La novillada de La Quinta était, en ce début de saison de Las Ventas, le pendant de celle de Fuente Ymbro de la semaine dernière dans la programmation de Plaza 1 avec à l’affiche des novillos d’encastes différents : des santa-coloma après les jp-domecq. Le nombreux public qui couvrait les gradins de la plaza madrilène, en une après-midi de fraîcheur printanière, ne pouvait sortir indifférent après le spectacle offert par des novillos de comportement complexe, sauf le magnifique 5ème, et la prestation des novilleros vaillants, l’un malheureux, l’autre au bord de la gloire et le dernier résolutif. Le lot des novillos de La Quinta était complété par un de Rehuelga (même encaste), le 6ème, et sortait en deuxième position un sobrero de San Martín.
Le triomphateur de la journée est sans conteste le madrilène (d’Alcobendas) Ángel Sánchez. La faena réalisée au 5ème laissera un grand souvenir dans la mémoire des aficionados. La symbiose du novillero avec l’extrême qualité de «Pavito» , nº92 de 460 kg du 11/2013 de bon trapío malgré son poids, fut parfaite. Sans avoir été trop châtié aux piques, le novillo entrait dans la muleta d’Ángel Sánchez au ralenti et le temple et tracé imprimé aux passes constituaient une œuvre rarement contemplée à Las Ventas et de plus conçue par un aussi jeune torero. Malheureusement les deux oreilles que méritaient cette somptueuse faena, étaient perdues lors de la suerte suprême par deux pinchazos qui précédaient une estocade entière. Ángel Sánchez faisait une vuelta triomphale. Il faut souligner que le temple naturel de ce novillero était remarqué dans ses réceptions de ses novillos à la cape. Un parcimonieux quite jouant de la ceinture et des bras, dans une gestuelle parfaite portait le sceau privilégié des toreros capeadores. Ses débuts de faenas étaient consciencieux et les doblones au 5ème donnaient le ton, à la fois, de son savoir-faire et de la noblesse du novillo. Il avait toréé en premier le sobrero de San Martin, de 534 kg. qui avait tendance à «peser» à chaque passage dans les capes – il renversait Fernando Téllez qui, mal tombé et un peu assommé, était emporté à l’infirmerie – et la muleta. Malgré cela, il restait ferme dans sa position et gestes et tentait de lier ses passes à la limite de l’accrochage même lorsque le novillo s’arrêtait à moitié passe. Après une mise à mort laborieuse Ángel Sánchez était invité à saluer alors que le novillo était sifflé à l’arrastre.
Manolo Vanegas, novillero vénézuelien, bien connu en France, leader de l’escalafón en 2016 prendra son alternative de matador de toros à Vic Fezensac, le 5 juin prochain. Expérimenté il résolvait les problèmes de ses novillos avec peut-être un peu trop d’impétuosité et parfois des astuces de torero chevronné. Sa faena la plus complète était effectuée au 1er, un novillo léger, pas trop costaud, qui entrait avec mollesse et sans transmission, la tête à mi-hauteur dans une muleta qui s’«ouvrait» trop pour donner de l’importance au trasteo volontaire du vénézuélien. Comme tout santa-coloma qui se respecte et qu’il ne faut jamais lâcher, le novillo profitait d’un moment d’inattention pour aller au corps de Vanegas qui récoltait un puntazo sans suite à l’arrière de la cuisse droite. Une estocade - sans puntilla - après de bons ayudados por alto justifiait en partie une pétition d’oreille non accordée. Au 4ème, qu’il recevait par des véroniques genou en terre, la faena était dédiée à son ancien apoderado français Philippe Cuillé, décédé en février dernier. Là aussi le novillo sans transmission, entrait obéissant avec candeur dans la muleta et les passes se succédaient sans éveiller l’intérêt du public. Une grande estocade ne suffisait pas pour obtenir une oreille timidement sollicitée. Le dernier, de Rehuelga, - qui correspondait à Daniel García - se révélait être un novillo/toro qui, lui, recevait un châtiment sévère aux deux piques et durait toute la faena bouche serrée. C’était un animal bronco au début mais ensuite de charge courte avec tendance à se coller au corps du torero qui avec métier se sortait de ces situations délicates pour finir par des manoletinas serrées. Une autre estocade efficace avec avis.
Daniel García Navarrete se présentait à Madrid avec le bagage de plusieurs succès et prix avec et sans picadors en 2016 et 2015 respectivement. Il était blessé gravement à son premier novillo, coureur, sans fixité et ne laissant aucun répit au novillero qui égrenait des passes isolées et tentait d’assujettir une charge tantôt vive, tantôt rétive sur la corne gauche, en baissant la muleta, le vent gênait aussi. L’accrochage survenait à la mise à mort et, repris au sol, le novillo lui infligeait plusieurs cornadas au cou, région cervicale et fracture de clavicule (pronostic grave). Le novillo était achevé par Manolo Vanegas.
Manolo Vanegas : ovation et salut à ses deux premiers ; un avis et silence au dernier. Ángel Sánchez : saluts ; vuelta triomphale. Daniel García Navarrete : blessé gravement à son premier.
Georges Marcillac
merci Georges