La Corrida de Alcurrucen disparate de présentation et de comportement, s'est révélée en Nuñez à la sortie des toriles, froide, distraite, distante. Ensuite certains exemplaires ont montrés des qualités propices au toreo pur autant que moderne. Les trois toreros du jour ont résolument optés pour un toreo moderne dans lequel seul ADAME s'est imposé par une attitude de triomphateur.
Le premier de la corrida est un magnifique toro melocoton , haut, fin, montado, étroit de pointes ainsi que légèrement cornivuelto. Il est repéré par El CID qui malgré le désintérêt apparent du Nuñez cherche à lui imposer des véroniques et delantales. Bien pris à la pique par Juan Bernal, le toro va au pecho du cheval, le soulève et le renverse en poussant. La seconde pique tarde à venir, est donnée sur le coté et le toro pousse à nouveau. Un quite très engagé par gaoneras d'ADAME oblige El CID à sortir pour un quite par chicuelinas, servies une par une, beaucoup moins réussi. El CID est désarmé dans la première passe de muleta. Le toro proteste par le haut mais se confie magnifiquement par le bas. El CID le torée fuera de cacho sur les deux cornes à la recherche du lié, mais perd le contrôle de cette embestida qui demandait à être dominée et mise en valeur. Pinchazo et épée de cotée, tendida et atravesada. Silence.
Son second est bas, volumineux, bizco et veleto de la corne droite. El CID cherche à imposer des delantales qui demeurent isolés. Le toro en manso attaque d'abord le cheval de réserve. Espartaco le pique ensuite supérieurement en contre querencia. Alors que CID abandonne une tentative de quite, ADAME qui est dans son droit de le faire sort pour une série de Navarras bien choisies et réussies. La suite est une faena vulgaire dans laquelle se succèdent des toques por fuera, des trajectoires en ligne, des positions al hilo ou fuera de cacho, le toro ayant tendance à garder la tête à mi hauteur. Pinchazo et 3/4 de lame tendida et légèrement atravesada. Silence.
L'homme du jour est ADAME qui malgré un visage et une morphologie juvéniles commence à avoir un bagage dont il maîtrise la mise en œuvre. Son premier Nuñez est un toro sans trapio qui est très mal piqué à la première rencontre, comme dans un jeu de fléchettes. La seconde rencontre est mieux exécutée mais le toro se défend de la tête. ADAME livre un quite par chicuelinas laissant de la distance au toro pour mieux canaliser l'attaque incertaine dans la cape. La faena débute au centre, main droite en avant, liant deux séries avec trajectoire en ligne, la muleta étant touchée à la fin de la seconde série. Le passage suivant à gauche en deux parties va a menos. Retour à droite pour trois séries où ADAME essaye alternativement de charger la suerte, d'effacer la jambe de sortie, de rester dans les cornes en avançant sur son opposant. Un retour à gauche laissant du temps au toro et donnant des naturelles de face puis de profil. Les ayudados por bajo jambe pliée sont du meilleur goût et le pase del desprecio très Madrilène. 1/2 épée en arrière, Avis, deux descabellos. Palmas et salut au tiers.
Le quinto est un toro grand de charpente, mais anovillado de visage. Il est protesté par le 7. Les véroniques de ADAME sont données avec les mains relevées. Le toro est mal, puis peu piqué. J. P. Sanchez donne un quite par delantales vulgaires. ADAME réponds par Zapopinas (Lopecinas en Espagne). Brindis à Eloy CAVAZOS. Les estatuarios sans bouger terminés par le bas réveillent le peuple. Au centre main droite en avant ADAME embarque la bonne embestida dans un toreo résolument moderne. Il en est de même à gauche où le toro ne se confie pas avec la même vivacité. Le travail est interrompu par le bicho, ADAME reprenant le dessus par un circular donné de la main gauche. Fin de faena lié à droite, terminée par le bas puis manoletinas accrochées et un final désenchanté en trompe l'œil. Pinchazo et entière suelta, perpendiculaire et atravesada déclenche, après avis, une forte pétition d'oreille accordée. Palmas et pitos au toro.
Le premier de Juan Pablo SANCHEZ est un novillo en termes de Madrid. Le matador Mexicain donne une sensation de vulgarité sans imagination et sans entrega. Un toreo moderne soso. Ne le connaissant pas je suis incapable de dire s'il est habituellement ainsi ou s'il s'agit d'un mauvais jour. Chez nous nous dirions qu'il a fait le pègue passe. Epée basse, en avant et atravesada. Silence.
Bis repetita au dernier toro bonito à la petite tête. Brindis à l'INFANTE qui a honoré la plaza de sa présence. Faena dans laquelle ni le toro ni le torero ne s'impliquent. Toreo avec le pico, fuera de cacho et sans résultat. Bajonazo et silence.
A peine une demie entrée, temps couvert, légère pluie.