Cette corrida pouvait être considérée comme un évènement puisque le torero à cheval Pablo Hermoso de Mendoza qui fait aussi sa tournée d’adieux en raison de sa prochaine retraite, se présentait pour la dernière fois sur le sable gris de Vista Alegre. Dans cette corrida mixte, deux toreros à pied l’accompagnaient: Diego Urdiales après quatre années d’absence ou d’oubli au Botxo et Juan Ortega, le Sévillan de Triana dont c’était la présentation dans la capitale de Biscaye. La malchance semblait s’acharner sur Diego Urdiales car dès leur sortie du toril, son premier toro titulaire de La Ventana del Puerto terminait sans coordination - descordado - dans un mouvement face à un burladero et son remplaçant de EL Puerto de San Lorenzo se blessait de la patte avant gauche. Sortait un autre sobrero, de Valdefresno qui tenait sur ses pattes mais qui n’avançait presque pas. Il est à remarquer que ses trois toros procèdent de la même famille de ganaderos de Salamanque… Finalement, le 5ème était de El Puerto de San Lorenzo, un manso intégral. Ceci résume les incohérences d’information vécues par le public et le manque de sérieux des organisateurs car le programme annonçait seulement des toros de La Ventana del Puerto sans préciser l’origine des sobreros. De plus, les annonces faites sur les écrans ne correspondaient pas toujours à celle des panneaux habituels montrés dans la piste! On ignorait aussi l’identité du sobresaliente… Un gros mauvais point pour la empresa. Sans parler de la présentation des toros, plus tellement en accord avec celle des “toros de Bilbao”
Pablo Hermoso de Mendoza, affrontait les toros annoncés sur le papier de El Capea en réalité de San Pelayo (bonnet blanc et blanc bonnet, puisque appartenant à Pedro Gutiérrez “Niño de la Capea” ou de sa famille), toros d’origine Murube-Urquijo habituellemet réservés aux rejoneadores. Le premier recevait deux rejones de châtiment et toute une série de banderilles, normales et courtes, avec quelques passages en faux. Le toro restait court dans ses charges. Le rejón de muerte était porté à toro arrêté, après un premier ratage près des barrières. A terre, Pablo Hermoso devait s’y prendre à deux fois au descabello. Au 4ème, plus vif dans sa course, Il pouvait déployer tous ses talents de cavalier montant successivement Regaliz pour un seul rejón de châtiment et Nairobi pour les banderilles alternant les courses dont le spectaculaire galop à deux pistes ou la hermosina, suivis du plus véloce galop de côté et recorte vers les tablas. Avec Malbec venaient les poses de banderilles avec cite piaffé près des planches pour un quiebro au centre de la piste, le tout assorti de l’adorno de la pirouette. Les banderilles courtes près des tablas dans une noria sans doute exagérée précédaient, dans le même terrain, un rejón de muerte d’effet rapide et les deux oreilles couronnaient cette dernière démonstration de monte et toreo équestre.
Diego Urdiales, après les atermoiements du début, devait enregistrer une nouvelle déconvenue avec le sobrero de Valdefresno, abanto, qui rechignait devant les capes, totalement arrêté presque “de marbre” à la muleta… et finalement rajado. Un cadeau! Un pinchazo et une épée desprendida. La malchance poursuivait Diego au 5éme, toro de poids, sans cornes… qui sortait suelto de la deuxième pique. Après le brindis de rigueur à Pablo Hermoso de Mendoza, cet exemplaire s’échappait à grande vitesse vers le toril dès que la muleta lui était présentée.. A partir de là, s’engageait une poursuite pour voler des muletazos à ce manso perdido. Il fallait en finir. Là se prolongeait le calvaire de Diego: épée atravesada qui sortait sur le flanc de l’animal, ensuite une collection de pinchazos - un avis – et une autre de descabellos!!
Juan Ortega, lui, avait la chance de pouvoir se mesurer aux deux toros de la Ventana del Puerto, titulaires et rescapés du lot. Son premier était reçu par une série de belles véroniques et la demie ciselée au centre de la piste. Un tantinet gazapón, ce toro recevait trois piques, légères, on le devine, Comme à son habitude, Juan Ortega engageait la faena de muleta par un tanteo par doblones suaves, des passes isolées longues et la passe de poitrine. Ce toro n’accompagnait pas comme on l’aurait souhaité un trasteo élégant mais trop diffus, dans divers terrains. L’amorce d’une passe à gauche, valait un avertissement de ce toro qui ne passait pas de ce côté. Le reste de la faena, sur la corne droite, était émaillé de jolis gestes, des molinetes et des passes liées et “templées” mais… aussi d’accrochages de muleta, tête du toro relevée. L’épée verticale, desprendida, efficace, faisait son effet et aussi sur le public qui demandait l’oreille… accordée. C’est au 6ème, un toro noble mais sans trop de transmission, que survenaient les meilleurs moments d’une soirée grise, avec txirimiri, lorsque Juan déployait tout son talent, son art pourrait-on dire, dans un quite par chicuelinas et surtout, en début de faena, par des ayudados por alto d’abord, par le bas ensuite, et des doblones de grand style et temple. Des passes de trinchera pour placer le toro avant les séries de derechazos, d’extrême lenteur, les naturelles, une à une, composaient le reste de faena, détails et attitudes de grande esthétique. Une bonne estocade en volapié qui nécessitait un descabello mettait fin à la prestation tout à fait concluante de Juan Ortega.
Pablo Hermoso de Mendoza: silence; deux oreilles, sortie a hombros. Diego Urdiales: silence; un avis et silence. Juan Ortega; une oreille; saluts. Victor García "El Victor" et Jesús "Tito" Robledo de la cuadrilla de Diego Urdiales saluaient après la pose de banderilles au 5ème. Avant le paseo un traditionnel aurresku rendait hommage à Pablo Hermoso de Mendoza. |
Georges Marcillac
Photos de BMF Toros 2024
Très formatif pour un aficionado débutant mais désireux d’apprendre.Merci