Madrid 25 mai 2023 – 14ème de Feria – Andrés Roca Rey attire les foules mais aussi les foudres du public. Mélanges de toros et de toreo.

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En cette troisième semaine de feria, trois affiches vont sans doute concentrer le máximum de spectateurs et ces corridas se célèbreront à guichets fermés. La première annonçait trois figuras actuelles, José María Manzanares, Emilio de Justo et Andrés Roca Rey qui, à lui seul, remplit les arènes. Ils devaient affronter un coktail de toros provenant de trois ganaderías d’une même famille – les Fraile de Salamanque – La Ventana del Puerto (3ème, 4ème et 6ème), Puerto de San Lorenzo (2ème et 5ème) et Valdefresno (6ème), les trois premiers étant d’origine Aldeanueva et les trois autres de Atanasio Fernández/Lisardo Sánchez. Le tirage au sort - sorteo – destinait à Andrés Roca Rey deux toros de moindre poids (535 et 532 kg.) donc de présentation peu du goût d’un secteur du public qui ne cessait d’invectiver l’as péruvien qui aujourd’hui allait passer un mauvais moment. Etant actuellement le leader de la torería actuelle, les yeux sont posés sur lui et à Madrid il était, aujourd’hui, victime d’un bullying verbal et bruyant! Cela provoquait une ambiance plus que désagréable. José María Manzanares, habituellement tête de turc de ce même secteur, s’en tirait bien et Emilio de Justo, torero modeste élevé à figura, bénéficiait au contraire d’une bienveillance ambigue. Dans l’ensemble cette corrida ne laissera pas de souvenir impérissable.

José María Manzanares recevait le seul toro de Valdefresno, montado, veleto, negro salpicado, de bon aspect, par des véroniques et la demie qu’il “templait” à faveur d’une belle charge. La première pique était prise al relance et la seconde écourtée. Après cela la tentative de quite d’Emilio de Justo montrait des carences de déplacement de ce toro qui fléchissait principalement du train arrière. Malgré ces difficultés, ce toro exhibait de qualités de charge presque exceptionnelles et JMM, par son talent, le maintenait sur pattes. La faena se déroulait, évidemment sous les invectives des “entendus”. Il tuait en deux temps d’une bonne estocade. Le 4ème se caractérisait d’un bon tranco malgré son poids - 586 kg. - , mais n’était pas fixé. Paco María piquait bien, les deux fois, et El Algabeño plantait deux bonnes paires de banderilles. Après cela, le toro, vidé, mirón, terminait avisé des deux cornes. Il n’y avait plus de faena. L’estocade était portée habilement au deuxième essai en allongeant le bras et prenant la tangente…

 la sortie de la première pique le premier d’ Emilio de Justo fléchissait des pattes avant et aussitòt après la seconde, très dosée, le président montrait le mouchoir vert et apparaissait le sobrero de El Vellosino (encaste Domecq) qui donnait des signes de mansedumbre cherchant les terrains déserts (de naide comme le disent les taurins…andalous) et allant directement au cheval pour un léger châtiment. Distrait, sans attention aux cites des banderilleros, il sortait de la muleta d’Emilo de Justo en début de faena. Deux séries de la droite, étaient le résultat d’un effort louable, effort poursuivi inutilement à gauche à un toro qui se désintéressait de la muleta, sortait des passes la tête en l’air … qui n’intéressaient plus personne. Un pinchazo et une estocade basse mettaient fin à l’ennui généralisé. Au 5ème, tout changeait avec un toro du Puerto San Lorenzo de nom “Cigarro” nº 15 qui possédait une belle charge pour accompagner les véroniques de réception d’Emilio de Justo. Dans un galleo, il mettait en suerte le toro pour des piques ordinaires. Morenito d’Arles saluait pour sa pose des banderilles et la faena commençait par des doblones suivis de derechazos bien rythmés, jambe contraire semi-fléchie. Ensuite venaient des séries de la droite et de la gauche, ces dernières moins réussies. On en notait une, de derechazos, plus compacte terminée par la pase de poitrine rectiligne et longue. Le cite et l’accompagnement des passes à la voix, ajouté à une attitude forcée et souvent toréant à distance - euphémisme, car un cri de ¡pico! jaillissait d’un tendido– dévaluaient la bonne volonté et l’esthétique du trasteo d’Emilio de Justo sans qu’il en soit récriminé… par les hurleurs habituels. Cetre faena fêtée par le public en général concluait par un pinchazo et une estocade entière desprendida. La pétition d’oreille n’était pas suivie par le président.

                                     

Andrés Roca Rey toréait le 3ème sous les invectives car ce toro de trapío réduit n’était pas du goût de certains. Il sortait de la cape les pattes avant en l’air, mettait les reins sous la première pique. Il recevait un picotazo à la seconde. La faena commençait par des passes hautes, pieds rivés au sol, un molinete et la pase de poitrine. Bonne entame sous les ¡miau! ¡miau! des mêmes exaltés du haut du T7. Les passes se succédaient des deux mains et le temple s’accordait aux charges du toro. Meilleurs les passages à droite, moins bien à gauche confirmé par deux passes circulaires inversées qui échouaient et faisaient baisser le niveau de cette faena. Sur le point de rajarse, le toro était néanmoins gardé efficacement dans la muleta. Des bernadinas bougées mais serrées apportaient de l’émotion et l’enthousiasme du public debout, avant un pinchazo et une estocade desprendida. Au dernier, dans la même ambiance et mêmes apostrophes, devant un toro sans hechuras mais fortement armé, ARR allait montrer combien fonctionne sa tête, toréant. Dans le deux premières series, à droite, le toro passait bien dans les passes pa’ dentro mais se serrait dans celles pa’fuera (passage du toro entre torero et tablas, passage du toro entre torero et centre du ruedo). Solution: ARR dirigeait ses passes radialement et le défaut du toro disparaissait! Modifiant ainsi les “repères du toro. Sur la fin, le toro “humiliait” mais aussi s’arrêtait. Deux circulaires inversées en deux temps – le toro n’avançait plus – provoquaient des sifflets! Estocade légèrement de côté.

José María Manzanares: saluts; silence. Emilio de Justo: silence; un avis et ovation. Andrés Roca Rey: un avis et applaudissements; silence. Morenito de Arles et Manuel Pérez Valcarce de la cuadrilla d’Emilio de Justo saluaient aux banderilles au 5ème. Lleno de no-hay-billetes. 22.964 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

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