Madrid 5 Juin 2025 - 24ème de la San Isidro.  Oreille pour Borja Jiménez et deux toros de Jandilla avec la clé de la Puerta Gande.

  • Jandilla a proposé deux exemplaires de triomphe, le premier de Borja Jiménez et le second de Castella, ce qui, par les temps qui courent, est un bon pourcentage de réussite. Manzanares, quant à lui, mal servi par le sorteo, n’a pas appuyé sur l’accélérateur pour provoquer la chance.

Sebastián Castella se fait arracher la cape par le premier de Jandilla, auquel il ne livre qu’une brega d’infirmier, vu sa fébrilité. Piqué en arrière, l’animal pousse comme il peut et retourne avec verve pour un picotazo. Bouche ouverte, le toro sautille au second tiers tout en montrant une envie de combattre. Castella, en terrain de tablas, débute la faena par doblones. Le bicho, fébrile, fait l’effort pour suivre l’engaño. À droite, le Français torée d’abord sans compromission, au fil de la corne, en laissant la charge le frôler. La seconde série est un cumul de mantazos en accéléré. À gauche, le vent dérange et les cites, fuera de cacho, sur l’extérieur, ne font pas série. On voit que le torero essaie d’améliorer le placement et les trajectoires sans résultat sur l’enchaînement. La suite à droite est du pur toreo moderne et donc marginal. Épée très en arrière, portée en couvrant la tête et en sortant bousculé par un derrote provoqué par la muleta. Avis. Silence.

Le second du Français est un bel exemplaire qui charge tête haute dans la cape. Il tire même un coup de patte au passage d’un capotazo et doit être poursuivi par Castella afin de lui donner quelques capotazos. Le toro subit la première pique et la seconde est brève. Quite par chicuelinas et larga de Castella. Brindis au public. Le matador "cite" pour des estatuarios entre les lignes. Castella, sans bouger, soutient les charges et gagne l’approbation du public dans les remates par le bas, trincherillas et pase del desdén. Les droitières, bien que moins rythmées, obtiennent néanmoins l’ovation. Dans la série suivante, Castella est efficace, conservant une charge qui s’éteint dans la muleta, pour une série en redondo, liée. La première série à gauche mélange les trajectoires ouvertes d’abord, et vers l’intérieur pour la dernière. Avec beaucoup d’aguante, Castella reste serein lors d'un parón du toro à gauche, dans une série où il conduit le toro par devant sans se replacer. Suit l’arrimón maison exécuté avec toreo. Remates de fin de faena vers les tablas et avis. Pinchazo hondo en couvrant la tête. Deux descabellos. Palmas au toro malgré sa baisse de régime, tôt dans la faena, gérée avec clairvoyance par le matador. Vuelta à l’initiative du matador.

José María Manzanares réalise face à son premier des véroniques et demi-véronique esthétiques. Le toro, à l’allure zancudo, pousse a menos sous une bonne première pique et subit la seconde, portée en arrière. Quite de Borja Jiménez par chicuelinas et media verónica en privilégiant la corne gauche. Le bicho est mobile et "humilie" au second tiers. Manzanares l’entreprend par le bas et envoie l’animal au sol. Les droitières, terminées par le haut, sont rapidement interrompues. À gauche, les cites, al hilo, et sur l’œil contraire, sont accrochés. Continuant à droite, la muleta finit toujours vers le haut. C’est finalement en naturelles qu’un certain rythme est trouvé, en "citant" avec une meilleure sincérité, mais toujours avec la muleta accrochée lors de la seconde série. La poursuite sur la corne droite n’apporte rien. Suivent un pinchazo et une lame contraire et tendida, en passant au large. Silence.

Le cinquième s’assomme en heurtant au premier burladero. Mouchoir vert. Le sobrero, du même fer, est massif et corniabierto. La charge irrégulière du bicho n’inspire pas J.M. Manzanares à la cape. Le toro met les reins dans une première carioca, puis s’éteint sous la seconde pique, aussi médiocre que la première. À ce stade de la lidia, le toro apparaît aplomado. Le tanteo par le haut accentue sa tendance au calamocheo. Les premiers derechazos semblent inciter le bicho à suivre l’engaño. La série suivante ne le confirme pas, et le matador opte pour prendre l’épée. Entière desprendida et tendida. Silence.

Le premier de Jandilla de Borja Jiménez est dans la ligne physique du toro de Séville. Le torero lui sert une bonne série de véroniques templées, en gagnant du terrain, terminée par une demi-véronique. Le tercio de varas, mesuré, est conduit avec rapidité. Brindis au public. Les premiers muletazos, voulus à genoux en tablas, se transforment en doblones accompagnés d’abord, puis corps relâché, qui font surgir les olés. La première série droitière laisse le toro tourner autour du torero. Dans la suivante, corps vertical, le torero lie une série qui conduit la charge, sans imposer. La suivante, à gauche, applique la même technique en jouant des vuelos de la muleta. Lorsqu’il s’engage à gauche, avec plus de pression sur la charge, c’est le toro qui baisse de rythme, comme dans les adornos de remate. Épée défectueuse, basse, en passant au large. Madrid, sans critère, demande les deux oreilles. Le président accorde celle du peuple. Aux portes de la gloire, le torero d’Espartinas a fléchi à l’heure de vérité.

Le dernier de Jandilla, jabonero, est reçu avec surprise et applaudissements par le public. Borja Jiménez réalise une variété de lances, sur jambe fléchie, puis debout, ensuite pieds joints, dans un ensemble décousu, terminé par une demi-véromique "templée". Le toro est indolent lors des deux piques. Quite du matador par véroniques et remates au rythme d'une charge molle. Jiménez se place au centre à genoux et "cite" pour trois derechazos en redondo, terminés debout. À droite, le torero maîtrise difficilement un calamocheo constant. La muleta est touchée dans tous les muletazos de la série suivante. À gauche, le toro freine à hauteur d’homme, tête relevée. Borja poursuit donc à droite, mais la charge s’est fortement dégradée. Bajonazo. Silence.

René Arneodau.

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