Avec un nouveau no-hay-billetes se couraient à Las Ventas des toros de Jandilla et de Vegahermosa (le 6ème), second fer de la famille de Borja Domecq pour les matadors Sébastien Castella, José María Manzanares et Pablo Aguado, ces deux derniers n’ayant pas particulièrement brillé à Séville devant aussi des toros de Jandilla. Quant à notre compatriote, après l’interruption de sa carrière pendant deux ans, sa présence à Madrid revêtait de l’importance car son bilan jusqu’à ce jour n’était pas très positif. Il ne manquait pas son retour et ajoutait à son palmarès une sixième Grande Porte de Las Ventas en coupant deux oreilles à un brave “Rociero” nº 87 de 515 kg. né en noviembre 2018. En général, sauf ce toro sorti 4ème, les jandillas présentaient des signes de faiblesse des antérieurs ce qui limitait leur progression dans les capes et muletas et faisaient perdre intérêt aux faenas des matadors, tout en gardant un fond que l’on devinait par intermittence.
Sébastien Castella était donc le triomphateur de la journée. C’est au 4ème que se forgeait le succès sans paliatif du Français. Toro qui dès les premiers capotazos montrait des signes de faiblesse, particulièrement du train arrière, mais vite disparus et surmontés par aa caste et bravoure. L’épreuve des piques était dosée par Agustín Romero, le toro poussant du train avant. La faena débutait par des statuaires, dont une d’extrême aguante car le toro venait croisé derrière le torero, remates par le bas en naturelles. Les premières passes de la droite donnaient le ton avec la passe de poitrine presque en tour complet et, en suivant, une nouvelle série plus réunie encore. Les naturelles étaient terminées par un hachazo. En revenant sur la droite, la faena allait a más, un derechazo énorme. De nouveau les naturelles, cette fois-ci bien meilleures, par le bas. Le toro continuait de charger avec vigueur et Sébastien enchaînait les passes sans rompre un seul instant. Une dernière série, complète avec un changrement de main, naturelle et passe de poitrine liées. Bien calé dans le sitio, des passes alternées de la gauche et passe de poitrine confirmaient la maîtrise de la situation – on en oubliait le vent – et du toro, brave qui répondait encore aux manoletinas et remates par le bas au ralentí. Une grande estocade était l’ultime signature d’une faena importante qui valait les deux oreilles. La faiblesse du premier jandilla perrmettait seulement d’entrevoir les intentions de Sébastien Castella dans une faena qui n’éveillait pas l’intérêt du public. Et ce, malgré de beaux gestes après avoir “donné de l’air” au toro, dans des cites à bonne distance et sans l’obliger en fins de passes. Estocade basse qui provoquait l’hémorragie bucale…
José María Manzanares recevait le 2ème, un toro court sur pattes, veleto, qui, après un comportement abanto, allait au capote d'un bon tranco mais se serrant sur la gauche. JMM le sortait des tablas… par capotazos alternés vers le centre du ruedo. Paco María dosait à la pique ce toro qui fléchissait des pattes avant, à la sortie de la rencontre. S'étant animé au deuxième tiers, le toro entrait bronco dans la muleta de JMM qui, à son habitude, maintenait à distance la trajectoire de l’animal… Des derechazos liés cachaient momentanément la déficience de charge de ce toro. Des naturelles à mi-hauteur évitaient la chute du toro maintenu sur ses pattes par sa caste évidente. Le vent, la charge descompuesta, enseignaient les scories du toreo de JMM toujours à distance prudente mais…élégante. Estocade basse, presque bajonazo. Le 5ème , un toro long, enmorrillado, cornivuelto, avait une charge courte dans la cape de JMM qui le passait dans des véroniques, meilleures du côté gauche. Il “humiliait” dans les capes et cherchait les tablas au deuxième tiers. La faena se déroulait à l’abri théorique du vent, face aux tendidos de soleil, mais ne durait pas longtemps par des charges courtes sur la corne gauche et rien sur la droite, qui n’inspiraient pas JMM qui allait chercher l’épée de muerte pour un pinchazo et une estocade entière.
Pablo Aguado toréait bien d’entrée le 3ème, par des véroniques sur la corne gauche, mais dont la faiblesse manifeste et charge malingre empêchaient tout effort. La demi-estocade et l'affaissement immédiat du toro suffisaientt pour montrer, de plus, son manque de caste. Le 6ème poussait sous le poitrail du cheval et en provoquait la chute… Les deux piques se limitaient à des piqûres. Â la muleta, le toro se déplaçait dans une course légèrement saccadée, sans vraiment avoir l’intention de charger sauf lorsque la corne accrochait la muleta. Le vent – même face aux T4-T5 - et le manque de charge du toro, décourageaint le Sévillan. Il portait plusieurs pinchazos compliqués par les hachazos au momento de l’embroque. Un avis et deux descabellos.
Sébastien Castella: silence; deux oreilles. José María Manzanares: Saluts et división d’opinion; silence. Pablo Aguado: silence; un avis et silence. Rafael Viotti et José Chacón de la cuadrilla de Castella se distinguaient aux banderilles et à la brega. Diego Carvalho et Juan Sierra aux banderilles, l’un aux ordres de JMM et l’autre de Pablo Aguado. Corrida à guichets fermés: 22.974 spectateurs. |
Georges Marcillac
Photos Plaza 1