Le lot d’Adolfo Martin fût inégal de présentation et irrégulier de comportement. Les nobles, faibles et les plus solides, rétifs. Les meilleurs passages sont à mettre au crédit de José Garrido à la cape et à la muleta au sixième, de Antonio Ferrera pour les naturelles au quatrième et de Manuel Escribano pour l’effort d’ensemble de toute la corrida.
Antonio Ferrera fait face à la cape, en premier, à un d'Adolfo Martín qui humilie tout en se distrayant à l’occasion. Le torero hésite entre toreo et brega. Au cheval, le toro manque d’agressivité et fait le nonchalant. Ce manque de combativité se poursuit au second tiers. La faena de Ferrera débute par un tanteo en marchant pour mener le toro aux medios. Il choisit de commencer le trasteo à gauche. Le toro a une charge courte et le torero danse. À droite, il est impossible. Comme le toro s’agenouille Ferrera en profite pour prendre l’épée. Pinchazo et entière basse tendant à bajonazo. Silence.
Le second de Ferrera est accueilli rapidement par son matador sans intention de briller face à la charge brusque. Bien piqué, le toro pousse jusqu’à trébucher. La sortie de pique montre un animal faiblard qui "humilie" quasiment en faisant l’avion. Au centre, Ferrera prend la muleta à droite alors que se profile une tempête. À gauche, le matador fait un effort de temple. Les conditions météo favorisent l’adhésion d’une partie du public. Dans plusieurs passages gauchers, corps abandonné, Ferrera mérite les olés qui lui sont réservés. Il répète l’exercice à droite sans l’épée avec moins de réussite. L’insistence sous le déluge est un mauvais choix qui fait baisser de ton la faena. Un dernier effort à droite précède un avis, deux pinchazos sont suivis d’une lame caída et atravesada. Trois descabellos. Avis et silence.
Manuel Escribano, comme de coutume, reçoit son premier à puerta gayola avec habileté. Le toro se retourne vite dans la larga cambiada de rodillas et le matador doit fuir. Il poursuit à la cape entre précaution et entrega face à ce toro, veleto, qui retient sa charge une fois qu’il met la tête dans la cape. Le toro est actif sous le fer mais le fait sans classe. Il n’est pas particulièrement bien piqué. M. Escribano se charge du second tiers. La première paire est un cuarteo où c’est le torero qui produit l’effort. La seconde toujours al cuarteo, posée dans le berceau, est de bonne facture. Le sesgo por dentro troisième vaut plus pour le choix de la suerte que par sa réalisation. Brindis TV. La faena est lancée par tanteo vers les tercios, proche des medios. À droite, les muletazos sont réalisés un par un en se replaçant entre les charges courtes. Il en va de même à gauche face à une charge molle. Poursuivant, le torero est averti à droite et désenchanté à gauche. Entière en sortant accroché, le toro tirant un coup de tête là où le torero lui a présenté la muleta. Palmas et salut.
Malgré les conditions météo - il pleut très fort - Manuel Escribano se rend de nouveau à puerta gayola pour recevoir son second qui est un "Aviador" impressionant de cornes qui respecte le toque de la larga cambiada et des véroniques laborieuses du matador. L’adolfo-martín s’emploie au cheval en révélant une certaine faiblesse. La seconde pique est subie, toro appuyé au peto. Un cuarteo, une paire posée por dentro et la suerte del violín au quiebro reçoivent l’ovation du public clairsemé qui est resté sur les gradins. Escribano, sous le déluge, va au centre pour réaliser un péndulo et quelques muletazos des deux mains qui confirment la faiblesse du bicho. Le trasteo droitier manque d’intensité. À gauche, le toro se retourne court et le Sévillan se fait soulever et jeter au sol. Il revient à droite et force des passes volontaires. À ce stade, le toro est tobillero. Entière trasera, caída et tendida portée bras tendu. Le président ne fait pas droit à la "pétition d’oreille de jour de pluie". Vuelta al ruedo fêtée.
José Garrido fait face, en premier, à un toro, bas sur pattes et cornivuelto, qui poursuit la cape avec plus de détermination que de classe, et ce, jusqu’aux tercios où le torero l’a amené. L’adolfo-martín se défend sous la pique en cherchant à tourner autour du cheval. La seconde pique plus brève est tout aussi médiocre. Quite pour la forme d'Antonio Ferrera. Brindis au public. Dès le tanteo le matador est désarmé, les choses commencent mal. Sur la corne droite, le matador mis à l’épreuve, recule entre les passes. L’adolfo est probón et menteur. La tentative à gauche de José Garrido se convertit en un effort protesté. Un bref macheteo précède une épée caída, atravesada en perdant la muleta. Trois descabellos. Silence.
Le dernier est un tío de 602 kg., abanto d’abord. Il charge ensuite le seul toreo de cape du jour réalisé par José Garrido avec temple et engagement. La pique prise sans effort particulier fait trébucher en sortie l’adolfo. Cet opposant obéissant, subit la seconde pique. Bref quite de Ferrera. Le toro coupe les trajectoires au moment de l’embroque au second tiers. Le tanteo de muleta, droitier, précède des derechazos profonds et "templés". En cherchant à chaque fois la tête, il lie des muletazos rythmés. À gauche, l’effort est productif et un peu moins réussi esthétiquement qu’à droite. Une nouvelle série droitière agrémente positivement la faena et le final à gauche au ras des chevilles jointes, culmine un effort notable. Ayant subi un desarme, José Garrido se sent obligé de faire un dernier passage à droite qui mène la faena a menos. Quasi bajonazo. Palmas et salut informels qui aurait pu être une oreille avec une lame en place.
René Arneodau