Le mano a mano n'a pas donné le résultat espéré, faute en grande partie au lot de Fuente Ymbro qui sans avoir fracassé, a souffert d'un manque de race, de force et de bravoure dans les attaques. Les toreros n'ont pas fait bouger les lignes, Perera résolument dans le toreo moderne sans jamais relever le gant de la compétition avec son compagnon de cartel et Fandiño totalement fidèle à sa conception du toreo exigeant, exposé et sincère. Les arènes étaient couvertes à un peu plus de la moitié par temps couvert. Le lot de Fuente Ymbro était bien présenté.
Perera tente, sans y réussir, des véroniques et delantales pour arrêter son premier opposant. Piqué en arrière le toro soulève la cavalerie tête sous le peto. Ayant accusé le coup, le toro n'est que peu piqué lors de la seconde rencontre. Fandiño ouvre les hostilités dans un quite par gaoneras au centre, auquel Perera, qui n'était pas intervenu, se sent obligé de répondre par chicuelinas dont deux sur la corne droite et une interrompue à gauche et revolera. Juan Sierra et Guillermo Barbero saluent en banderilles. Perera débute la faena par des passes sans caché, en va et vient à mi hauteur à droite. Il poursuit sur la même corne à mi hauteur toujours en reculant à la sortie des passes (perdiendo pasos). Poursuite de la faena à droite avant tentative à gauche ponctuée par quelques derrotes du toro, qui s'est dégonflé. Perera prend alors l'épée. Entière en arrière et de coté avant descabello. Sifflets au toro et Silence. Avec son second Perera est inédit à la cape. Piqué en arrière le toro soulève le cheval et le fait tourner. La seconde pique est aussi en arrière et le toro s'est employé dans ce tiers. Perera le brinde au public. Il mène le toro au centre. Là il donne deux derechazos et le toro s'en va. Il le récupère et lui sert une série en se positionnant hors de la trajectoire du toro (fuera de cacho), la jambe de sortie en arrière, embarquant dans des derechazos conduits. Dans la série suivante le toro se blesse à une pate et la faena prend rapidement fin sous les protestations du public. Pinchazo et entière desprendida et en arrière. Silence. Le quinto de la tarde va sauver Perera. Le toro va bien du coté gauche dans la cape mais Perera n'arrive pans à lier les capotazos. Piqué en arrière et sur le coté le toro s'emploi tête à mi hauteur. La deuxième pique est un simulacre. Fandiño intervient en quite par chicuelinas, tafalleras, et media. Bonne paire de banderilles de Joselito Gutierrez. Brindis au public. Perera débute au centre par trois pendulos entremêlés de derechazos et main gauche sans bouger. Les passes suivantes à droite sont longues, fuera de cacho, jambe de sortie en arrière. Il donne de la distance puis laisse la muleta sur le museau du toro qui répète d'abord, puis s'arrête. Il a du mal à répéter car Perera se tient hors de la trajectoire et en retrait hors du terrain dans lequel les toros répètent. Lorsqu'il avance la muleta il arrive à faire démarrer le bicho dans des passes isolées à ce stade. A gauche il reste dans le sitio. Le toro répond pour la meilleure série de la faena. Une autre série gauchère hors du sitio démontre, qu'ainsi, le toro a du mal à répéter. Dans la série droitière finale il couvre la tête et le toro reste dans un circular et redondo qui enchantent le public. Perera se profile sur le coté et porte une entière contraire, en arrière, atravesada de mauvais effet. Avis et descabello. Le public de Bilbao ne s'encombre pas de critères et demande avec force une oreille accordée. Applaudissements au toro.
Fandiño avec son premier toro débute comme il avait terminé hier. Son premier aleonado (partie avant du corps plus développée) abanto (coureur) est passé en cape avec tranquillité et douceur sans arriver à être fixé. Du coté gauche il ne cesse de poursuivre sa course. Comme d'habitude Fandiño fait peu piquer son opposant. Dans les capes ce bicho est violent et garde la tête à mi hauteur. Le début de faena en mode prise de contact sur les deux cornes démontre que le toro est andarin (marche) qu'il tire des derrotes. Fandiño le change de terrains. Là à gauche il donne deux naturelles supérieures main basse, face auxquelles le toro proteste. Il poursuit sans rectifier sa position jusqu'au pecho. Alors le toro abandonne et va au tendido de sol. Fandiño le déplace à nouveau pour l'embarquer avec détermination à droite dans une série courte de poder. Encore deux séries à droite dans le même principe démontrent qu'on peut faire passer un animal récalcitrant lorsqu'on accepte de marcher sur son terrain. Une dernière série à gauche imparfaite est superbe de domination. Final par macheteo. Espadazo légèrement en arrière puis deux descabellos qui refroidissent le public. Palmas et salut pour une faena qui par comparaison au final, valait plus. Le second Fuente Ymbro de Fandiño se blesse et est remplacé par un Alcurrucen manso, fuyard, incertain. La tentative à la cape ne donne rien. Le bicho fait des bonds de rodeo lorsqu'il sent la première pique portée en arrière et de coté. Il garde la tête relevée dans la seconde rencontre. Miguel Martin se distingue sans écho en banderilles. Avec ce difficile opposant Fandiño livre une faena courte, exposée dans le terrain du bicho, croisé, sur les deux cornes. Il termine par macheteo et bajonazo. Silence. Au dernier du mano a mano, Fandiño donne deux excellentes véroniques à la sortie desquelles le toro se désarticule ce qui l'empêche de répéter dans de bonnes conditions. Il est laissé cru au tercio de varas. Perera pour la première fois aujourd'hui rentre en compétition dans un quite précautionneux en mélange de tafalleras, cordobina et revolera. Fandiño brinde au public et débute par statuaires plus florilège de passes ajustées. Dans la première série droitière, face aux incertitudes du toro, il recherche les distances et recule entre les passes. Il use même à une occasion de la jambe de sortie en arrière pour embarquer. La série suivante à gauche marque le retour au sérieux habituel dans des passes données une par une, terminées par trincherilla. Face à cet animal qui se colle et se retourne rapidement Fandiño ne baisse pas les bras et poursuit sur les deux cornes un travail exposé et sérieux, dans les terrains du toro, main basse, en réussissant à voler des passes méritoires. Entière desprendida et cruzada avant avis et deux descabellos. Silence.