À propos de la dernière corrida de Las Ventas.

Plaza 1, empresa qui organise les corridas de Las Ventas de Madrid s’est lancée dans la promotion de courses “desafío ganadero”, pour satisfaire la demande d’aficionados qui réclament des toros d’”encastes minoritaires” et répondre aux conditions qui lui sont imposées par la CAM en tant qu’adjudicataire. Cette classe de toros ne se trouve pas généralement associée aux  figuras du moment. En d’autres mots, il s’agit de toros qui ne sont pas marqués du label JP Domecq et plutôt affublés des calificatifs peu reluisants de bestiaux prévisibles, toréables (sic), “décastés”, etc. Des élevages qui sont voués aux gémonies par les “puristes toristes”,  injustement,  car ils recèlent parfois des qualités et des ressorts de caste - de la bonne - qui offrent de grandes et mémorables oeuvres tauromachiques.

La corrida des Rameaux à Madrid était le cadre d’un tel desafío ganadero (un autre nous est préparé pour le dimanche de Pâques…) La météorologie aidant, du vent, du froid et des toros qui ne participaient pas à la fête, le bilan de cette course n’était ni positif pour les toreros, ni pour les spectateurs et encore moins pour les éleveurs qui donneront tort sans doute aux éléments extérieurs pour justifier et excuser le pauvre comportement de leurs produits. Il y a toutefois une raison objective, espérons-le momentanée, à la programation de corridas de 2 x 3 toros d’élevages différents. La période de la pandémie et l’absence pratiquement de corridas en 2020 et 2021, a conduit les éleveurs des encasrtes minoritaires, tenants d’un cheptel naturellement réduit et peu demandé, à envoyer les “invendus” et des vaches reproductrices à l’abattoir! La conséquence pour cette année et l’an prochain, sera une baisse de l’offre pour une demande qui augmente et l’impossibilité de fournir un nombre suffisant de toros conformes aux exigences des places de première catégorie et plus particulièrement de celle de Madrid. D’où la fourniture limitée, de demi-lots qui puissent passer le reconocimiento de Las Ventas.

On dira que l’explication qui précède n’est pas de mise, justement pour la corrida de dimanche dernier et son résultat.  Tout d’abord, les toros de Los Maños, initialement à l’affiche, étaient refusés au reconocimiento (ils pesaient moins de 500 kg. ...?)  Ils devaient être opposés aux toros de Pallarés, tous protestés à la sortie du toril, le premier était renvoyé au corral pour sa faiblesse bien qu'il eût le trapío et le poids - 520 kg - acceptables, les deux suivants sans le trapío ni les hechuras appropriés aux “normes” madrilènes ni les forces pour tenir les faenas. Selon quels critères ces toros avaient passé le crible du reconocimiento? La toise et la bascule favoriseraient les uns et en élimineraient d’autres?  Quant aux remplaçants, les toros de Cuadri, ils faisaient illusion au premier tiers allant allègrement au cheval, le premier du lot, sorti 4ème, renversait la cavalerie, le 6ème allait trois fois au cheval assurant le succés du picador de service. Après cela, plus rien! A tort ou à raison, la panique s’installait au deuxième tiers, sans trop de charge, les toros “attendaient” les banderilleros qui plantaient à la sauvette les banderilles une à une, affligés d’un síndrome de dangerosité - parfois réelle - de ces toros… A la muleta, ils ne permettaient rien, si ce n’est l’usage de leurs cornes large ouvertes et leur incapacité et volonté d’aller au terme des passes. Adrián de Torres en faisait l’expérience. il se croisait, risquait sans raison la cogida - il en échappait d’une – mais, avec mérite, il forçait des charges inexistantes. Par sa formidable estocade et l’oreille accordée, sa  témérité était récompensée. A vrai dire, les toros n’en valaient pas la peine. Encore une fois, était démontrée la survie de cet élevage héritier d’une gloire passée grâce à l’aveuglement de ses inconditionnels et l’absence de discernement de la empresa

                                      

Ces corridas dites d”encastes minoritaires ne devraient être programmées que… minoritairement car, à de rares exceptions près, personne n’en sort gagnant, ni les toreros qui ont besoin de contrats et retombent aussitôt dans l’oubli ou l’ostracisme, ni les spectateurs au bord du découragement face à un spectacle éloigné  de la tauromachie essentielle, ni le public qui n’en a pas pour son argent surtout avec la politique de prix pratiquée cette année à Madrid… mais là, c’est un autre sujet à traiter plus tard.

Georges Marcillac

Photos: Plaza 1

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