Un quart de plaza est venu voir cette première corrida de la Semana Grande 2017. Jusqu'à ce que nous voyions les entrées des jours à venir, nous mettrons ce mauvais résultat sur la concomitance avec un match de foot qui avait lieu à la même heure au stade San Mamés. La corrida de Torrestrella fine et de belle présentation (sauf le six plus massif) est à l'origine d'un consensus quant à l'intérêt qu'elle a suscité chez les aficionados. Beaucoup de mobilité, une certaine bravoure au cheval et de l'émotion durant toute la corrida. La division vient de l'interprétation qu'il convient de donner à ces caractéristiques. Nombre d'aficionados ont trouvé la corrida bonne et sous utilisée par la terna. Je dirais d'une part que si ce lot a été si bon cela se traduira, sous peu, par la demande des figuras de toréer les exemplaires de cette ganaderia. Je ne crois pas un instant que ce sera le cas car, de mon point de vu, le lot présentait aussi des scories et complications qui nécessitaient beaucoup d"entrega" de la part des toreros. Antonio Ferrera a le mieux géré cette exigence. C'étaient une corrida de mise à l'épreuve devant laquelle il aurait été très intéressant de voir la génération montante, prête à tout mettre en jeu pour un grand triomphe, au péril de leur intégrité physique.
Le premier Torrestrella est fin, avec l'arrière train sous-développé, mais bien armé. Il permet à Juan José Padilla de réaliser trois largas cambiadas à genoux le corps présenté, curieusement, de trois-quarts. La suite se déroule dans le désordre y compris la première mise en suerte par chicuelinas marchées, Padilla étant gêné par la charge sosa du bicho qui serre aussi à droite. Une seule grande demie véronique de Ferrera termine un tiers de pique, en double ration, sans sortir de l'ordinaire. Les trois banderilleros alternent au second tiers, El Fandi tirant le meilleurs parti de l'occasion dans un dentro por fuera ajusté. Brindis au public. Les hésitations des premières charges mettent Padilla sur la défensive et encore plus lorsque le toro réitère une "colada" à droite. Le torero après une série à gauche probatoire est encore surpris et continue sur la défensive entre fuites et désarmés. La charge est exécutée sans humilier pleinement, avec derrotes et retours secs, sans vraiment terminer les passes. 3/4 de lame en arrière, de coté et atravesada. Un descabello.
Le second de Juan José Padilla est lavado de cara et ne s'emploie pas du tout dans les capotazos du maestro. Le Torrestrella est mal piqué, en arrière, par deux fois. Padilla se charge seul du second tiers dans le style maison bien apprécié du public. Le tanteo de muleta montre un Padilla qui se confie de menos a más. Le toro ne baisse que furtivement la tête et est distrait dans les derechazos volontaires du torero. Ce dernier connecte avec le public avec ses effets habituels faute de toreo pur. À gauche, il arrache quelques naturelles. La charge du Torrestrella est peu intense, à mi hauteur et par à-coups. Dans ces conditions Padilla tire parti des circonstances, essentiellement à droite, le public lui reconnaissant l'effort. Manoletinas en cherchant la tête. Un metisaca est suivi d'une entière contraria, tendida et atravesada. Plusieurs descabellos sont suivis d'une nouvelle entière basse et d'un autre descabello. Palmas au toro. Silence.
Les charges du second sont vives et ne permettent pas à Ferrera de se confier à la cape. Le Torrestrella prend deux piques en répondant de loin et en ne s'employant que dans la première rencontre. Quite de El Fandi par chicuelinas aisées. Ferrera invite ses compagnons de cartel aux banderilles. Le toro galope avec promptitude et avec force au second tiers. Padilla pose une bonne paire au cuarteo et Ferrera une paire exposée por dentro contre les planches. Brindis au public. Le toro transmet dans les premières charges de tanteo. Ferrera se centre à droite dans une série dont ressort un grand derechazo tirant le bicho par le bas. Dans la seconde série il tient bon sur une charge vive et légèrement à contretemps. Le bicho ne donne rien gratuitement et Ferrera est à la hauteur du challenge. À gauche, la charge baisse de ton mais pas la difficulté. Le torero fait face avec torería, en allongeant une charge à tendance courte sur cette corne. Le final de faena est réalisé "a gusto" avec douceur et classe. Pinchazo et 3/4 de lame desprendida. Palmas au toro. Ovation et salut au tercio.
Le cinquième oblige Antonio Ferrera à marcher avec lui au capote et à le mener au centre. C'est le maestro qui se charge de la lidia et le premier tiers est mené rondement. Au moment de poser les palitroques, quelques sifflets, dûs semble t-il aux couleurs de ceux-ci (couleur du drapeau de l'Espagne) incitent Ferrera à laisser la main à sa cuadrilla. Le début de faena genoux en terre est de haute tenue, plein de torería. La charge est intense, parfois violente, et le torero en prend la mesure avec assurance et détermination sur les deux cornes. En seconde partie de faena la vivacité devient genio et les derrotes accrochent les naturelles. À droite Ferrera reprend la main avec maestría. Il conclut à gauche avec des scories mais en solutionnant les difficultés avec la classe qu'on lui connait. Quasi entière en arrière et caida, en décomposant les temps. Palmas au toro et oreille.
Le troisième de belle présentation est reçu par David Fandila "El Fandi" à genoux en larga cambiada, le reste se limitant à un tanteo de cape. Le bicho s'emploie en deux rencontres et met El Fandi sur les talons dans un quite par navarras avant de décourager Padilla d'en réaliser un. Aux banderilles, le toro charge avec verve et met en difficulté le trio qui sauve l'honneur faute de briller. Brindis au public. Le Torretrella met en danger El Fandi dès la première passe droitière. Il choisit donc de poursuivre à gauche avec difficulté tant la charge est appuyée. Muleta aidée, le torero dessine des demi-muletazos, le leurre tenu en retrait. Le bicho gagne la bataille sur les deux cornes sans ouvrir la bouche. 3/4 d'épée trasera et tendida. Descabello. Palmas au toro. Silence.
El Fandi réalise au dernier de la course le meilleur toreo de cape du jour en véroniques simples et profondes. Quite par chicuelinas de El Fandi entre deux varas mal portées et poussées par le bicho. El Fandi banderille dans son style athlétique habituel pour la plus grande joie des tendidos. Le torero entame la faena avec fermeté face à une charge appuyée. Puis vient un passage à vide, à droite, durant lequel la charge va a menos développant une dose de genio. El Fandi tente de reprendre la main sans succès sur les deux cornes avant d'abandonner. Trois-quarts de lame desprendida et deux descabellos. René Philippe Arneodau.
La corrida muy buena y Ferreras también,