La corrida d’El Parralejo était plus attrayante en vidéo qu’elle ne le fut en piste. Les hechuras étaient communes pour une arène de la réputation de Las Ventas. Quant aux exemplaires qui eurent de la mobilité, seule celle du dernier avait des qualités pour inspirer Tomás Rufo dans une faena qui ne marquera pas l’histoire du sable venteño. Miguel Ángel Perera et Fernando Adrián furent volontaires et conformistes à la fois.
Le premier de Miguel Ángel Perera est bas et lourd. Il se retourne à l’envers dans les capotazos du matador sans lui permettre de toréer de cape. Le toro pousse lors de la première pique, après laquelle il se met à fléchir. Il gratte le sable et se montre distrait avant de charger pour la seconde, intentionnellement relevée dès le contact. Adrián doit rectifier sa position à chaque charge lors du quite par tafalleras. Perera débute par un tanteo vers le centre. À droite, le toro obéit mais ne transmet pas. Le torero a du mal à trouver le rythme qui convienne, permettant de lier et de garder le bicho sur pied à la fois. À gauche, le parralejo est tardo et gratte le sable. Le trasteo est laborieux. Épée trasera et caída. Silence.
Le second de Perera est lourd et sans trapío. Le matador souffle dans ses tentatives de toreo de cape. Le toro pousse tête haute une fois au cheval, puis sort rapidement de la seconde rencontre. Adrián fait une tentative complètement manquée de quite. Muleta en main, Perera débute par doblones et toreo par le haut. Il semble être gêné tant par le vent que par la charge. Les droitières sont exécutées en s’immobilisant au moment de l’embroque, c’est-à-dire tardivement. À gauche, Perera n’arrive pas à lier, les passes s’en trouvent isolées. Il voulait laisser la muleta morte entre les passes, mais le toro ne répète pas. Son insistance n’est pas du goût de tous. Épée très en arrière et de côté. Sifflets au toro. Silence.
Fernando Adrián affronte un premier exemplaire protesté qu’il passe en farol de rodillas, puis véroniques sur jambe fléchie et revolera finale. Le bicho pousse brièvement lors de la première pique et mansea au second passage. Rufo réalise un quite par chicuelinas forcées et demi-véronique. La faena débute par un mélange de passes par le haut et le sempiternel cambio dans le dos, cette fois en terrain de tablas. La charge est vive dans les derechazos défensifs du torero, avec toques vers l’extérieur. La seconde série, en deux temps, va a más, le torero étant plus engagé. À gauche, le toro trébuche, ce qui dénature la tanda. De nouveau à droite, une série, corps penché et passes mécaniques, recueille cependant des olés. Adrián opte pour la recherche d’effets avec une passe dans le dos, redondos, sans privilégier ni trajectoire ni positionnement. Résultat, le toro finit couché. Demi-lame trasera, desprendida et tendida. Salut.
Le second de Fernando Adrián est massif et fonce irrégulièrement dans la cape du torero. Le tercio de varas est médiocre tant dans l’organisation que dans l’exécution. Brindis au public. Au centre, Adrián "cite" à genoux pour un double cambio dans le dos, dont il se relève en catastrophe, dépassé par ses intentions. Les droitières en ligne sont rigides en deux séries, le torero étant à la limite d’être débordé par la charge vive. À gauche, l’intention est de laisser de la distance au toro, mais ce dernier ne répète pas. Ensuite, en terrain proche, la charge n’est pas dominée, particulièrement en fin de muletazo. Une fois encore à droite, le trasteo est décousu et passe sur la corne gauche en mode de recours, sans jamais dominer la charge. Entière basse et tendida. Avis. Sifflets au toro. Silence.
Tomás Rufo reçoit son premier avec un capoteo appliqué et méfiant. Peu enclin au combat sous le fer, le toro se contente du minimum et se retire de l’épreuve. Brindis personnel. Des estatuarios réalisés dans un même terrain, un pase del desprecio et de pecho lancent la faena. Les derechazos, en deux séries, sont exécutés al hilo ou fuera de cacho. Le gazapeo du bicho gêne d’abord Rufo qui poursuit en liant avec difficulté des naturelles. À ce stade, le torero opte pour un arrimón face à un toro statique. Plusieurs pinchazos et lames défectueuses. Silence.
Le dernier de El Parralejo est bas, ouvert de cornes. Comme ses frères, il n’inspire pas de toreo de cape au matador. Une pique manquée se transforme en carioca en dépassant les lignes. La seconde rencontre est un simulacre dans la médiocrité. Rufo décide de toréer devant les tendidos de soleil. Les premiers muletazos à genoux semblent pouvoir profiter d’une charge longue, mais le bicho, se fixant sur une banderille au sol, charge croisé et met en difficulté le matador. De nouveau à genoux, Rufo perd la muleta. Abandonnant la position à genoux, Rufo continue debout en derechazos. Ces derniers, voulus verticaux, sont en réalité penchés lors du cite, puis redressés une fois le bicho fixé dans la muleta. Les suivants, exécutés penchés, sont liés en deux séries complètes et recueillent les olés du public. À gauche, la première série est liée, d’abord en citant por fuera, puis ensuite plus ajustée. Un dernier passage à droite démontre un certain contrôle de la charge. Quelques ayudados et pase du desdén précèdent un pinchazo hondo et une entière trasera. Pétition d’oreille majoritaire dans certains tendidos, non accordée. Salut.
René Arneodau