Double présentation de Iker Fernández "El Mene" et de Tomás Bastos à Las Ventas. "El Mene", qui de toute évidence a du bagage, en a fait usage à mauvais escient. Tomás Bastos, quant à lui, semble devoir retourner aux exercices fondamentaux. Celui qui a connu les passages les plus purs fut Fabio Jiménez, sans pour autant mériter des éloges.
Le grand vainqueur du jour est le ganadero du Conde de Mayalde, dont le lot, moyennement présenté, a montré bravoure et mobilité à divers degrés, surtout le second, "Entrenador", un novillo de haut niveau dont "El Mene! a été incapable de tirer le parti qu’il méritait.

Le quatrième novillo se tord dans les lances de Fabio Jiménez, qui essaie vainement de canaliser la charge. Le tiers de pique se déroule dans le désordre, le picador en déroute et le novillo intervenant sans classe. Brindis personnel. Le bicho titube dès les premiers muletazos. Il est difficile de construire un trasteo dans ces conditions. Les tentatives restent vaines et irritent les tendidos. Une banderille posée dans l’emplacement d’une puya très en arrière a probablement affecté le novillo, qui doit finalement recevoir le coup de grâce au sol. Bronca.

Les véroniques et remate de "El Mene" à son second sont propres, mais ne transmettent pas. Le novillo subit le tercio de varas en deux rencontres. Bastos réalise un quite tout en parcourant un demi-ruedo et en marquant l’embroque des chicuelinas à distance du corps. Les pases de costadillo, suivis de derechazo et pase de pecho, démarrent le trasteo. Les séries droitières en position fuera de cacho et les embroques lointains pour des passes en ligne ne sont pas du goût de tous. Quelques muletazos isolés de meilleur calibre montrent le chemin qu’aurait dû suivre le torero. Le novillo est mobile et collabore. À gauche ressortent quelques naturelles dans un ensemble brouillon. Un passage en rond à droite réveille le public. Le novillero privilégie les trajectoires lointaines et longues à celles ajustées et terminées derrière la hanche. Un moment d'inattention descuido du jeune torero lui vaut une course-poursuite et une forte voltereta. Épée trasera et contraria portée à toute vitesse. Pétition non majoritaire. Avec arrogance, El Mene, poussé par sa cuadrilla et ignorant la division d’opinions, donne une vuelta dans un méga tohu-bohu. Il s’est fait une réputation, pas dans le meilleur sens de l’expression.

Le dernier novillo, distrait, met en difficulté Bastos à la cape. L’animal navigue en piste, puis pousse sous des piques fortes et mal portées. Le toro charge fortement vers les planches. Bastos met le novillo dans la muleta par doblones. Au centre, il cite de loin pour des derechazos al hilo et en ligne. La muleta est accrochée, et le novillero ne domine pas la charge. Dans plusieurs séries, tous les défauts du toreo moderne sont étalés : la position marginale et lointaine, les toques por fuera, le toro en ligne. À gauche, le novillero se croise, mais à ce stade, le novillo ne respecte plus les toques et nécessite des provocations pour avancer. Sur la défensive, il insiste sur les deux cornes en faisant étalage de ses carences. Épée verticale et basse. Silence.
René Arneodau