Le succès d’ Andrés Roca Rey, aujourd’hui, est incontestable, la entrega du jeune Péruvien et l’enthousiasme facile du public de Valence y sont pour quelque chose. Comme la veille, il est le seul matador du moment à attirer toutes sortes d’aficionados et de remplir les arènes. Sa forte personalité et sa manière de capter l’attention dès les premières mesures de ses faenas sont sans doute la clé de ses succès bien que ces derniers temps son étoile avait quelque peu pali. Enfin, son passage à Valence, première grande feria de la saison, fera date et marquera ses prochaines parutions à Séville et Madrid. Première figure actuelle, il faut néanmoins reconnaître qu’il ne fait pas l’unanimité parmi les aficionados: d’aucuns lui reprochent une certaine vulgarité, d’autres sa superficialité… et la majorité vont aux arènes pour assister aux exploits d’un torero différent.
Les toros, cinq de Jandilla, un de Vegahermosa, de poids allant de 510 à 564 kg, ne furent pas des monstres comme on peu l’imaginer et, seul Leguleyo, aidait au succès du héros du jour.
En analysant la prestation de ce jour, on observera deux facettes du toreo d'Andrés Roca Rey: son engagement, sa volonté et aussi sa technique pour venir à bout du 6ème , par exemple, sa facilité, sa fougue face à son premier de nom “Leguleyo” nº 67, 530kg, castaño, né en décembre 2019, dont il tirait parti formidablement. Ce toro était primé de la vuelta al ruedo alors qu’ètait demandé, avec insistance, l’indulto – la grâce – qu’à juste titre le président n’accordait pas. La décisión était difficile, mais cela aurait d’une certaine manière entaché la réputation de la plaza de Valence ou créé un facheux prédédant. Les qualités de ce toro étaient indéniables mais… il n’avait pas été piqué selon le test, inattaquable, de bravoure aux piques règlementaires; il n’avait pratiquement pas poussé sous le fer et la pique était immédiatement levée, une piqûre seulement à la deuxième rencontre. Qu’à cela ne tienne, c’est volontairement que les picadors d’ARR n’appuient pas le châtiment à ses toros car leur chef, habituellement, les préfèrant “crus” pour exploiter au maximum leurs vertus, si elles existent. Le dit Leguleyo mettait bien la tête dans la cape mais s’en échappait aussitôt pour être bien fixé, ensuite, par une bonne série de véroniques au centre du ruedo, ARR accompagnait de la ceinture le mouvement des bras, et revolera. Après l’intermède des piques? et des banderilles, la faena débutait, à genoux, par le classique cambio por la espalda, doublé, la passe de poitrine intercalée et, debout, un autre pase de pecho. ARR corrigeait sa position entre les derechazos, longs. et les naturelles, “citées” à bonne distance étaient plus serrées. Un farol pour une nouvelle série à gauche, le buste courbé, les passes de la droite s’étiraient dans un temple rapide et pase de la firma. Le toro “humiliait” et la muleta balayait le sable. Le sommet de la faena était atteint par des passes circulaires inversées, changement de main et naturelle en tour complet et passe de poitrine, le tout sans répit, ni pour le toro, ni pour le public qui hurlait et qui commençait à agiter les mouchoirs, premiers signes pour demander l’indulto. ARR faisait mine de monter l’épée jusqu’au moment où le président faisait sonner un avis. Il n’y avait d’autre issue que de tuer le brave jandilla. La demi-estocade n’avait pas d’effet immédiat et le toro, au pas, allait s’écrouler au centre de la piste… en direction du toril… Deux oreilles et mouchoir bleu pour la vuelta al ruedo de Leguleyo. ARR allait accueillir le 6ème a puerta gayola, ratée. Il pouvait fixer le toro seulement au delà des lignes par des chicuelinas sèches et serrées. Ce toro se déplaçait sans retenue - mansedumbre – et surprenait le picador de service qui lui plaçait deux picotazos arrière pour une sortie suelto. “El Soro” jouait sa diana floreada pour une faena qui ne valait que par l’effort de faire passer le toro de charge désordonnée avec tendance vers les tablas. ARR le toréait dans tous les sens forçant les charges pour finir par des luquecinas… (signe de réconciliation avec Daniel Luque??) Public debout en délire. Une demi-estocade qui suffiisait et une nouvelle oreille était accordée.
Que dire après cela? José María Manzanares coupait une oreille au premier de Jandilla – et pétition de la deuxième! – pour une faena standard durant laquelle il avait abusé des passes en redondo de la droite terminée par la passe de poitrine, presque à tour complet, où il excelle. Rien à gauche, le toro s’étant collé en deux tentatives de naturelles. Des séries de la droite, donc, des charges descompuestas du toro et tendance à sortir de la suerte. Estocade contraire. Petite faena célébrée comme un monument. Un oreille seulement. Le 4ème, de Vegahermosa, le plus lourd du lot, se ressentait d’une pique sur laquelle s’était exité le picador. A la muleta JMM s’évertuait à toréer en rond pour le grand plaisir du public, après quelques derechazos liés, le toro fléchissait des pattes avant et ne passait pas à gauche. Autre tentative et il prenait l’épée de muerte pour une estocade à la course après un pinchazo.
Alejandro Talavante recevait le 2ème par trois faroles invertidos peu communs, enchainait vers le centre du ruedo par des véroniques et une larga de remate. Le toro avait un bon galop et poussait des reins sous la première pique, la seconde seulement simulée…. Après un quite de ARR par chicuelinas et tafalleras intercalées, le tout quelconque, le toro conservait une bonne tonalité de course. Changement après le tercio de banderilles, la faena débutait par des statuaires et desplante devant le toro arrêté! Le toro ne chargeait plus des deux côtés. Plus rien. Estocade exécutée avec facilité, un peu contraire. Le 5ème, d’aspect bovin, sortait des capes et cherchait les barrières. Il allait presque al relance au cheval, peu piqué à la première rencontre, il sortait suelto de la deuxième. Les charges, plutôt des sauts dans la muleta, rebrincando, ne menaient à rien. Un pinchazo et l’épée volait haut… gañafón terrible du toro. L’épée tombait finalement caída. Un descabello.
José María Manzanares: une oreille; silence. Alejandro Talavante: silence aux deux. Andrés Roca Rey: deux oreilles après un avis; un oreille. Bien sans plus les cuadrillas d’Alejandro Talavante et Manzanares. Andrés Roca Rey sortait a hombros par la Grande Porte de la calle de Játiva, porté jusqu’à son hotel par les costaleros de service qui se relayaient… Un peu de brise fraîche à la tombée de la nuit. No-hay-billetes. |
Georges Marcillac
Photos: mundotoro.com