Avec les arènes au 3/4 pleines pour cause de festivités du Real Madrid, une minute de silence a été respectée pour les victimes de l'attentat de Londres. La corrida de Cuadri présentée dans le type, a vendu chèrement sa peau face à deux vétérans et un jeune habitués des corridas dures. Aucun n'a démérité, mais aucun n'a vraiment trouvé comment employer les quelques bonnes charges pressenties, mais aussi risquées. Les Cuadri n'ont pas été d'une grande bravoure. Ils ont donné un jeu irrégulier et compliqué à maîtriser. Notons entre autres éphémérides la prestation professionnelle et brillante du Français Marco Leal que le public de Las Ventas a remarqué et invité à saluer.
Fernando Robleño accueille le premier Cuadri par des véroniques dans lesquelles le toro saute et calamochea, puis se fixe peu a peu. Il prend la première pique sans classe et en sort titubant. La seconde est un simple passage pendant que grondent les protestations au vu d'un nouveau fléchissement. Robleño débute sa faena depuis los medios, muleta à droite, en essayant de profiter des chargess franches mais sautillantes du Cuadri. Les génu- flexions se suivent ainsi que le mécontentement des gradins. Pinchazo et entière basse et atravesada. Sifflets au toro. Silence.
Fernando Robleño reçoit son second côté Soleil pour découvrir des charges brusques et sautées dans la cape. Sous les deux piques traseras le toro s'emploie sans bravoure. Le matador débute sa faena côté Ombre pour mener le bicho au centre face au tendido 3. Muleta à gauche, il donne une série bagarrée et courte terminée par une passe de poitrine qui révèle une charge répétitive et noble. À droite, il arrive à faire de même. Les naturelles suivantes données une par une montrent que le toro va rapidement a menos et devient tardo. Ceci explique les zapatillazos du matador sur les deux cornes pour provoquer la charge. Plusieurs tentatives sur les deux cornes sont applaudies pour la volonté exhibée par le torero. Un metisaca est suivi d'un bajonazo. Palmas.
Le second Cuadri est massif avec une armure courte mais agressive acapachada. Il charge droit mais sans complètement "humilier" dans la cape réservée de Javier Castaño. Il pousse sous une bonne pique de Pedro Iturralde. Pour la seconde, il est placé loin. Iturralde déplace brillamment sa monture pour citer. Le seconde pique est en arrière mais applaudie comme le quite par saltilleras de José Carlos Venegas. Marco Leal et Fernando Sánchez brillent et saluent à juste titre sous l'ovation pour leurs banderilles. Après tanteo, Javier Castaño se fait déborder en gardant la main à mi-hauteur à droite. Il tient bon face au regard fixe du toro sur lui et poursuit à droite en prenant peu à peu la mesure de la charge. Le passage à gauche croisé, toréant passe par passe est meilleur. Le toro comme à la cape se fait prier pour "humilier". Javier Castaño s'arrime jusqu'à ce que quelques sifflets l'incitent à prendre l'épée. L'animal n'"humilie" pas du tout au toque de muleta et ferme la porte à plusieurs passages avec l'épée. Castaño prend le descabello sous les protestations alors que ses tentatives à l'épée ont été, me semble t-il, dignes et volontaires. Silence.
Le cinquième est bizco et bondit pattes en avant dans la cape de Castaño qu'il désarme, Marco Leal dans la brega semble mieux canaliser cette charge. Le maestro prend note et ses capotazos pour mener le toro au cheval sont plus doux et "templés". Le toro pousse sous une carioca et se défend sous la seconde pique. Il met à l'épreuve la cuadrilla au second tiers. Marco Leal dans la brega et Fernando Sánchez aux banderilles se font remarquer, ce dernier saluant pour deux paires exposées. Après les passes de tanteo, Castaño arme la gauche tenue à hauteur du corps ce que le bicho n'accepte pas, en se retournant sur l'homme. À droite, la muleta en arrière provoque des effets similaires. Castaño torée à droite en retirant la muleta entre les derechazos et en donnant des toques forts pour provoquer la charge suivante. Il revient ensuite à gauche où l'on se rend compte que bien embarqué dans une muleta "templée" le toro va. Aurait-il suivit et répété avec une muleta avancée et laissée sous le museau ? Pinchazo et entière tendida et atravesada, le toro se "couvrant"au passage. Descabello. Silence.
José Carlos Venegas voit sortir de toriles un bel exemplaire de Cuadri qui galope avec énergie mais dont la charge dans la cape se désunit et se raccourcit peu à peu. Mal piqué une première fois, le toro tarde à retourner au cheval pour une seconde et meilleure ration qu'il prend en poussant. J. C. Venegas entreprend le Cuadri devant le tendido 7 en citant depuis les tercios, de loin et por dentro. Les premières charges sont désordonnées la tête bougeant dans tous les sens. Le vent fait onduler la muleta et le matador ne parvient pas à canaliser les charges à droite. À gauche, le bicho se retourne sur l'homme qui insiste jusqu'à la voltereta. Il poursuit à droite sans espoir de résultat et rend les armes sur un nouveau derrote meurtrier. Demi-lame tendida et desprendida. Avis et deux descabellos. Silence.
Le dernier Cuadri est armé long et large. Il semble charges dans la cape de Venegas avec de meilleures qualités et intentions que ses frères. L'animal donne des coups de tête sous le peto en deux rencontres. Ses agenouillements déclenchent des protestations. Une bronca majeure accompagne le second tiers car le toro parait incapable de bouger pour suivre les cites des banderilleros. "Fuera el Palco" gronde les tendidos au delà du 7. Venegas donne quelques derechazos qui indiquent que la bonne charge à la cape se confirme. Deux séries droitières sur les jambes obtiennent des applaudissements mais il faut bien dire que le torero ne prend pas la mesure et ne contrôle pas la charge à la hauteur de ses qualités. Idem à gauche. Venegas n'allonge pas le bras sauf dans des passes de poitrine où le toro suit la muleta quand on court la main. Avis. Dans une tentative de bernadinas le torero est soulevé. Bajonazo. Ce Cuadri était probablement un toro d'oreille.
René Philippe Arneodau