Vendredi 2 août - Toro “Almirante” de Murteira Grave gracié et triomphe de Jesús Enrique Colombo. Bonne prestation de “Clemente” et torería de Jorge Martínez.
Ce dernier jour de feria allait être marqué par l’historique indulto du toro “Almirante” de l’élevage portuguais de Joaquim Murteira Grave, sorti 5ème nº 47 de 520 kg. né décembre 2019, negro mulato bragado. En effet, pour la première fois de la plus-que-centenaire Bombonera un toro était gracié après son bon comportement dans le ruedo sous la direction du Venézuélien Jesús Enrique Colombo. Le cartel international de cette corrida annonçait notre compatriote bordelais Clément Dubecq “Clemente”, le Vénézuélien Colombo et l’Espagnol de Totana (Murcia) Jorge Martínez pour des toros portuguais déjà cités. Corrida de toros de physiques variés, corrects de présentation, un tío le 4ème, de 530 kg. et le 5ème pas trop armé et trapu. Le 6ème prenait deux piques. L’indulto remplissait de joie et d’émotion le public. Un groupe d’aficionados portuguais, apparemment proches du ganadero, furent les plus enthousiastes, larmes aux yeux pour les dames, grandes effusions et embrassades Un grand moment.
Jesús Enrique Colombo fut l’heureux challenger à cet Amiral, toro qui n’inspirait pas de grands espoirs, manso et fuyard sous l’unique pique, prenant querencia vers le toril… et d’un buen tranco lors du tercio de banderilles, intelligemment géré par Colombo, profitant de la querencia. A la cape, par delantales pour fixer le toro, par zapopinas et brionesa pour le spectacle, et aux banderilles, al violín pour la troisième paire. Le meilleur venait à la muleta, avec un début par le péndulo et pase de pecho, doublés et un changement radical du toro, fixé dans des passes en rond interminables mais surtout conservant une charge vive, constante et “humiliée” dans les passes fondamentales que Colombo ne négligeait pas. Les mouchoirs s’agitaient pour demander l’indulto. Accordé par la présidence qui à son tour montrait les mouchoirs pour les deux oreilles et la queue symboliques. La pointe de mansedumbre de “Almirante” au premier tiers ne devrait pas modifier d’un iota la décisión de l’indulto au vu de l’extraordinaire et infatigable comportement du toro à la muleta. Au 2ème, mansote aussi, J.E. Colombo sortait tout son répertoire, aux banderilles et à la muleta, dans un toreo remuant mais parfois orthodoxe comme dans quelques naturelles. Des circulaires inverses, molinete et le toro tendait vers les planches. Estocade contraire précédée d’un pinchazo.
“Clemente” ne déméritait pas. Notamment à son premier, un toro sérieux de présentation, burraco, qui “humilait” dans la cape et qui provoquait la chute du cheval pris par la croupe avant une bonne pique et charge vive. Cette charge et les déplacements allaient a menos mais le trasteo à la muleta tenait compte de ces conditions par le placement et exécution des passes. Des manoletinas pour finir et un estoconazo. Oreille. Le 4ème sortait “humilié” de la première et unique pique assortie de la carioca. Par la suite, la charge descompuesta de ce toro justifiait une faena volontaire de passes irrégulières et le torero devait corriger sa position pour lier les passes. Le toro lançait des derrotes sur la pin et s’arrêtait. Un trois-quarts de lame desprendida.
Jorge Martínez, jeune matador, a peu toréé cette année et on vérifiait les qualités qu’il avait positivement montrées de novillero. Ses deux opposants ne l’aidaient pas. Le 3ème était noble, sans entrega, qui s’éteignait, auquel étaient servies des passes, certaines “templées”. Jorge recevait un coup de plat de corne à son bras gauche pour un pinchazo. Il passait à l’infirmerie. Le 6ème ne se définissait que tard, en fin de faena. Andarín au debut, il améliorait ses charges au centre de la piste mais laissait entrevoir une faiblesse de pattes. Jorge Martínez subissait une voltereta sans conséquence, impavide dans un arrêt du toro à moitié passe. La fin avec des luquesinas avait réveillé le toro… La mise à mort était laborieuse, des pinchazos… et un seul descabello. L’avis avait sonné.
“Clemente”: une oreille; vuelta… non solicitée. Jesús Enrique Colombo: ovation; deux oreilles et queue symboliques. Jorge Martínez: saluts; un avis et saluts. Le ganadero, le mayoral et J.E. Colombo étaient portés en triomphe au terme de cette intéresante corrida. |
Georges Marcillac
Photos de Philippe Gil Mir pour mundotoro,com