Madrid 28 septembre 2024 – 1ère de Feria d’Automne – Puerta Grande pour Enrique Ponce le jour de sa despedida de Las Ventas. Confirmation d’alternative de Samuel Navalón et une oreille au 6ème.

Sortie triomphale d’Enrique Ponce comme il ne pouvait en être autrement et deux oreilles de Requiebro nº 70, colorado ojo de perdiz, listón, bocidorado, de 561 kg né en décembre 2018 de Juan Pedro Domecq. Les despedidas, avec leur note d’émotion pour le torero et pour ceux pour lesquels s’achève, en quelque sorte, une partie de leur vie d’aficionado, n’ont pas toujours le résultat recherché et laissent une pointe d’amertume. Ce fut le cas aujourd’hui car le succès du maestro de Chiva ne correspond pas , en toute rigueur, à l’accomplissement d’une faena exceptionnelle comme celles que Las Ventas sait apprécier et primer en conséquence. Enrique Ponce avait expédié son premier toro de Garcigrande, qui sortait la corne gauche desmochada et ensanglantée à la suite d’un contact avec l’estribo du picador. Le président restait inflexible et ne sortait pas le mouchoir vert et Enrique Ponce devait se résoudre à prendre l’épée. Frustration du torero et du public… Il ne lui restait plus que sortir le grand jeu au 4ème pour laisser un souvenir positif. Ce toro de belles hechuras et bien armé, cornivuelto de presque six ans, passait dans la cape avec un coup de tête final, pour des véroniques meilleures sur la gauche. La première pique n’était pas trop poussée ni appuyée par le picador et la deuxième sans histoire de laquelle le toro sortait en se freinant dans les capotazos et même fléchissait des pattes avant. A son habitude Fernando Sánchez brillait dans une paire de banderilles de poder a poder. Brindis au public debout, applaudissant.  Le tanteo du début de faena émaillé de passes de trinchera, révélait une meilleure charge en direction des barrières et un derrote vers l’extérieur. Les premières naturelles isolées ne montraient que la volonté d’Enrique Ponce de forcer les charges avec pour remate une longue passe de poitrine. Venaient ensuite des fioritures pour amorcer une série de la gauche – molinete – ou la terminer – molinete invertido. Il fallait bien terminer par les poncinas avec changement de main et passe complète en rond que le toro acceptait alors qu’il paraissait auparavant sans force ni jus. L’abaniqueo ne manquait pas non plus lorsque sonnait un avis avant que ne soit portée une estocade entière qui roulait le jpdomecq. La demande d’oreille(s) était finalement obtenue et la vuelta al ruedo longuement fêtée par le public généreux et, somme toute, reconnaissant pour les bonheurs que lui avait procuré Enrique Ponce tout au long de sa carrière de 35 ans de matador.

 

       

Samuel Navalón confirmait l’alternative  avec “Misterioso” de Garcigrande, negro listón de 624 kg né en janvier de 2020. Ce toro, qui sortait presque au pas, était reçu a porta gaïola et les véroniques qui suivaient, bougées, confirmaient le peu de codicia du garcigrande. Le tercio de varas, calamiteux, se soldait au premier assaut par une chute monumentale, le cheval soulevé par le poitrail et au deuxième par des picotazos, rectifiés et répétés, pique rapidement relevée. Le toro était pratiquement arrêté au deuxième tiers. Le bon tanteo de muleta, passes hautes et passe de poitrine animait le toro qui était “cité” de loin, au centre de la piste, pour une série de la droite, sans trop de vitesse de charge dont Samuel s’accomodait. Sur la gauche, cette charge n’était pas aussi claire mais le jeune Valencien, originaire de Ayora, élève de l’Ecole taurine d’Albacete (Castilla La Mancha), restait ferme, se croisant. Il parvenait à lier quelques derechazos mais une série était de trop, sans l’intensité des précedentes et les temps de réponse du toro, faisaient que sonnait un avis et un deuxième après un pinchazo suivi d’une entière, desprendida, tendida et deux descabellos. C’est au 6ème que Samuel Navalón forçait un succès mérité pour son entrega face à un toro peu piqué, sans fijeza au deuxième tiers et qui se traînait derrière la muleta. Après le brindis au public, c’est par un cite lointain et farol à genoux que Samuel entamait sa faena. Le calamocheo des premières charges de toro ne l’intimait pas, il “templait”certaines passes à droite. Peu à peu, les naturelles, longues “courant” la main au máximum élevaient le niveau du trasteo. À l’origine d’une naturelle survenait la cogida – sans dommage – et d’autres naturelles suivaient plus courtes et moins finies car le toro avait réduit sa charge et se retournait en fins de passes. Desplante. Pour terminer des bernadinas sans l’épée, serrées et risquées. Estoconazo.  Un oreille.

         

David Galván, déclaré torero révélation de la dernière San Isidro, ravissait une fois de plus les aficionados sensibles au toreo fleuri, de remates gracieux, mais insuffisant dans les passes fondamentales. Ce fut le cas au 3ème, avec toutefois le mérite de bien gérer les tendances du toro à pencher vers les tablas et le sortir du tercio pour lui servir une faena légère, utilisant les vuelos de la muleta...  Ce trasteo décourageait finalement le bicho. Les doblones de la fin de faena précédaient une estocade desprendida assortie d’un avis et quelques descabellos. Le 5ème, mobile et non fixé à la cape, fléchissait du train avant au sortir des piques et compliquait la tâche des banderilleros, quasiment arrêté. Il se traînait sans force, il n’arrivait pas au bout des passes Deux bonnes naturelles, passes suaves… Deux pinchazos et une estocade un peiu tombée.

                                    

La corrida annoncée de Juan Pedro Domecq avait été, en fait, réduite de moitié et complétée par trois toros de Garcigrande sortis en 1ère, 2ème et 3ème positions. De même origine, plus harmonieux les juan-pedros, ne montrèrent dans l’ensemble rien de bien positif, peu de qualité de bravoure avec des signes de mansedumbre le 3ème, pas de caste au cheval ni à la muleta avec des baisses de régime en fins de faenas. Dans l'ensemble, variété de poids, de hechuras et d'âges... C'est la fin de saison. On solde!

Enrique Ponce: silence; un avis et deux oreilles. Sortie en triomphe aux accents du fameux pasodoble “Valencia” de Padilla. David Galván: un avis et saluts; silence. Samuel Navalón: deux avis et saluts; un avis et une oreille. Fernándo Sánchez saluait après la pose d’une paire de banderilles au 4ème. Beau temps automnal. 20.973 spectateurs

Georges Marcillac

Photos: Plaza 1 et mundotoro.com

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