Bilbao 19 Août 2025 - Corrida exigeante de Dolores Aguirre et triomphe important de Damián Castaño qui coupe l’oreille de son premier, primé de la vuelta al ruedo.

Le lot de Dolores Aguirre de belle présentation, a donné un jeu varié et exigent. Seul Damián Castaño a été en mesure d’en tirer profit à base de volonté, d’engagement et en partie de technique. On pouvait voir sur son visage les stigmates d’un effort non négligeable. Il fallait, en effet, tenir bon face aux charges de son premier opposant, ce qu’il sut faire avec entrega et vaillance. L’oreille qu’il a coupé aurait pu être double, à peu de choses près. Une série en moins et une épée en place et nous parlerions d’une des faenas de la temporada.

Damián Castaño fait face à un premier opposant, colorado, de belle allure, qui charge avec force et rectitude dans les véroniques appuyées et la demi-véronique du torero. Le combat sous le fer est violent et bref lors de la première pique. Placé loin, le toro charge à nouveau promptement et avec entrain. Mis en suerte une troisième fois, au centre, il avance au pas, puis attaque et pousse brièvement. Juan Leal réalise un quite par espaldinas et tafallera. Brindis à l’apoderado Manolo Sánchez. Les premiers muletazos sont intenses du fait de la charge du toro. Damián Castaño le conduit à droite, main basse, en trois séries intenses. Musique. La vertu du torero est de citer de loin, d’enrouler sans se replacer et de ne pas perdre de terrain. Sur la corne gauche il tente de faire de même avec une réussite moindre. De retour à droite, la charge s’est raccourcie et la faena prend fin. Entière très en avant mais en entrant avec détermination. L’épée d’effet immédiat déclenche une pétition d’oreille accordée. Vuelta al ruedo au toro.

Le second de Castaño est un tío qui se plante et regarde. Ses premières charges sont vivaces, pattes lancées en avant. Le matador effectue une brega "para dentro" puis "para fuera". Le bicho pousse sous une pique basse rectifiée. Placé au centre le toro revient pour une seconde ration dans laquelle il s’emploie de nouveau. Une troisième pique met en valeur le fond de bravoure du Dolores Aguirre. Toujours pensif, le toro charge au second tiers en mesurant les distances pour tirer des derrotes inopportuns. Montera vissée sur la tête, Castaño cite depuis le centre muleta à droite. Il met en valeur la charge du toro dans une série en redondo sans rectifier la position et en terminant la série. relaché. Les deux suivantes dans le même esprit, sont bousculées par moment, dans une intensité palpable. La position fuera de cacho ne pardonne pas avec ce type d’animal. La première série à gauche est profonde et liée, en laissant la muleta sous le museau. La suite n’a plus la même réussite, car la charge s’est éteinte, et la faena prend fin. Deux pinchazos suffisent pour que le toro se couche. Palmas au toro. Salut pour Damián Castaño qui passe à l’infirmerie pour une blessure au poignet.

Le second toro pour Juan Leal est étroit, surtout du train arrière, et cornalón. Le Français brega une charge courte et calculatrice. Le toro pousse sous la première pique où il est fortement piqué. Placé loin, le bicho charge à nouveau tête haute et sort presque immédiatement. À plusieurs reprises, au premier et second tiers, l’animal met en sérieuse difficulté la cuadrilla. L’ouvrage s’annonce compliqué. Juan Leal entreprend à droite le bicho en terrains de toriles avec aplomb. Il enroule trois séries depuis une position marginale mais contrôlée, en rajoutant le cambio dans le dos pour l’émotion. À partir de la quatrième série la charge se réduit et les toques se font brusques à dessein pour provoquer la charge. Sur la corne gauche, la main est basse et conduit fermement la charge depuis un positionnement soit al hilo, soit fuera de cacho. Une dernière série droitière est produite en redondo, en restant en place entre les passes, enroulant les muletazos avec détermination face au peu de charge qui reste à l’animal. Entière atravesada et verticale, avec la pointe de l’épée sortant au niveau de l’aisselle du toro. Suivent deux pinchazos et un long passage au descabello, avis inclus. Silence.

Juan Leal reçoit son second, un mastodonte, a puerta gayola par larga cambiada de rodillas exécutée avec beaucoup d’aguante. Le toreo de cape, voulu immobile au centre, est également réalisé avec fermeté. Peu combatif sous le fer, le bicho passe d’un cheval à l’autre à sa guise et finit par prendre, sans classe, trois piques en tout. Leal exécute des passes de costadillo terminées en remate avec la main gauche. La charge est courte et le torero soutient les coups de tête, à droite, dans un terrain très (trop) rapproché. Vaillant en plusieurs séries, on sent qu’il est mis à l’épreuve par le problème posé. Il tente alors de donner de la distance sans que cela soit une solution. L’ensemble brouillon et "tremendiste" ne plaît guère au public. Une demi-lame desprendida et tendida, suivie de plusieurs descabellos. Quelques sifflets.

Luis Enrique Colombo affronte le troisième de Dolores Aguirre. trapu et bien armé. Le torero n’arrive pas à canaliser la charge rectiligne, toréant alternativement par véroniques ou delantales. Mal piqué, le bicho finit par s’immobiliser sous le peto. Placé au centre, il s’approche au pas, avec distraction, pour une seconde et brêve seconde ration de pique. Le second tiers à charge du matador est un exercice d’acrobaties avec deux passages en faut, une paire à tête passée et deux de "violin", de recours. Brindis personnel. La faena débute par des muletazos variés, d'essai jusqu’au centre. Visiblement sans confiance Colombo réalise une première série gauchère, aidée de l’épée, en envoyant la charge à l’extérieur. Il en va de même à droite alors que le toro s’est blessé à la patte avant gauche au cours de la lidia. La faena n’a plus de sens. Bajonazo. Silence.

Le dernier toro de la corrida est reçu par le Vénézuélien par véroniques dans lesquelles la charge brusque, et parfois trébuchée, limite le résultat artistique. Le toro pousse en parallèle au peto sous une mauvaise pique. Lors de la seconde la lidia prend une tournure pour le pire, tant dans la brega de la cuadrilla que dans l’exécution de la suerte de varas. Colombo prend en main le tercio de banderillas avec un cuarteo a tête passée, un second plus ajusté, et enfin un violín cité à genoux et posé avec métier. Brindis au public. Le toro veut voguer à son rythme. Colombo lui sert d’abord des muletazos spectaculaires dans toutes les directions. A droite, il danse sans trop de décision, en "toquant" tellement fort qu’il envoie le bicho au sol. À ce stade, le toro, distrait, tire des hachazos et trébuche. Colombo le mène devant les tendidos de sol où il développe un toreo vulgaire et incertain, démonstratif des limites de ses recours. Entière habile, trasera et atravesada. Plusieurs descabellos. Silence.

René Arnéodau

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