La ganadería de Valdefresno a du souci à se faire et du pain sur la planche. Elle est passée en quelques années d’un élevage d’intérêt à une déception annoncée. Le lot d’aujourd’hui avait un fond de mansedumbre qui ne s’est pas affirmé au cheval où les toros ont toutefois combattu. Cette mansedumbre s’est plutôt exprimée dans un comportement distrait, avec des fuites vers la querencia ou les tablas, ou tout simplement pour échapper au combat. Et lorsqu’ils ont chargé, ce fut avec des qualités limitées dans leurs charges. L’effort et le sérieux de Daniel Luque n’aura pas échappé aux aficionados les plus perspicaces.
Joao Silva "Juanito", jeune torero portuguais, reçoit le premier de Valdefresno cornalón et acucharado, par une longue série de véroniques plus la demie allant a más, finissant par canaliser partiellement une charge brusque. Le toro ne brille pas sous la carioca servie en premier dans laquelle il reste longuement. Il retourne volontairement pour une seconde pique écourtée. Le vent oblige Daniel Luque à interrompre sa tentative de quite. Le valdefresno met bien la tête dans la cape durant un second tiers médiocre. "Juanito" confirme l’alternative des mains de Daniel Luque en présence de José Garrido, face à "Manzanillo n°14 né en 12/16 et pesant 553 kg. Brindis TV. L’entame de faena par doblones est efficace malgré le vent. Au centre le toricantano n’arrive pas a reproduire ce bon début sur la corne gauche. La charge prometteuse vue au second tiers ne se confirme pas. Les passages à droite vont du meilleur au moins bon avec quelques longues trajectoires, mais aussi des accrochages de muleta. De retour à gauche, les muletazos manquent de lié et profondeur. La meilleure série arrive dans le passage suivant à droite avant que la monotonie ne revienne face à un toro à l'arrêt et distrait à ce stade du trasteo. Pinchazo et pinchazo hondo lorsque sonne l’avis. Une troisième tentative à l’épée donne une entière contraire, légèrement atravesada et trasera.
Daniel Luque afronte un second de Valdefresno bien armado, au trapío commun qui bondit dans la cape au lieu de planer. Le vent conditionne toujours le trasteo, le travail de cape se réduisant à des allées et venues et une demi-véronique lors de la mise en suerte au cheval. Le tiers de pique est des plus basiques avec un quite de José Garrido par chicuelinas, en gestion du vent. Après la restitution des trastos, Luque brinde au public et entame la faena devant le Tendido 6. Le torero soigne le temple qu’il adapte au toro probón. Cet animal se révèle très incertain dans ses attaques, venant au pas et tirant des derrotes en sortie de muletazo. En grand professionel Luque poursuit et essaye de régler les scories par aguante et temple. La mission se révèle, impossible. Pinchazo hondo porté avec beaucoup de précaution suivi d’un autre et d’une estocade presque entière en bonne place. Descabello. Silence.
Le second de Daniel Luque est un pavo au trapío et d'armures plus que respectables. Distrait, il oblige Luque à le chercher pour ne donner que quelques véroniques sur le passage. Le toro s’emploi longuement sous une bonne pique. Il provoque une chute au second passage. Le toro fuit dès le début de faena. Le torero de Gerena le rejoint pour des naturelles difficiles, mais toujours de positionnement parfait. La série droitière suivante gagne en lié ce qu’elle perd en ajustement avec le bicho. Poursuivant à droite Luque exhibe une fermeté devenue sa marque de fabrique avec un concept pur du placement. L’arrimón démontre l’emprise qu’il a prise sur le toro malgré les circonstances. Ayant réussit un changement de main profond, il a la tentation de poursuivre à gauche ce que le toro refuse. Ce sont alors les luquesinas qui terminent le trasteo avec une entière desprendida. Salut.
Le troisième de Valdefresno freine dans la cape de José Garrido. Gêné pas le vent et par le comportement distrait et tendance du bicho vers la querencia, il désiste du toreo de cape. Le toro donne des à coups violents dans le peto lors de la première pique. Il repart de loin, de sa propre initiative, pour pousser cette fois-ci. Au second tiers le bicho va à sa guise et donne du fil à retordre à la cuadrilla. La querencia en tablas est notable et la tendance à fuir et galoper aussi. Brindis au public. Alors que sa muleta vole, Garrido va aux tercios pour une première série droitière valeureuse, compte tenu des circonstances. Le toro montre des signes de d'abandon du combat et Garrido doit le chercher dans sa fuite. Le meilleur vient en tablas dans une série gauchère aux toques précis et trajectoires longues. La suite n’est pas du même niveau. À ce stade, le toro a rendu les armes et le torero n’a que le choix de provoquer en tablas pour des muletazos volés. Manoletinas lorsque sonne un avis. Estocade en restant sur la face. Pétition non majoritaire. Vuelta chaleureuse.
Le cinquième permet à José Garrido de réaliser quelques véroniques de qualité et d’autres forcées à cause du vent. Quite du matador par chicuelinas mains basses tout en suivant le valdefresno en fuite. Le toro retourne de loin au cheval sans briller pour autant. Micro quite de Juanito. Le tanteo de début de faena mène les protagonistes vers la querencia de toriles. Le toro refuse le combat dès les premiers derechazos. Au centre, ses charges sont désordonnées. Le couple se retrouve devant les tendidos de soleil où des naturelles aidées sont tentées. Quelques derechazos enchaînés font brièvement illusion. Pinchazo et trois- quarts de lame défectueuee terminent le combat. Silence.
Juanito afronte le dernier de Valdefresno, berrendo et corpulent, qui se retourne large dans la cape du "confirmé" et l’oblige à rompre sur les retours croisés. Le toro pousse sous la première pique. La seconde pique est quelconque. Le début de faena est une recherche de l’abri au vent. Dans les terrains du toril, le Portuguais s’arrime à droite et exécute des séries de derechazos valeureux et imparfaits. Il fait une brève tentative à gauche avant de reprendre la droite pour se rendre compte qu’il convient de prendre l’épée. Pinchazo et 3/4 d’épée tendida. Plusieurs descabellos et 2 avis.
René Arneodau