La corrida traditionnelle de Las Ventas, le 2 mai - date qui rappelait le soulèvement de 1808 du peuple de Madrid face à l’invasion des troupes de Napoléon – avec l’apparat des costumes goyesques des toreros et personnel de piste, ne répondait pas à l’attente des aficionados et visiteurs de Madrid en ce dernier jour de pont. La empresa Plaza 1 et la CAM avaient fait le nécessaire pour donner à cette corrida le lustre qu’elle méritait avec à l’affiche deux “toreros de Madrid” José-Ignacio Uceda Leal et Fernando Robleño qui. dans un mano a mano, seraient opposés à des toros de Valdefresno. Jadis, ces derniers avaient pu donner satisfaction mais, aujourtd’hui, ils devraient être qualifiés de moruchada. Comme c’est le propre des toros mansos, ils offrent parfois des possibilités que savent profiter des toreros affirmés, aujourd’hui ils exhibaient une mansedumbre typique et ruinait tous les espoirs que portait cette corrida de fête. D’une présentation propre à leur encaste, pas très beaux de hechuras, les valdefresnos affichaient les poids qui ont souvent la vertu de calmer les aficionados vociférants d’un certain secteur de Las Ventas. La mansedumbre, la fuite avant même d’avoir été entrepris à la cape, pire leur absence de combativité à la muleta, faisaient que ces toros transformèrent l’après.midi en une soporifique séance éclairée seulement par certains éléments et exploits de la somptueuse cuadrilla de Fernando Robleño.
José-Ignacio Uceda Leal pouvait au moins toréer de la manière sobre et précise qui est sa caractéristique, le premier valdefresno, fuyard, qui cherchait le terrain le plus libre du ruedo vers la porte de toriles. Sans combativité au cheval, pas plus qu’au tercio de banderilles, ce toro, en l’ayant gardé dans la muleta, coopérait dans de bonnes séries de la droite et de la gauche, “humiliant” mais peu à peu s’orientant vers les tablas où il “protestait” dans les derniers muletazos. Deux pinchazos et un trois-quarts de lame porté, collé au burladero des toreros! Le 3ème, toro haut sur pattes, valait les invectives du public pour l’état - escobillado - de ses deus cornes. Après, au tercio de varas, le toro allait tout seul au cheval – al relance – sans pousser ensuite, sans éclat au deuxième tiers, et se dirigeait ostensiblement vers les planches du Tendido 8. Pas de faena. La mise à mort était exécutée, le toro collé aux planches. La dernière chance pour Uceda Leal, disparaissait dès les premiers capotazos au cinquième qui montrait de surcroît des déficiences du train arrière, sans pousser aux piques… Distrait au deuxième tiers, arrêté même, il créait un certain danger pour les banderilleros où brillait Fernando Sánchez dans un quite à un compagnon en difficulté. Réfugié dans les tablas, ce toro ne permettait pas une seule passe. Estocade verticale efficace.
Fernando Robleño voyait son premier opposant renvoyé aux corrales car il avait montré dans son passage dans la cape quelques signes de faiblesse des pattes avant. Après les deux piques, sans être vraiment châtié, ce toro, de bonne présentation, se traînait de telle sorte que le président sortait le mouchoir vert. Le sobrero de José Luis Pereda – pourquoi pas un valdefresno ou d’un même encaste? – de belles hechuras et armures, enmorillado, laissait espérer un autre comportement en chargeant avec temple par le bas dans un bon capotazo de Fdo Robleño. Sous les piques, ce ne s’employait pas mais, dans sa course, au contaire, il mettait à contribution José Chacón et Fernando Sánchez aux palos et César del Puerto dans un quite salvateur. La faena de muleta prenait de l’importance après deux séries de la droite, lorsque Fdo Robleño forçait la charge à la voix et aussi en maintenant le drap à la vue du toro pour éviter sa fuite… Sur la gauche, le toro s’arrêtait. Au fur et à mesure, il s’était avisé et il s’imposait de prendre l’épée. Deux pìnchazos et une entière basse. Le 4ème, manseando aussi sous les piques et durant le tercio de banderilles, avait suffisamment de jus pour permettre une faena qui se déroulait principalement sur la corne gauche, après un tanteo qui avait révélé des possibilités de ce côté. Le toro se livrait mieux après deux séries où il “humiliait” sans entrega mais volonté certaine du torero. Le trasteo montait d’un ton sur la droite, le toro se donnait, s’animait, et les derechazos, courts et en redondo en fin de série s’enchaînaient dans le meilleur moment de la soirée. Imperceptiblement, on devinait l’intention du toro de rajarse…Après deux pinchazos, le toro se dirigeait vers le toril…pour se voir infligé une estocade en 3/4 de lame. Le 6ème, un toro haut sur pattes, ne montrait rien à la cape sinon des signes d'envie de fuite. Bien piqué par José Bernal, le toro s’enfuiyait. Malgré cela, dans des courses vives à la pose des banderilles, il mettait à rude épreuve surtout Andrés Revuelta et Fernando Sánchez. Après un début de faena volontaire de Fernando Robleño, s’engageait la répétition de séries où systématiquement le toro sortait de la suerte vers les planches au deuxième derechazo. Après avoir parcouru la presque moitié du périmètre de la piste à sa poursuite, Robleño le fixait dans une série complète de plusieurs derechazos liés, devant le toril. Surprise! Mais il fallait en finir! Une estocade entière en bonne place mettait fin à cette faena et surtout à cette corrida très décevante.
José Ignacio Uceda Leal: saluts; silence; silence. Fernando Robleño: un avis et silence; applaudissements; timide ovation. Les subalternes cités, de la cuadrilla de Fernando Robleño, se distinguaient successivement aux banderilles José Chacón, Fernando Sánchez, Andrés Revuelta et César del Puerto a la brega. Le sobresaliente Álvaro de la Calle efficace dans des quites opportuns aus banderilleros. Temps couvert. Pas de vent . 18123 spectateurs. |
Georges Marcillac
Photos:Plaza 1