Séville 28 avril 2023 – 12ème de Feria – Andrés Roca Rey confirme sa suprématie face à la mansada de Victoriano del Río.

Le Nº 1 de la torería actuelle, après sa Puerta del Príncipe d’il y a une semaine, confirmait son leadership en coupant une oreille à chacun de ses toros.  Cette récompense, méritée, était le résultat de deux faenas à deux toros qui manifestaient une mansedumbre que bien peu de toreros actuels auraient été capables de gérer comme le fit Andrés Roca Rey. Un nouveau no-hay-billetes était enregistré pour un cartel attractif qui réunissait Sébastien Castella, de retour à Sevilla après sa retraite de plus de deux ans, Juan Ortega, enfant de Triana, et Andrés Roca Rey qui, malgré sa jeunesse, asume en vrai professionnel sa responsabilité de vedette, remplit les arènes et se dépense sans compter

Victoriano de Río, avait sélectionné pour la Maestranza, six toros des deux fers de son élevage, les uns à son nom, sortis 1er, 2ème et 6ème, et les trois autres de la devise de Toros de Cortés. Des toros bien présentés dans l’ensemble, des robes variées, des poids de 556 kg de moyenne dont deux seulement avaient quatre ans (3ème et 4ème). Produits réputés qui aujourd’hui décevaient leur propriétaire, les spectateurs et sans doute les toreros qui ne pouvaient faire grand chose face à des opposants qui à des degrés divers exhibaient une mansedumbre ou vraiment peu de race. Seul Andrés Roca Rey se tirait d’affaire!

Aucun jeu de cape n’était posible pour la réception de ses deux toros et ARR devait lui-même aller les chercher au centre du ruedo où ils s’étaient fixés, rechignant tout cite des hommes de la cuadrilla. Le tercio de piques révélait leur mansedumbre, l’un allant au cheval du picador suppléant, l’autre fonçant sur la cavalerie chargeant en défensive. Les picadors aux ordres du matador piquaient… peu. ARR montrait sa détermination dans deux faenas entamées sans aucun tanteo. Il réduisait rapidement le 3ème qui avait tendance à s’échapper de la muleta. Il l’obligeait à charger en liant les passes, restant fixe sur ses appuis, guidant la muleta par le bas. Il réussissait un molinete dans une position totalement défaussée, liée à la passe de poitrine. Impressionnant! Suivaient une série de naturelles et une passe circulaire inversée. Le toro capitulait ayant été dominé - podido  et rajado. Une estocade un peu arrière était suffisante. Pétition d’oreille, accordée. Le 6ème, un toro burraco était reçu par des statuaires dans le tercio suivies de passes par le bas et remate regardant le public. C’est dire la confiance et assurance avec laquelle il avait entrepris la faena.  Le toro, violent, était dès lors à la merci d’ARR qui, au fil de la faena, l’obligeait à charger malgré ses arrêts entre chaque passe. La dernière série au contraire était un enchaînement de passes exprimant la totale domination du toro, l’ayant rendu meilleur qu’il n’était… La musique qui s’était tue jusqu’à présent, entamait un pasodoble et, dans un geste de la main, ARR lui imposait le silence jugeant qu’il ne méritait pas cet égard. Il poursuivait sa “besogne” et le public debout applaudissait à tout rompre une série de passes en va-et-vient sans bouger d’un millimètre au passage de la masse des 564 kg. du burraco. L’épée tombait un peu contraire et delantera mais efficace. Un descabello et très forte demande de l’oreille qui était accordée.

                      

Sébastien Castella, tout de blanc vêtu, mettait du temps à fixer le premier victoriano-del-río, au centre du ruedo avant les piques – une piqûre et simulacre – et fuite du toro qui parcourt toute la surface de l’arène en manso qu’il est. Durant la faena, notre compatriote profitait de la noblesse du toro, principalement sur la droite jusqu’à ce que celui-ci se désintéressait de la muleta. Une dernière série, pieds joint, le toro bien conduit, permettait le cadrage pour une estocade arrière.  Le 4ème protestait dans la muleta dès le début de la faena. La suite s’avérait très inégale par le comportement du toro qui sautillait dans les passes pour finalement s’arrêter. Des passes par le bas avant d’entrer a matar pour un pinchazo et une estocade contraire et trasera.

Juan Ortega est un torero fin, qui imprime lenteur et élégance dans toutes ses interventions tant à la cape qu’à la muleta. A contre-style, donc, le 2ème avançait bronco et rebrincado. Juan se repositionnait pour lier les passes. Une série mieux réunie, de la droite, était le “sommet” de cette faena presqu’impossible… Le toro s’arrêtait. Un macheteo élégant précédait deux pinchazos et une estocade entière bien placée… Le 5ème donnait quelque espoir dans ses passage dans la brega de Jorge Fuentes, homme de confiance de Juan, mais les premières charges dans la muleta disparaissaient au cours d’un trasteo qui peu à peu se déroulait près des tablas. Le début de faena, par des doblones, “templés” et la passe de poitrine furent un régal.  Une bonne série de derechazos, courts, liés, traduisait la qualité du torero, qualité dont le toro était déourvu. Celui-ci terminait, rajado, longeant les planches jusqu’à la porte du toril! Mise à mort laborieuse, sans pouvoir cadrer le toro: une demi-estocade, tendida, une entière en bajonazo.

Sébastien Castella: saluts; silence. Juan Ortega: silence; un avis et silence. Andrés Roca Rey: un oreille aux deux. Des cuadrillas, se distinguaient José Chacón et Rafael Viotti de celle de Castella, et Antonio Chacón de celle de Roca Rey, tous aux banderilles et à la brega.

Georges Marcillac

Photos: Empresa Pagés

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