait un épisode de grande émotion lors de la première pique. Après une fort démarrage et forte poussée, ce toro provoquait une chute à découvert du picador coincé sous le cheval, “Jarocho” au quite était mis en danger et c’est Juan Carlos Rey qui, a cuerpo limpio, dans un autre quite éloignait le toro. Ovation. “Jarocho”, de nouveau avec les banderilles, se mettait en évidence et après la cérémonie de confirmation d’alternative - enfin! – la faena pouvait commencer. Le toro doutait, grattant le sol mais ensuite il produisait une charge qui s’ouvrait après chaque passe de la droite et permettait la répétition et ligazón. Sérieux, le toricantano, dans des séries de la droite avant des naturelles bien dessinées et la passe de poitrine. L’ultime série de natuelles et cite pieds joints étaient de trop car le toro s’arrêtait. À l’épée, un pinchazo en hueso précédait une demi-estocade tendida et un peu tombée. Un avis. Le 6ème, comme ses congéneres, se dirigeait vers les portes du toril, possédait des courses et charges vives, même violentes avec un choc brutal avec le cheval sous les piques bien soutenues par Juan Melgar. Après le brindis au public, Victor Hernández se plaçait pour un cambio por la espalda réussi mais répété, à contra-querencia, avec de surcroît le vent qui soulevait la muleta! La suite de faena se déroulait entre les sautes de vent et les charges à mi-hauteur d’un toro qui peu à peu tirait vers les tablas. Victor Hernández restait ferme malgré ces conditions contraires et tuait… d’un estoconazo, un grand coup d’épée, un des meilleurs de la feria.
Daniel Luque n’eut pas de chance avec ses deux opposants bien qu’avec son premier, armures imposantes, qui sautait en se freinant dans la cape, il pouvait à la muleta montrer son assurance et technique pour calmer ce toro incommode. Des derechazos, muleta basse, cites à la juste distance et des naturelles desquelles le toro sortait la tête en l’air, toute la démonstration d’un savoir-faire d’un torero sûr le lui et de ses capacités. Par un magnifique changement de main et deux circulares inversés qui maintenaient, sur le retour, le toro collé à sa taleguilla, Daniel Luque étalait une nouvelle facette de son talent. Demi-estocade tendida efficace. Le 4ème, manso, sans entrega, insipide dans ses charges molles, ne permettait rien de notable d’autant plus qu'il se dirigeait ostensiblement vers le toril! Estocade trasera, atravesada.
David Galván touchait un toro, suelto, qui divaguait dans tous les sens avant de lui servir des capotazos - sauts dans la cape – et qui traînait ses pattes arrières dans ses charges. Après son passage remarqué du 22 mai, le torero de San Fernando (Cadix) rééditait son toreo gracieux, pinturero, excellant dans les remates, naturelles “évanouies”, passes de la firma ou del desprecio sans montrer le plus important: une bonne position dans les passes fondamentales, toréant à distance parfois. Les doblones du début et fin de faena faisaient merveille avec mando et esthétique approuvés par le public qui demandait l’oreille après un trois-quarts de lame d’effet presque immédiat. Succès réduit à la vuelta... Le 5ème, fortement piqué, coups de tête dans le peto et estribo, était magnifiquement toréé par Juan Carlos Rey pour le retenir dans la cape et le préparer pour la faena de David Galván qui se limitait à deux séries de la droite et de la gauche du goût du public. Un avis sonnait entre deux pinchazos et le toro, sans recours et force, s’affaissait.
Daniel Luque: saluts, silence. David Galván: un avis et vuelta; un avis et silence. Victor Hernández: un avis et saluts aux deux. Juan Carlos Rey de la cuadrilla occasionnelle de David Galván, était crédité d’une magnifique actuación, quite, brega et banderilles. Juan Melgar picador et Roberto Martín “Jarocho”, tous deux de la cuadrilla de Victor Hernández recevaient l’ovation du public. Chaleur et vent . 21.016 spectateurs. |
Georges Marcillac