Mont de Marsan – 17 juillet 2024 – 1ère de Feria – Faux départ de La Madeleine.

L’ouverture de la feria de La Madeleine au Plumaçon annonçait des toros de El Puerto de San Lorenzo (seuls les 1er et 2ème) d’origine Atanasio Fernández et de La Ventana del Puerto, d’origine  JP Domecq, deux fers d’un même propriétaire de Salamanque: Lorenzo Fraile Martín On est habitué à ce mix d’encastes  en donnant priorité à celui de Domecq (idem les sobreros) Morante de la Puebla devait être le chef de lidia mais sa saison est interrompue  à cause de problèmes de santé.  C’est Alejandro Talavante qui le remplaçait, le cartel étant complété par Daniel Luque, triomphateur l’an dernier, et Dorian Canton en récompense d’une bonne prestation à une corrida de El Pilar d’une autre branche de la famille Fraile… Les toros bien qu’ils soient de deux souches différentes montraient, ce jour, les mêmes caractéristiques de mansedumbre, d’absence de forces parfois, qui allaient au cheval pour recevoir des piques insignifiantes et qui exhibaient à la muleta des comportements dépourvus de race et, en conséquence, dénués d’intérêt pour les aficionados. Seul le premier se distinguait du lot par une noblesse édulcorée qui durait dans la muleta d’Alejandro Talavante.

Photos André Viard

Alejandro Talavante toréait avec facilité le premier de “El Puerto” aussi bien à la cape qu’à la muleta, bien décollé de la trajectoire du “bonbon” (dixit un de mes voisins) dans un silence assourdissant tant le public était impressionné par le triste trasteo du torero de Badajoz! Une dernière série de la droite, plus rapprochée, précédait des manoletinas, elles aussi sans réction de l’assistance avant une estocade arrière et derrame. Talavante invitait le public à se manifester… sans le succès espéré. Le 4ème n’était pas fixé à la cape. Il recevait un pique légère et un picotazo. Il arrivait à la muleta, accueilli à genoux pour des passes de la droite en redondo, du meilleur effet, avec l’intention de créer une ambiance qui lui avait fait défaut au premier. Debout, de la droite, les derechazos en rond avaient pour remate une passe de poitrine de la gauche, dans un parfait enchaînement. De bonnes naturelles, ensuite alternées de la gauche et de la droite (donc sans l’épée ayuda). AT faisait manifestement l’effort et terminait par un desplante théâtral, jettant la muleta! Quelques passes aidées par le bas avant de cadrer, en suerte contraire - donc vers les tablas – indiquaient que le toro n’en pouvait plus… La demi-estocade, arrière, desprendida, en finissait avec cette faena, plus animée par la volonté du torero bien au-dessus de la condition du toro.

Photos André Viard

Daniel Luque ne laissera pas un grand souvenir de son actuación, cette année, au Plumaçon. Pourtant habitué aux toros du “Puerto” et souvent s’accomodant avec talent du tempéremment de toros de diverses caractéristiques, il était confronté à des toros qui malgré ses efforts, n’obtenait pas le résultat escompté. Sans fixité, distrait même avant de confirmer son caractère de manso, le deuxième ne recevait que des piqùres d’un picador qui était applaudi… Sans force, ni entrega, il finissait dans le terrain du toril où Daniel Luque lui donnait des passes totalement inutiles après lui avoir servi quantité de passes , muleta collée au museau du too pour éviter qu’il s’échappe, en direction des tablas. Une estocade, l’épée ressortait d’elle même dans la fuite du toro, précédait un pinchazo hondo croisé. Sonnait un avis. Au 5ème, Daniel Luque réalisait une faena irrégulière, avec des hauts et des bas, dûs aussi au comportement irrégulier du toro, fléchissant ses pattes avant miantes fois, effectuant même une vuelta de campana qui n’arrangeait rien, pour ensuite se reprendre et charger avec ténacité dans des séries de passes, surtout de la droite, alors que Daniel Luque cherchait à toréer par naturelles… La faena se prolongeait et sonnait un nouvel avis après une estocade arrière verticale. Deux descabellos.

Photos André Viard

Dorian cantón passait sans peine ni gloire face à des toros peu coopératifs. L’un, le 3ème, fuyard, cherchait délibéremment les planches à la sortie de passes radiales. Il avait cette même tendance dans des terrains et direction de passes plus tangentielles. Rien n’y faisait, le toro finalement rajado. L’autre, donc le 6ème, dès son passage dans la cape, sans être fixé, exhibait un coup de tête en fin de chaque lance et le conservait à la muleta. Il en résultait une faena assortie d’accrochages de muleta, sans ”humiliation” du toro. qui “protestait en fin de passes. Presque à la fin, une série sans ces accrochages prétendait corriger le défaut qui reapparaissait aussitôt dans des naturelles, pieds joints. La mise à mort était laborieuse et un avis sanctionnait une série de descabellos. A décharge de Dorian Canton, on lui reconnaîtra des gestes et attitudes montrant qu’il n’avait pas démérité – sauf à l’épée – et que par instants on discernait une qualité intrinsèque de son toreo: le temple.

Alejandro Talavante: silence; quelques applaudissements. Daniel Luque: un avis et silence; un avis et silence. Dorian Canton: saluts; un avis et silence. Au terme du paseíllo, était jouée et entonnée La Marseillaise. Gradins garnis à 99, 9 %.

Georges Marcillac

Photos André Viard pour mundotoro.com

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