Après la suspension de la corrida de rejón hier, pour cause de pluie et ruedo impraticable, la Semana Grande de Bilbao démarre aujourd’hui avec la novillada du cycle, en retard car l’horloge de la plaza est réglée avec 5 mn de retard.
Une corrida ou novillada ne devrait pas durer plus de 2 heures à 2 heures 15 mn. Aujourd’hui nous sommes restés sur les gradins près de 3 heures. Les conseillers des novilleros doivent leur expliquer qu’il n’est pas possible de maintenir l’intérêt du public en allongeant les faenas au point de provoquer la déconnexion des fidèles aficionados qui aujourd'hui garnissaient 10 à 15% des tendidos.
Le lot de la ganaderia José Cruz moyennement présenté pour les arènes de la réputation de Bilbao a exhibé des carences de caste et de force qui devraient préoccuper le ganadero. Quant aux trois novilleros nous retiendront la technique et le bon positionnement de Roberto Martín "Jarocho", l’entrain de Aaron Palacio et la "petite" cape de velours de Javier Zulueta.
Le premier novillo. terciado et faible est renvoyé au corral après avoir titubé ostensiblement. Le sobrero. du même fer, brocho avec le poitrail plus développé que le train arrière, est reçu par véroniques et la demie "templées", avec certains lances déssinés avec lenteur et empaque par Jarocho. Piqué parcimonieusement, le de José Cruz est gratifié d’un quite par delantales de Jarocho alors qu’Aaron Palacio est violemment volteado alors qu’il prodiguait un quite serré par chicuelinas. Brindis au public. Le début de trasteo par doblones, genou en terre, est simple et harmonieux. Les deux premières séries droitières sont construites en pivot sans replacement entre les passes. Musique. À partir de la troisième série le bicho va a menos et la série perd en harmonie. À gauche, le novillero ne fait aucune concession dans son placement et tire des naturelles profondes et liées. La suite, toujours en montrant la poîtrine et avec la jambe en avant, perd en continuité. Jarocho termine à droite par une série un ton en dessous. Epée trasera, tendida et desprendida. Oreille et palmas au novillo.
Jarocho accueille le quatrième novillo par un cambio à genoux terminé sur l’épaule, suivi d’une tentative de véroniques rendue difficile par la charge courte du bicho. Face à la cavalerie, le novillo pousse tête haute et parallèle au peto. À la seconde rencontre, il évite l’affrontement en contournant le cheval et prend finalement une ration de piques en carioca. Quite par tafalleras de Palacio. Brindis TV. Le début de trasteo de Jarocho par le haut est élégant. La suite à droite "citée", al hilo, est moins efficace mais plaît au public. Pour lier les derechazos le novillero ne laisse pas le novillo se retourner complètement et "cite" promptement pour le cite suivant. Musique. Sur la corne gauche, le novillo est tardo et Jarocho doit abandonner. De retour à droite, la muleta est accrochée et le trasteo entrecoupé. Épée atravesada sortant sur le flanc, suivie de plusieurs pinchazos et un avis.
Le second de José Cruz est montado, brocho, cornicorto, acucharado. Aaron Palacio le reçoit avec verve par larga cambiada à genoux suivi de véroniques volontaires et engagées. Il mème son novillo au cheval par chicuelinas marchées qui animent le public. Le bicho est discret sous le fer, cherchant le revers du peto pour éviter la puya. Quite par véroniques tout en lenteur de Zulueta. Brindis au public. Le novillo charge avec vivacité et Palacio démarre par le haut avec entrega. Il y a plus de volonté dans les derechazos que de temple, la muleta étant accrochée. Dès la seconde série le novillero doit se repositionner entre les droitières pour provoquer la charge. Musique. Les passages à gauche ont la qualité du temple et de l’aguante face à un novillo aplomado, en toréant avec les vuelos. La faena se termine par naturelles "citées" de face. Une demi-lame basse et croisée est suivie de plusieurs descabellos. Applaudissements au novillo et au novillero qui salue.
Puerta gayola d’Aaron Palacio, face au cinquème, par larga cambiada de rodillas réalisée avec succès. Suivent deux faroles à genoux aussi près des barrières et véroniques volontaires en gagnant du terrain. Le josé-cruz pousse brièvement sous la première pique dont il sort seul. La seconde est prise sans vigueur. Quite de Zulueta par véroniques tout en douceur. Brindis à Ricardo Gallardo (ses toros sont à l'affiche demain- NDLR). Début de faena à genoux par ayudados por alto engagés. Les derechazos qui suivent manquent de mando mais recueillent les applaudissements. Le trasteo marginal, à mi-hauteur, ne fait qu’accentuer les défauts du bicho et son calamocheo. Musique. Sur la corne gauche, le travail est décousu, la muleta accrochée. Le novillero fait toutefois preuve de fermeté lors des arrêts du bicho. La suite à droite est du même acabit, avec quelques derechazos profonds. Les manoletinas finales plaisent au public. 3/4 d’épée caída et cruzada n’empêchent pas le public de demander l’oreille généreusement accordée.
Javier Zulueta reçoit le troisième par véroniques en marchant vers le centre au rythme d’une charge distraite et fébrile du josé-cruz. Au cheval, le novillo donne des signes de mansedumbre et accuse l’épreuve. Le quite par véroniques de Jarocho ne fait que confirmer la faiblesse du bicho. Brindis au public. Le tanteo gère la faiblesse et le manque de combativité de l’animal. Appliqué, le novillero tire des lignes sur les deux cornes avec l’assentiment du public. Musique. La suite est un exercice pour provoquer la charge anodine sur la corne gauche. Quelques ayudados exécutés vers les tablas précèdent un metisaca, une épée atravesada sortant sur le flanc et enfin une entière portée comme les précédentes en passant au large. Applaudissements et salut auto imposé et accepté par le public.
Cette longue novillada se termine avec un sixième exemplaire que Zulueta passe avec aisance et douceur dans la cape, sans pouvoir, toutefois, construire un ensemble significatif. Le tercio de varas est bref et médiocre. Brindis au public. La faena débute par un travail à mi-hauteur qui révèle rapidement les limites de l'animal qui rechigne à charger. Le Sévillan tire des muletazos forcés sur les deux cornes alors que le public s’impatiente. Pinchazo et entière. Descabellos.
René Arneodau