La corrida d'EL PILAR - MOISES FRAILE (5°) a tenu sa promesse d'être différente même s'il faut avouer qu'elle ne fut pas complète et que certains exemplaires ont manqué de force. Ces toros sont différents en corpulence et en comportement, certains créant une émotion intense sans perdre en noblesse. Les arènes étaient remplies au ¾, le temps nuageux et lourd. Quelques gouttes de pluies durant la deuxième moitié de la corrida.
Le premier d'EL CID montre des signes de faiblesse dès les premières passes de capote prises sans vouloir embestir. Le Pilar va seul et de loin au cheval mais sort par lui même rapidement. Il est piqué en arrière. A la deuxième rencontre il cherche à contourner le cheval. Durant la lidia le toro passe sans mettre la tête mais semble répondre à ce qui est à distance. Vu les difficultés rencontrées par El Boni dans la lidia on se demande si le bicho s'avise. Ce n'est pas le cas. Dans la muleta du CID le Pilar réponds en début de faena parfois à mi hauteur, parfois par le bas, sans vraiment terminer les passes. Dans la troisième série CID l'intéresse à la muleta sur la corne droite. La suivante est encore meilleure et le bicho répond aux toques. Puis dans un passage à gauche EL CID n'est pas à son aise et le retour à droite n'est pas du niveau des séries antérieures. Le toro termine en se réservant. Entière en arrière et tendida et plusieurs descabellos. Silence. Le second d'EL CID est distrait et ne permet rien au capote. Il le fait peu piquer. La faena est démarrée par des passes probatoires avec une mise en danger. A droite EL CID lie des passes en toréant fuera de cacho. Le toro est faible. En milieu de faena le PILAR lui tire un derrote vers le haut. Encore une courte série à droite avec le bicho qui trébuche et une tentative à gauche infructueuse. Entière basse et tendida. Silence.
L'homme du jour est David MORA. Son premier PILAR met bien la tête dans le capote mais en sort désintéressé. Quelques véroniques sont d'un excellent caché. Au cheval le toro donne des signes de faiblesse. Brindis au public. L'embestida du bicho est magnifique mais il ne résiste pas à l'effort et trébuche durant toute la faena, et ce même lorsque MORA essaye de maintenir la muleta à mi hauteur. L'émotion est absente. Entière contraire et silence. Vient un des moments forts de la Feria. Sort BILANERO de Moises Fraile. Il est abanto et MORA ne le cadre pas au capote. Il fonce sur le cheval dès sa sortie en piste et garde la tête haute dans la confrontation. Jusque là aucun signe de grandeur. Puis MORA et LUQUE décident de réaliser dans cet ordre des quites, MORA par chicuelinas et media, LUQUE par delantales et media. Brindis de Mora à une personne dans les tendidos. Dès la première passe MORA est engagé, il torée par le bas, genoux pliés. La série suivante à droite révèle une embestida profonde, puissante et vibrante du toro. La série est liée et fuera de cacho. La suivante est du même ordre et déclenche la musique. Suivent trois séries à gauche de la même intensité et à la troisième, dans la deuxième passe, aguantant une hésitation du toro, MORA est pris violemment. Il se relève et donne une série à droite émotionnante car le bicho transmet toujours. Il termine par de magnifiques adornos par le bas à ce toro qui est toujours présent. Entière a ley ( dont je ne décrit pas l'emplacement intentionnellement ). 1 oreille méritée et légère pétition de la deuxième dont je faisais partie. Applaudissements au toro. Grand moment de corrida de TORO.
Daniel LUQUE s'est coltiné deux tios. A son premier il dessine de bonnes véroniques sans remater car le PILAR sort de la série désintéressé. Le toro s'emploi à la première rencontre exécutée en carioca. A la deuxième le toro va a menos. Entre temps LUQUE tente un quite par véroniques abandonné car le bicho en sort distrait. Alors que les banderilleros attendent il insiste et place des véroniques et la media. Malgré l'expression de cette volonté, la faena ne sera qu'une succession de tentatives inabouties face à ce Pilar deslucido. Entière en arrière car le bicho trébuche au moment de la rencontre. Plusieurs descabellos. Silence. Pas de capote au dernier de l'après midi qui crée une chute du picador de réserve et panique dans la fuite vers le Burladero. Puis à la seconde rencontre en terrains habituels c'est la faiblesse qui prédomine. La brega en banderilles est compliquée et plutôt mal menée. Brindis au public. La faena, en terrain de Sol, est marquée par la volonté de LUQUE de se relâcher et de composer la figure. Il torée en ligne droite d'abord puis en courbe. Certains muletazos sont très réussis et il se passe le volumineux bicho très près. Le PILAR est noble mais ne transmet pas autant que son demi-frère. La faena se termine par des passes d'adorno par le bas. Aviso. Un metisaca et une ½ épée en arrière. Sonne le deuxième avis. Suivent plusieurs descabellos. Silence.
Compte tenu de leur volume et de leur corpulence les toros d'EL PILAR ne sont pas faciles à lidier car leur inertie est forte et la moindre erreur est difficilement rattrapable. Ceci explique que malgré leur noblesse ils aient créé de l'intensité. Le cinq nous a montré la différence qu'il y a entre suivre la muleta et attaquer la muleta, et aussi entre le temple pour attendre la charge et le temple pour canaliser la charge.