Le moins que l'on puisse dire c'est que la ganadería de Fuente Ymbro n'est plus ce qu'elle a été. Même si les toros 3 et 4 ont chargé à la muleta avec une certaine qualité, l'ensemble des comportements laissait à désirer. Certains parlaient de grand toro concernant le second de"El Fandi·. D'où l'intérêt d'un reseña détaillée pour y voir clair. Dans ce contexte les trois matadors n'ont pas démérité au moins avec un de leurs toros, David Fandila "El Fandi" avec son second, Miguel Ángel Perera avec ses deux opposants et José Garrido avec son premier. Les quatre premiers fuente- ymbros semblaient sortir du même moule avec une conformation de corne cornialta et d'ouverture resserrée. Il y eut deux tiers d'entrée par temps gris.
Le premier Fuente Ymbro est reçu par "El Fandi" avec deux largas cambiadas de rodillas puis des véroniques auxquelles il répond avec obéissance et faiblesse. Deux passages au cheval confirment le manque de force ainsi qu'un degré notable de mansedumbre s'exprimant par des coups de tête pour enlever le palo. "El Fandi" exécute un quite par chicuelinas enchainées à des tafalleras et un autre de M. A. Perera par deux chicuelinas et revolera, les deux quites aussi brouillons l'un que l'autre. Les banderilles inévitables de "El Fandi" sont posées dans le style qu'on lui connait et avec une troisième paire complètement manquée que le président refuse de lui laisser poser à nouveau, le deuxième tercio ayant été changé. Brindis au Roi Juan Carlos. "El Fandi" débute par des muletazos par le haut exécutés avec détachement. L'embestida à gauche est profonde et longue pour autant que les naturelles soient "templées" ce qui n'est pas le cas. Le bicho accroche à gauche et trébuche à droite. Pinchazo, pinchazo profond et descabello. Silence.
Le second de "El Fandi", haut et fin, va de más a menos dans la cape, commençant par une charge longue et terminant les dernières véroniques en doutant. Il fait le service minimun au cheval avec une tendance à vouloir voir ailleurs au moment de prendre la seconde pique. "El Fandi" soigne son fond de commerce en se chargeant du second tiers. On retiendra un sesgo por dentro exposé et un violín enchainé à un cuarteo réuni en terrains inversés. Il pose ainsi deux paires en une, donc la paire qui lui a été refusée précédemment. Brindis au public. À genoux aux medios "El Fandi" dessine un multiple redondo en continu de grand effet. La charge est claire et longue. Les derechazos compas ouvert sont ensuite donnés en ligne en accompagnant la charge avec, il faut l'avouer, un certain succès, les trois séries allant légèrement a más. À gauche, la charge n'est pas claire. Fandi lui volera tout de même trois naturelles longues par le bas. La fin de faena à droite est marquée par les protestations du Tendido 7 reprochant tout au Fandi et en particulier des pases de poitrine "citées" de très loin. Comme pour se justifier le torero exécute des manoletinas à genoux avant une estocade entière caída d'effet rapide. Pétition d'oreille non accordée. Palmas au toro injustifiées. Division d'opinions avec salut.
Le second castaño fait une entrée de bœuf avant de freiner dans la cape de Miguel Ángel Perera. Le toro pousse sous la première vara et s'emploie sous la seconde. Quite de José Garrido par chicuelinas brusques et remate accroché. Javier Ambel pose deux paires al cuarteo réunies alors que Curro Javier soigne la brega. Brindis au Roi Juan Carlos. Le Fuente Ymbro "humilie" dans les derechazos mais coupe le terrain à hauteur d'homme. Perera n'est pas à l'aise. Il essaye de "citer" à distance, à gauche, pour créer de l'inertie avec un résultat limité dans les derniers muletazos. Il applique la même technique à droite. On voit marginalement une amélioration de la charge sans que cela ne convainque le public. Bajonazo atravesado du plus mauvais effet. Silence.
Le cinquième qui échoit à Miguel Ángel Perera est protesté pour manque de trapío par le Tendido 7. Lui et le torero ne s'accouplent pas avant les piques. Mal piqué en arrière et de coté le bicho s'emploie sans classe. J. Garrido ne perd pas l'opportunité d'exécuter trois gaoneras compas ouvert et une revolera. Le tanteo de Perera mène le bicho au centre. À droite, ce dernier fait des sauts et tire des derrotes. Il est, aussi, tardo. Perera est ferme et tente de l'obliger longuement sans succès. À gauche le matador cherche et trouve la clé sur une naturelle longue et "templée" par le bas, le reste étant une lutte. Le final droitier n'apporte rien de plus. Entière trasera et desprendida en perdant la muleta. Silence.
José Garrido est gêné à la fois par les retours brusques du toro et par le vent dans sa tentative de toreo de cape. Le bicho s'emploie sans classe sous deux piques médiocres. Quite pour la forme de "El Fandi". Le second tiers est mené avec difficulté jusqu'à la troisième et bonne paire de Manuel Larios. Brindis au Roi Juan Carlos. Au centre José Garrido cite pour trois estatuarios dans lesquels la charge se raccourcit. Il enchaine avec des naturelles dans une série imparfaite mais où la qualité de la charge est visible. À droite les retours sont courts comme à la cape mais le torero s'en accommode en se replaçant entre les passes avec un certain succès. C'est lors du retour à gauche que la faena culmine dans une série dominatrice, d'aguante et conduite par le bas qu'il n'arrive pas à répéter ensuite, de même niveau, malgré une volonté évidente de bien faire. Les bernadinas finissent de convaincre le public alors que sonne l'avis. Demi-lame en appuyant de toutes ses forces pour obtenir le succès. Deux descabellos. Palmas et pitos au toro. Ovation et salut.
Cette corrida se termine avec le combat d'un exemplaire à la morphologie différente des quatre premiers et du terciado cinquième. Ses charges brusques n'inspirent en rien Garrido. Le toro fait le manso au cheval et en sort à peine piqué. Quite par chicuelinas de más a menos de Garrido, sur le passage. Pendant toute la lidia l'animal exhibe hésitations et incertitudes. José Garrido mène le toro au centre en se "doublant" avec lui. Ses tentatives de toreo à droite sont entravée par les derrotes que le bicho tire plus ou moins fortement dans tous les muletazos. À gauche le Fuente Ymbre reste court. Garrido insiste à droite avec la volonté de bien faire. Un long passage préparatoire à toro entier précède deux épées très défectueuses qui ressortent immédiatement seules. Avis. Demie lame basse et atravesada. Silence.
René Philippe Arneodau
Photos mundotoro.com