La Beneficencia de Madrid est une date des plus importantes de la temporada. L'ambiance et les compagnons de tendido changent. Viennent les figuras, en l'occurrence MORANTE qui distille au compte goute les gestes magiques que seuls quelques privilégiés peuvent produire. Même Rafael de Paula est venu le voir. Il s'est assis au 7, au milieu de ceux qui l'ont parfois conspué mais certainement admiré. Puis il y a eu Marchador de VALDEFRESNO, trop faible pour combattre au niveau qu'exige Madrid. Mais quelle embestida, quelle façon de mettre la tête en appuyant fort sur le train arrière et tourner la tête par le bas en sortie de passe pour se retourner avec vivacité. Le tout était trop fort, vif, sincère, pour que le bicho résiste à l'épreuve à cause du manque de force de son train arrère. Mais cette embestida fera rêver pendant longtemps. Un gâchis, car passée inaperçu auprès de la grande majorité des présents. Pourvu que le ganadero puisse la reproduire. Et pauvre ganadero qui a du voir ses plus beaux exemplaires rester dans un camion pour être remplacés par des Victoriano del Rio lidiés en 1° et 6°. Quelqu'un a refusé que les Valdefresnos du camoin soient pris en compte et c'est une corrida juste de présentation pour Madrid qui a été courue.
Juan José PADILLA affronte un premier Victoriano del Rio qui essaye de suivre un banderillero dans un Burladero. Le Maestro le reçoit par véroniques et delantales appliqués et esthétiques, alors que le toro a tendance à s'ouvrir, à s'écarter du corps dans la passe. Galeo par chicuelinas pour mener l'animal au cheval (Chicuelinas marchées). Mal piqué le toro accuse l'épreuve. Le tiers de Banderilles à charge de PADILLA voit une seconde paire très réunie dans un sesgo por fuera supérieur. Dans la faena après avoir préservé le toro, PADILLA baisse la main et le toro se dégonfle. De nombreuses passes sont données avec la muleta accrochée. Pinchazo en entrant droit et entière desprendida en étant soulevé.
Avec son second de VALDEFRESNO, PADILLA tente des véroniques mais le bicho ne va pas jusqu'au bout des passes. Il est distrait et sort de la cape en cherchant au loin. Le toro combat avec énergie mais sans classe au cheval. Il est mal piqué. La cuadrilla pose laborieusement les palitroques. A droite le toro alterne un peu de bon et beaucoup de mauvais dans ses embestidas et des séries données de une en une. A gauche le toro ne veut pas se soumettre. PADILLA se laisse voir et s'expose au point de souffrir une voltereta qui sans la noblesse de l'opposant aurait pu être plus grave, le toro ne poursuivant pas sa proie, longuement étendue au sol.
MORANTE est totalement inédit à son premier Valdefresno, juste de présentation pour Madrid, qui reste court dans l'attaque, se retourne sans zèle, calamochea dans la muleta (coups de tête) et parfois surprend par des arreones (charges surprises) alors que le reste du temps il vient au pas. Il s'était employé au cheval dans une carrioca. Pinchazo et 1/2 basse. Bronca.
Son second de Valdefresno est haut, beau, bien armé. Certaines des véroniques sont magnifiques, templées, toréant avec les vuelos, engagées très tôt. Le reste des capotazos est sur la défensive. L'embestida est longue et par le bas. D'abord piqué en arrière en poussant, le toro est ensuite piqué dans la paletilla (l'épaule). MORANTE dessine un quite par de nouvelles véroniques somptueuses, ensuite tronquées car le toro devient tardo et ne réponds plus aux toques de la cape lancée pour le faire charger. Dès les premiers muletazos MORANTE oblige l'animal dans un toreo par le bas, le tirant derrière la hanche mais sans pouvoir rematar (terminer la série par une passe de fin). Toujours à droite il répète une série similaire terminée par un cambio de mano. Le toro s'arrête à ce stade. MORANTE distille un macheteo por bajo, jambe pliée, très esthétique et très engagé. Le 7 lui a reproché en début de faena de toréer por fuera. Je ne suis pas d'accord avec cette interprétation. Le Maestro tue par des pinchazos répétés. "Palmitas" et pitos.
Le premier Valdefresno de CASTELLA est jolie mais sans trapio. Il indique de la faiblesse dès le premier tiers. Il est lamentablement piqué, dans les cotes, puis en arrière. Ses embestidas dans les capes sont extraordinaires mais son train arrière flanche à tout va. Toute la faena est une souffrance pour ceux qui voient la somptueuse qualité de l'attaque de Marchador. Dans la troisième série à droite il arrive à aller jusqu'au bout de la série mais l'émotion est absente. A gauche l'embestida est de lujo. Tout indique que le toro veut mais que son corps ne lui permet pas de supporter la qualité de ses attaques données tête basse, inclinée dans le sens de l'attaque, appuyées et poussées par le train arrière en se retournant avec vivacité. Avec une brega soignée peut-être aurions nous pu en profiter autrement. Pinchazo profond en arrière et atravesado. Avis. Le toro galope et tourne autour du ruedo. Entière trasera et tendida. Descabello et silence. Sentiment d'un grand rendez-vous manqué.
Le dernier est un Victoriano del Rio, fort musclé mais pas très beau. Les delantales sont servis un par un à un animal est distrait. Piqué en arrière, le toro pousse sous les deux rencontres. Javier Ambel salue après les banderilles. Brindis au public et triple pendulo au centre enchainés avec des passes por alto et remate por bajo. La série suivante à droite est donnée a mas, d'abord avec la muleta touchée puis templée. Le toro transmet. Il est violent ensuite à droite et CASTELLA passe à gauche où il arrive à templer dans quelques passes longues. Ensuite le toro proteste et CASTELLA ne maitrise plus le rythme et les difficultés. Le toro fini par se dégonfler (rajarse) et la faena, de mas a menos se termine en va et vient, CASTELLA initient les séries, muleta en retrait et essayant d'enchainer la suivante. Demie épée trasera et tendida. Avis, descabello et silence.
NO HAY BILLETES et présence dans le Palco Royal de l'Infante.