Séville -27 septembre 2025 – 2ème de la San Miguel- Daniel Luque coupe une oreille et vuelta pour Borja Jiménez.

Le lot de Garcigrande était correct en présentation et disparate en comportement. Le meilleur du lot fut le second avec une charge vibrante. Le public est néanmoins sorti déçu des arènes. Alejandro Talavante n’est plus que l’ombre du torero qui avait atteint les sommets il y a quelques années. Borja Jiménez a brièvement montré sa meilleure facette avant d’opter pour la facilité des techniques défensives. Quant à Daniel Luque, il est passé à côté d’un succès à son premier dans un trasteo a menos, mal terminé avec les aciers, avant de couper l’oreille de son second pour son toreo par naturelles.

Le premier d’Alejandro Talavante charge sans force mais avec une grande douceur. Le travail de cape est dénué d’émotion. L’animal combat brièvement au cheval avec le peu de force qui lui reste. Il titube en sortie de deux picotazos. Les premiers muletazos en génuflexion donnent l’illusion d’une faena à venir, qui se dissipe dès que le Garcigrande trébuche dans les derechazos. Talavante s’applique à gauche et le public siffle. Dommage car la charge est idoine pour réaliser le bon toreo. Tout ce qui suit n’a aucun sens vu l’absence d’émotion. Entière al encuentro. Sifflets au toro et silence au torero.

Le second de Talavante, court sur pattes et corniabierto, offre une charge longue dont ne profite pas le torero à la cape. Le bicho pousse sous la première pique, collé de profil au peto. Lors de la seconde, l’animal pousse avec moins de ferveur. Quite de Daniel Luque par chicuelinas sèches et larga après cambio de mano. Brindis au public. Le travail de muleta démarre au centre par naturelles dans lesquelles le torero est mis sur la défensive avant de lier trois passes et une trincherilla vulgaire. Un autre passage sur la même corne est anodin. La charge est devenue fade et les derechazos du torero sont dans le même esprit. Talavante tâtonne et le toro s’endort. Lame trasera et tendida. Silence.

Daniel Luque reçoit son premier par véroniques, dont certaines pieds joints ou en delantal, dans un style brusque à la limite de la bousculade. Bien piqué par José Manuel García "El Patilla", le toro pousse brièvement avec vivacité par deux fois. Quite de Luque par tafalleras, cordobinas et media véronica. Borja Jiménez, quant à lui, exécute des chicuelinas en faisant un pas de côté au moment de l’embroque et une demi-véronique au large. Raúl Caricol salue pour son excellente prestation au second tiers. Brindis au public. Le tanteo par doblones, enchaîné avec des derechazos sur jambe fléchie, est fort applaudi. La charge du toro est supérieure. Une série droitière courte culmine en un cambio de mano qui lance la musique. La série suivante, plus longue et compacte, se termine par un autre cambio de mano sans fin et passe de poitrine, accompagnés de l’ovation. Sur la corne gauche, Luque se reprend à deux fois sans atteindre le lié rencontré sur la corne droite. C’est sur cette dernière qu’il termine en faisant le manège, suivi des luquesinas maison. Estoconazo (légèrement en arrière). Avis avec deux descabellos. Palmas au toro et salut au matador.

Le cinquième suit en rond la cape de Luque, qui le fixe en toupie. Il se retourne ensuite à l’envers en ignorant le capote et fait de dangereux écarts. Son combat au cheval est anodin. Il n’humilie presque jamais dans l’engaño. Luque s’approche, muleta dans la main droite, pour un tanteo au rythme de la fadeur de la charge. Il présente la toile sur les deux cornes, avec application et temple à gauche. L’effort est notable sur cette corne car le torero invente un trasteo que personne n’attendait. Le public refuse la musique alors que la charge s’éteint. Le torero insiste et arrache d’abord quelques muletazos isolés. L’effort est finalement récompensé dans des naturelles et pase de pecho liés en verticalité et toréant avec les vuelos. Trois-quarts d’épée trasera et tendida. L’oreille est accordée pour une pétition bien moindre que celle de Borja Jiménez à son premier. Division d’opinions.

Le premier de Borja Jiménez fait une sortie en piste molassonne avant de charger avec intensité les capotazos de son matador. Le combat face à la cavalerie est bref et intense, le toro soulevant le cheval contre les tablas. La seconde pique, plus longue, est également puissante. Un troisième passage démontre la détermination du Garcigrande à combattre. Quite de A. Talavante par chicuelinas et demi-véroniques, le tout avec petit pas de côté. Brindis au public. Au centre, Borja réalise deux péndulos, poursuivant en verticalité, sur la corne gauche. Musique. À droite, il enchaîne avec détermination un passage sérieux. Vient ensuite la décadence, corps penché, faisant tourner le toro autour d’un axe fuera de cacho. Les séries suivantes, à gauche, n’ont plus rien à voir avec les naturelles du début de trasteo. Entière trasera de bonne exécution et d’effet immédiat. Pétition majoritaire d’oreille non accordée. Vuelta. Bronca à la présidence.

Le dernier de Garcigrande est hondo, tirant sur basto. Borja Jiménez le passe en bout de cape, avec la bamba. Le combat au cheval va a menos en deux piques rondement menées. La cuadrilla est mise en difficulté au second tiers. Le tanteo par le bas est suivi par derechazos cités avec précaution. La charge est incertaine et nécessite des toques fermes. Borja "cite" por fuera pendant qu’il fait un pas en arrière pour sortir de la trajectoire. Puis, peu à peu, il se centre et tire laborieusement des derechazos plus classiques. À gauche, le toro se retourne court et le torero ne lui sert qu’une série mobile. Une dernière tentative à droite précède une entière trasera et desprendida. Silence

René Arneodau

 

 

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