Le lot de Garcigrande, après une valse de corrales, est quasiment remplacé par un lot de Domingo Hernández, sauf le sixième. Le lot fut disparate de présentation avec un exemplaire indigne de Séville, le premier, et des cornes plus que suspectes comme la majorité des toros combattus durant la feria (et tout au long de la temporada). Les fameuses fundas qu’on nous a vendues comme garantie d’intégrité des "astas", sont devenues l’alibi pour les manipuler.
Alejandro Talavante n’est pas encore revenu à son meilleur niveau, mais il montre des signes de vouloir et pouvoir y parvenir.
Le premier de Julián López "El Juli" a peu de trapío, il est même très terciado. Le maestro est facile avec la percale, dessine entre autre une véronique superbe de rythme et lenteur, pour démontrer que le bicho "humilie" avec classe. L’animal exhibe des signes de faiblesse sous le fer et est piqué en conséquence. Chicuelinas minimalistes , mains basses de Talavante. El Juli passe un long moment pour essayer à la fois de maintenir le bicho debout et de lier les derechazos avec une réussite limitée. À gauche, son métier, reconnu, n’arrive pas à solutionner l’équation. Le torito finit par abandonner le combat. "julipie" trasero, caído, perpendiculaire. Silence.
Le quatrième, de Domingo Hernández, est grandón, montado, cornialto et cornicorto. El Juili gère avec efficacité les premières hésitations du toro et lui enseigne à charger. Mal piqué, le toro n’a guère envie de combattre. Distrait au second tiers, il entre dans la muleta bouche ouverte, au pas. Le maestro allonge le bras à gauche pour essayer de donner envie au toro de suivre la muleta. Les efforts sont poursuivis en vain. Autre "julipie" avec épée trasera. Silence. Sifflets au toro.
Alejandro Talavante recoit le second de la corrida sur jambe pliée, puis termine de la même manière en cordobinas et larga afarolada les deux genoux en terre au centre du ruedo. Le toro pousse lors de la première rencontre puis sort immédiatement de la seconde. Tomas Rufo exécute un quite par delantales et demi-véronique. Le début de faena est en ayudados par le haut. La gauche est dominatrice en contrôlant le calamocheo du toro. A droite, Talavante met le bicho dans la muleta, toujours vertical et bien placé. Il termine par arrucina et un cambio de mano sans fin. À ce stade, la charge du toro devient éteinte mais le torero insiste à gauche et apporte une touche de tremendismo en regardant les spectateurs pour maintenir l'intérêt. Pinchazo et estocade entière légèrement arrière et horizontale. Palmas et salut.
Le cinquième permet à Talavante des lances a gusto et lents surtout la dernière véronique. C’est dans la seconde pique que le toro fait mine de combattre en poussant avant de sortir seul comme lors de la première rencontre. Quite poussif de Rufo par chicuelinas et revolera. Brindis au public. Les ayudados por alto avec cambio por la espalda et naturelles sont applaudis par le conclave. Le toro a du mal à suivre les derechazos et se défend à gauche lors des remates. Le torero présente le leurre avec simplicité et efficacité. Il fait jouer la musique après une série droitière et changement de main maitrisé. Il a pris la mesure de son opposant confirmé tant à gauche qu’à droite avec arrucina et nouveau cambio de mano, le tout efficace. Il termine par bernadinas qui font effet sur le public. Entière trasera. Oreille. Applaudissements au toro à l'arrastre pour sa collaboration, malgré son manque de transmission.
Tomás Rufo reçoit son premier par des lances au ralenti que le toro ne suit pas par manque de force. La première pique est prise al relance lorsque sort le cheval en piste. La seconde est simulée. Brindis au public. Les premiers muletazos de tanteo sont suivis par des derechazos et passe de poitrine, somme toute anodins. La tentative à gauche est interrompue par un desarme. Le torero cherche sur les deux cornes la clé d’une faena qui fait une brève apparition à gauche. Le torero finit par enrouler à droite dans une série. La suite laborieuse est éclairée par un cambio de mano. Le public finit par siffler le désintérêt du garcigrande pour le combat et la longueur du trasteo. Entière en place. Applaudissements et salut.
Le dernier de la course, de Garcigrande, se retourne à l’envers dans les passes de cape de Tomás Rufo qui doit se limiter à la brega. Au tercio de piques, le "cite" de Manuel Ruiz Román est exécuté avec torería. La puya, elle, est en arrière et basse. La deuxième permet de voir que le toro s’emploie sans classe. La faena est lancée sur jambe fléchie, de loin, en allongeant le bras. Le toro possède un certain tranco et les derechazos sont plus centrés qu'en début de faena. La seconde série tarde à venir car le torero se fait accrocher la muleta et doute. Un long passage de toques répétés, de muletazos isolés et d’accrochages de muleta ennuient. La faena se résume à peu de choses. Entière trasera et desprendida. Descabello. Silence.
Demain on recommence avec les toros de Domingo Hernández...
René Arneodau