El Juli est reçu par l’ovation de la Maestranza en ce jour de despedida.
Le lot de Gracigrande inégal de présentation et de comportement a déçu public et toreros.
Julian Lopez El Juli ouvre le cartel compte tenu du remplacement de Morante de la Puebla par Sébastien Castella. Son premier adversaire est lourd, ancho de sienes et capacho. Il freine dans la cape électrique du maestro. L’animal pousse sous le fer, puis sort seul par deux fois. Il se défend tête haute au second tiers. Quelques doblones sont conjugués à un toreo droitier en entame de faena. Les attaques à contretemps et les derrotes du Garcigrande mettent El Juli sur la défensive. Le toro, quant à lui veut abandonner. El Juli insiste sans résultat. Pinchazo et demi-lame trasera, caída, atravesada. Plusieurs descabellos. Silence et sifflets au toro.
El Juli décide de recevoir son dernier toro a puerta gayola pour une larga cambiada de rodillas quasiment au centre. Les véroniques qui suivent sont les plus réussies qu’il m’aie été donné de voir du Maestro, depuis longtemps, réalisées avec le vuelo por delante. Du tercio de varas ressort surtout le quite de El Juli par chicuelinas. La troisième paire de banderilles posée par Fernando Sánchez, face à une charge compliquée, lui vaut l’ovation unanime des tendidos. La musique joue dès le début de faena en honneur de El Juli. Ce dernier torée à droite en allongeant la charge qui n’est ni homogène et ni dénuée de complications que le matador maîtrise mieux à gauche. Les derechazos sont exécutés isolément. De nouveau à gauche, le Maître torée de face, croisé, et il construit le meilleur passage de son trasteo. Une série de derechazos terminés derrière la hanche et des naturelles mettent un terme à la faena. "Julipie" avec lame trasera et caida d’effet rapide qui déclenche une pétition d'oreille, accordée, et une pétition moins intense de la seconde. Vuelta chaleureuse et immense ovation d’adieu.
Sebastián Castella auréolé de son triomphe de la veille reçoit un premier exemplaire limite de présentation pour Séville. Il exécute deux lances et s’aperçoit que le toro charge à l’extérieur du leurre. Il en profite pour continuer à genoux, puis debout, en redondos complets et demi-véronique. Il continue de profiter de cette charge pour la mise en suerte, cape tenue du bout des doigts. Le toro quant à lui est piqué au minimum et dans le désordre. Le quite par véroniques et demie de Daniel Luque atteint un sommet de temple et cadence, difficiles de répéter. La réponse de Castella ne pouvant l’imiter, il obtient l’ovation par la variété et son entrega. Rafael Viotti pour ses banderilles et José Chacón pour sa brega saluent montera en main. Brindis à El Juli. La faena démarre aux tercios avec passes por alto et péndulos avec les deux mains. Le toreo en ligne droitier, al hilo, a du mal à profiter de la charge vibrante du Gracigrande. À la troisième série la charge s’estompe. À gauche Castella arrive à maintenir l’attention du toro en multipliant les toques au cours des naturelles. Le public proteste la musique qui s’arrête et le bicho abandonne le combat. Épée trasera et caída. La structure de faena mal choisie a probablement fait perdre une oreille à Castella. Quelques applaudissements au toro et salut du matador.
Ne voulant pas démériter, Castella va, comme El Juli, a puerta gayola pour une larga cambiada de rodillas suivie de véroniques ternies par le manque d’entrega du toro et une certaine distraction. Au cheval, le bicho fait le tour de la monture et termine en poussant au poitrail. Il subit ensuite la seconde pique. Bonne prestation de José Chacón aux banderilles. Castella opte pour le temple et la douceur dans les premiers muletazos pour tenir compte des carences du toro. Le bicho charge en sautillant et avec un calamocheo gênant. Le matador arrive à atténuer les défauts du morlaco à droite et à tirer des charges longues et par le bas. L’ensemble manque d’intensité. L’insistence de Castella n’y change rien et le public s’impatiente. Épée trasera, tendida, caída en passant au large. Silence.
La charge tête haute ou à contretemps du premier de Daniel Luque ne lui permet pas de briller à la cape. Le combat au cheval fait étalage de la médiocrité de tous les acteurs. Le toro met Iván Garcia en difficulté au second tiers et ce dernier, avec pundonor, pose une paire de banderilles de courage, ovationnée par la Maestranza. Brindis à El Juli. Le début de faena de Daniel Luque est magistral de menos a más avec trincheras, trincherillas, cambio de mano et passe de poitrine. Musique. Daniel Luque enroule à droite tout en fermeté et douceur à la fois, avec des remates suaves. La série gauchère est extrêmement engagée en se passant les cornes au fil du costume dans une domination totale. La suite va a menos et Luque reprend l’attention du public par luquesinas. Estoconazo avec épée tombées. Deux oreilles demandées et accordées pour une prestation d’un torero en pleine maturité, dominateur, au toreo pur et artistique à la fois.
Le dernier Garcigrande est bas sur pattes et cornidelantero. Il charge la cape avec distraction en restant vers l’extérieur de l’engaño. Il devient brusque dans les lances de mise en suerte au cheval. Depuis sa sortie en piste, il gratte et renifle le sol. Les deux piques sont prises en manso par le Garcigrande. Au second tiers rien n’indique que cet opposant va permettre faena. Brindis a Paco Ojeda. Le tanteo débouche sur une première série droitière dans laquelle Luque ne doute pas et tire des lignes qui font se déplacer l’opposant. Dans la série suivante l’entrega est supérieure, le public jubile et la musique joue. La troisième série d’abord en ligne, se termine en courbes dominatrices. À gauche, Luque allonge des passes isolées, alors que le toro proteste dans d’autres. Une dernière série droitière confirme que le torero a été supérieur à son adversaire. Entière trasera et desprendida portée au milieu de l’arène. Un forte pétition d’oreille n’est pas honorée par le président. Une grande ovation et salut récompensent une prestation méritoire de Daniel Luque.
El Juli s’en va, Sébastien Castella n’a pas démérité dans sa répétition suite au grand triomphe d’hier et Daniel Luque a confirmé son haut niveau dans un escalafón où il convient de le classer parmi les premiers.
René Arneodau