La corrida de Victoriano del Río et Toros de Cortés (4 et 5) a déçu et devrait inquiéter les ganaderos. Quant à la présentation elle laissait à désirer en de tels lieux. Sébastien Castella n’a pas démérité mais n’a pas non plus su, épée en main, s’assurer le succès gagné avec la muleta à son second. Quant à Ureña, pour la énième fois, il a montré son courage et sa volonté qui, jusqu’à présent, n’ont pas suffit à le propulser au rang de figura. Après une belle entrée hier pour la novillada, les arènes de Las Ventas étaient presque pleines aujourd’hui.
En ouverture de corrida Sebastián Castella réalise un toreo de cape entrecoupé par les moments de distraction du premier victoriano-del-rí0. L’animal a un trapío accentué sur l’avant du corps. Le tercio de varas est limité au minimum pour tenir compte de la faiblesse du toro. Bref quite de Paco Ureña par véroniques torées et bousculade dans le remate en voulant tenir son terrain. Castella répond avec un quite propre, et bien choisi, par tafalleras et double remate qui porte sur le public. Brindis au conclave. Aux tercios, à distance, Castella "cite" pour des ayudados por alto, cambio por la espalda et une fin de série un ton en dessous car l’animal se réserve. La première série à gauche manque de proximité, citant à bout de bras. À droite, les derechazos son rapides et courts. À ce stade la charge du toro affecte la transmission du trasteo qui apparait mécanique sur les deux cornes. Entière caída en se profilant al hilo. Silence.
Le second de Sebastián Castella est un mastodonte aux allures bovines (626 kg.). Il se comporte en manso dès sa sortie en piste. Castella tient bon les semblants de charges et finit pas inciter le morlaco à suivre sa cape. Au cheval. l’animal s’emploie avant de se diriger vers les toriles lorsqu’il sort de l’épreuve. Il refuse la seconde pique et prend la fuite. Le processus de charge et fuite se multiplie autour du ruedo sous la bronca. Le toro est abanto au second tiers. Rafael Viotti reçoit l’ovation de Las Ventas après une seconde paire de banderilles très exposée, le torero étant soulevé par la corne du bicho à la tête chercheuse. Castella, dans une ambiance électrique, soumet l’animal par doblones avant de l’embarquer à droite en deux séries dominatrices, la seconde étant supérieure. Dans la troisième, l’animal donne des signes de vouloir abandonner et Castella l’oblige à rester dans la muleta. La première série gauchère est brouillonne par faute de la charge. C’est à droite que le matador met le public dans la poche avec un cambio de mano long, en redondo, enchainé aà la passe de poitrine, ce qu’il répète une nouvelle fois avec moins de réussite. Les manoletinas et pase del desprecio mettent un point final au trasteo, le public conquis. Deux entrées a matar en restant sur l’extérieur se soldent par des pinchazos. Entière portée au pas de course, trasera et caída. Sifflets au toro et vuelta fêtée pour le Français, qui aurait pu et dû être une vuelta al ruedo oreille en main si l’épée avait été portée avec conviction.
Le premier de Paco Ureña est bas, râblé, astillado des deux cornes. Il sautille par faiblesse dans la cape du matador. Le bicho pousse longuement sous une carioca excessive. Le second passage au cheval est bref. Quite sur le voyage par chicuelinas et demi-véronique de Ginés Marín. Les premières charges de la faena sont rebrincadas avec calamocheo. Paco Ureña avance et se croise entre les passes et réalise un trasteo mécanique. Lors du second passage à droite, il baisse la main et tente de tirer la charge. Les bonnes intentions se heurtent aux scories de charge de l’animal. À gauche, le toro donne brièvement l’illusion de vouloir suivre le leurre, par le bas, pour ensuite revenir à ses défauts. Pinchazos et entière desprendida. Quelques sifflets au toro et silence.
Le cinquième, massif, fait lui aussi une sortie en piste plus que réservée en évitant longuement les capes dont il a peur. Lorsque le président donne enfin, et tardivement, l’ordre de sortie en piste des chevaux, les fuites répétées se poursuivent au moindre contact de la pique. Le président toujours en retard, ordonne les banderilles noires. Le tiers est arrêté avec 3 banderilles sur le côté. Paco Ureña est face à l’épreuve. Il tire l’animal au centre et se dispose à toréer à droite. La première tanda complète est intense. Le toro, lorsqu’il met la tête la positionne bien. La charge est irrégulière et le matador est volontaire en plusieurs séries. À gauche le torero "aguante" des demi-charges à contretemps qui le mettent en danger. Il essaye à nouveau à droite et réussit à mettre le feu dans des doblones donnés vers les planches. Pinchazo en sortant bousculé. Entière a recibir. Avis. Jusqu’à la fin le toro a vendu cher sa peau en mettant en danger les toreros. Plusieurs descabellos avant que le toro ne meure alors que sonne le second avis. Bronca au toro à l'arrastre et ovation pour Paco Ureña qui donne une vuelta al ruedo triomphale.
Ginés Marín voit sortir de chiqueros un premier adversaire au trapío déséquilibré vers l’avant. Distrait, ce dernier cherche la sortie en chargeant la cape sans intention de répéter. Il pousse et provoque un batacazo du cheval contre les tablas lors de la première pique. La seconde, prise au cheval de réserve, est anodine. La faena dure un soupir avant que l’animal ne cherche le refuge des tablas, proche des terrains du toril. Entière légèrement trasera. Sifflets au toro et silence pour le matador.
Le dernier toro de la course est le mieux présenté du lot. Les véroniques avec la demi-véronique de Ginés Marín sont appliquées. Le bicho envoie voler le cheval et le picador au premier contact. À la seconde pique le toro pousse longuement, tête basse, en déplaçant le cheval. Le président nous prive d’une troisième pique qui aurait pu être un grand moment de la course. Le tanteo de muleta est suivi d'une série à gauche dans laquelle le toro cherche à se dégager de la muleta, accrochée répétitivement. À droite, le toro n’a pas envie de répéter et le trasteo est réalisé passe par passe. Ginés Marín insiste, mais son opposant se décompose et rechigne au combat. Entière ca-ida habile. Silence.
René Arneodau.