Pour la dernière des corridas dominicales de la temporada et en prélude à la prochaine Feria de Otoño qui commence jeudi prochain, Plaza 1 avait programmé une corrida concours après les desafíos ganaderos des dimanches précédents, ce qui ne pouvait, a priori, que satistaire les aficionados toristas… Une corrida concours doit donner la primauté aux toros et en particulier donner toute l’importance à la suerte de varas si les professionnels, les picadors principalement, veuillent bien s’appliquer à piquer selon les normes et le règlement taurin. A cela s’ajoutait l’attrait de la confirmation d’alternative de Rubén Sanz, torero de Soria, matador depuis 2009, vétéran donc, suivi d’amateurs inconditionnels pour son toreo de sentimiento y pellizco malheureusement trop peu souvent démontré, faute de contrats… Noé Gómez del Pilar et Javier Herrero accompagnaient le Soriano. Le premier endurci face aux “toros durs” et le second, aussi, bien peu “toréé”.
Le premier toro de Concha Y Sierra de nom “Mañiquito-28” de 515 kg, né en août 2020 de bonnes hechuras mais insuffisantes pour Madrid, était le toro de la confirmation d’alternative de Rubén Sanz. La charge courte dans la cape du toricantano obligeait celui-ci à “rompre” dans la demi-véronique. L’épreuve des piques, la première trasera et la deuxième un picotazo seulement, montrait le peu de force du bicho qui fléchissait des pattes avant. À la muleta, il avait tendance à relever la tête en fins de passes. Peu de codicia et sans transmission, il passait dans la muleta de Rubén Sanz qui laissait entrevoir son toreo vertical et reposé mais le toro n’accompagnait pas ces bonnes intentions. Sans charge, ce toro offrait peu de possibiltés à Rubén Sanz qui, malgré tout, restait ferme, avec aguante. À la mise à mort, il portait un pinchazo hondo, une demi-lame et… une autre en bajonazo.
Un toro de Palha sortait en deuxième position. De nom “Saltillo-341”, negro listón, de poids 592 kg - qui ne le paraissait pas – il était court sur pattes, bien encorné sans plus. Il jetait ses pattes avant dans la cape de Javier Herrero dans une charge descompuesta. Face à la cavalerie, fixité, charge et poussée jusqu’aux tablas. Bien pointée la première pique, le picador rectifiait? et plaçait la puya en arrière. Au second assaut, charge longue et droite, le varilarguero maladroit ratait sa cible et déchirait le cuir de l’animal - refilones - qui continuait de pousser dans le peto et ne répondait pas aux cites des peones pour l’en sortir. Pendant ce temps le picador poursuivait sa besogne et ne relevait pas la pique. Il recevait une bronca majuscule. Après cette épreuve, le toro se faisait attendre pour les banderilles et Ángel Otero, plantait avec facilité ses deux paires de rehiletes. La charge était quasiment inexistante à la muleta. Ce toro avait payé cher sa bravoure sous les piques mais mourrait en brave sous l’estocade desprendida que lui avait porté Javier Herrero.
“Excitado-21” 546 kg, né en mars 2020, portait la devise de Partido de Resina et exhibait sans exagération l’allure de ses ancêtres de Pablo Romero. Il sortait abanto et allait garder tout au long de sa présence en piste une course incessante, sans fijeza, manseando. Il allait trois fois au cheval, bien placé chaque fois par Noé Gómez del Pilar pour une première pique trasera, la deuxième aussi rapidement relevée et un picotazo. Il répondait aux passes par le haut et doblones du bon début de faena. Les derechazos qui suivaient, par le bas et “templés” confirmaient la bonne condition de charge du toro, prompt aux cites de loin de Gómez del Pilar qui ne réglait par toujours les fins de passes avec des accrochages de muleta. Sur la gauche, le toro “protestait” et terminait la tête à mi-hauteur. Une série, non entachée d’enganchones, rachetait le trasteo du Madrilène. Des pases ayudados précédaient un estoconazo. Dans un joli geste, Noé laissait mourir en brave le toro en l’accompagnant jusqu’aux tablas.
Rubén Sanz affrontait un bel exemplaire de Murteira Grave, “Pinanto-71” cinqueño (né en août 2020) de poids de 547 kg, cornivuelto. Il ne pouvait le fixer à la cape pour une charge meilleure sur la gauche que sur la droite. Deux piques seulement, la première trasera, le toro poussant de profil, corne gauche dans le peto, la deuxième placée de côté et rapidement relevée. Dans la muleta, le toro tardo et de charge courte , les hachazos en fins de passes s’ajoutaient au manque de confiance du torero. Un pinchazo, un autre hondo, caído. et un descabello.
Le cinquième “Consejero I- 64” de José Escolar Gil est léger – 485 kg – mais de bonnes hechuras, il sortait abanto. Dans la cape de Javier Herrero, il passait bien à gauche mais il se serrait sur la droite. La mise en suerte pour les piques était laborieuse, le toro grattait le sol et se désintéressait du cheval. Finalement il prenait une première pique en arrière et la deuxième pire, le picador piquant comme il le put. À la muleta, le toro mettait bien la tête mais ses retours sur la droite obligeaient le torero à se repositionner pour lier les passes. Prompt aux cites, ses charges “humiliées”, le toro montraient que le torero n’était pas à la hauteur… Un pinchazo et une épée entière en finissaient avec un trasteo en dessous des conditions du toro.
Le cárdeno claro de Rehuelga répondait bien au type de Santa Coloma, estrecho de sienes, 510 kg, ce cinqueño – né en octubre 2019 - était appaudi à sa sortie du toril. “Medianero-2” “humiliait” dans la cape de Gómez del Pilar mais il freinait de son train arrière. Deux piques seulement, une trasera et la même ensuite après une mise en suerte originale et efficace de GdP para zapopina à l’extrémité de la zone réservée à la suerte de varas. La troisième pique est tout juste simulée juste une piqûre… Les bonnes charges du rehuelga permettaient un deuxième tiers complet. La faena de muleta combinait le temple des charges à celui des passes de la droite de GdP. Mais un retour typique des santa-coloma débordait et bousculait le torero, le toro le secouait au sol sans dommage pour reprendre le trasteo. Ce toro alternait ses passages mous à d’autres plus vivaces dans la muleta. De bonnes naturelles, un peu distancées, confirmait les bonnes conditions de ce toro qui recevait une estocade delantera qui suffisait.
Rubén Sanz: silence aux deux. Javier Herrero: sifflets (pour le picador…); un avis et silence. Gómez del Pilar: un avis et vuelta al ruedo (après pétition d’oreille… refusée): un avis et une oreille. Le toro sorti 1er recevait des sifflets à l’arrastre; le 2ème – de Palha - , le 3ème – de Partido de Resina - , le 6ème – de Rehuelga – étaient applaudis à l’arrastre. Le toro “Excitado” de Partido de Resina recevait le prix du meilleur toro de la corrida concours. 9.163 spectateurs. |
Georges Marcillac