Séville -10 mai 2025 - 15e de Feria - Porte du Prince méritée pour David de Miranda le jour de la despedida de Cayetano.

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La corrida de El Parralejo, présentée dans le style de Séville, avec des hechuras diverses, avait dans l’ensemble une dose de mansedumbre mais aussi de la mobilité à la limite des forces. Certains sont allés jusqu’au bout du combat et d’autres ont rendu les armes prématurément. Face à deux adversaires dans la moyenne, David de Miranda a vécu le triomphe de ceux qui viennent décidés et mettent tout en jeu pour atteindre leur but. Aucune concession au toreo défensif. Majoritairement en verticalité avec des trajectoires honnêtes, près du corps, avec inspiration et créativité. Sa prestation contrastait avec celle de son compagnon péruvien, qui fut basée, dans l’ensemble sur la protection, l’éloignement et l’accumulation.

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Cayetano réalise les premières véroniques du jour, certaines pieds joints, au rythme d’une charge qui lui laisse du temps entre les passes. L’animal titube avant les piques qu’il prend en poussant, collé de profil au cheval. Brindis au public. Le long des tablas, le tanteo confirme l’invalidité du toro qui ne cesse, depuis le premier tiers, de trébucher ou de tomber au sol. La faena perd donc tout intérêt et les muletazos sont réalisés à mi-hauteur par nécessité. Le public proteste. Entière trasera, caída et tendida. Silence.

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Le second et dernier toro de la carrière de Cayetano dans la Maestranza permet au matador de réaliser des véroniques et demi-véroniques appliquées. Le parralejo pousse brièvement sous le fer. Quite brouillon de Roca Rey en chicuelinas et revolera. Brindis personnel. La musique joue dès le changement de tiers en l’honneur de la despedida du matador. Malheureusement, le bicho fléchit lors des derechazos, puis avance au pas, bouche ouverte. Cayetano construit une faena des deux mains, avec application, mais dénuée d’émotion. Entière trasera et tendida. Descabello. Ovation et salut au centre pour la despedida.

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Le premier toro de Andrés Roca Rey donne des signes de mansedumbre puis galope avec vivacité vers la cape du matador, qui est allé le chercher au centre. Le vent fait flotter par moments les trastos et le travail de cape se réduit à une série courte et brusque. Le toro "fait l’avion" et sort loin au bout des passes. Au cheval, il pousse fort en parallèle au peto, tête haute, et sort seul. Au second passage, il s’affale au contact de la cavalerie. Quite de David de Miranda par saltilleras et revoleras qui créent la première émotion de la corrida. ARR répond par gaoneras et un remate accroché. Le toro charge au second tiers avec classe et moteur, bouche fermée malgré une tendance à être tardo. Francisco Durán "Viruta" salue au second tiers. ARR laisse respirer l’animal durant le tanteo. À droite, le toro fait une vuelta de campana de mauvais augure. La suite est une déception car le bicho s’éteint. Entière. Silence.

Le cinquième est haut sur pattes et corniapretado. Il charge vigoureusement la cape de Roca Rey qui, gêné par le vent, s’y reprend à deux fois pour un résultat limité. Le toro fait sonner les étriers au premier passage au cheval et est épargné au second. Quite de David de Miranda par tafallera et revolera. Antonio Chacón salue l’ovation pour sa prestation au second tiers. Brindis au public. Muleta à droite, ARR commence le trasteo par des passes hautes, le toro venant croisé sur la corne droite. Avec la main gauche, le Péruvien canalise avec précaution une charge vive. Le toro ne termine pas jusqu’au bout les naturelles. Sur la droite, ARR, fuera de cacho, force des derechazos par des toques por fuera. Musique. En marginalité, citant sur l’extérieur, le Péruvien lie des derechazos, passe ensuite à la main gauche où il cherche l’effet avec un cambio dans le dos. La même recette est appliquée à droite avec, en plus, un arrimón dans un ensemble accéléré et vulgaire face à un toro qui méritait mieux. Avis. Pinchazo al encuentro et entière caída et atravesada. Silence.

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David de Miranda reçoit son premier toro par véroniques, delantales et revolera, ajustés. Le de El Parralejo s’emploie au cheval en deux rencontres. Brindis au public. Au centre, David de Miranda "cite", muleta dans la main gauche, corps vertical, pour une série dans laquelle le toro va a menos. À droite, ce dernier perd pied à deux reprises. Les séries suivantes sur les deux cornes sont appliquées, mais la faiblesse de l’opposant ne lui permet pas de suivre les trajectoires exigeantes du matador, surtout celles à gauche, pieds joints. Les derechazos sont agrémentés d’une arrucina qui réveille le public et fait jouer la musique. Le trasteo se fait passe par passe en allant a más, le torero étant bien placé et "citant" avec rectitude. Bernadinas et ortinas clôturent un trasteo important qui est allé a más par la volonté du matador. Entière desprendida et tendida. Oreille méritée avec pétition de la seconde.

Le dernier est un torito au trapío sauvé par les cornes. David de Miranda, ayant du mal à le fixer, opte pour des chicuelinas électriques qui attirent l’attention des tendidos et lui valent une ovation. La pique est seulement visée et relevée. Quite du matador par véroniques et la demi-véronique qui servent aussi de mise en suerte. La puya est brève. Aux tercios, David de Miranda "cite" de loin pour des estatuarios dans un silence de messe d’où jaillissent des olés crescendo, jusqu’aux remates. Musique. Le passage droitier est réalisé tout en douceur, muleta présentée contre le corps lors des cites. Le remate en arrucina et changement de main en redondo fait exploser la Maestranza. Le passage à gauche, corps droit et toques subtils, poursuit un travail de haut niveau artistique. Un léger passage a menos est le signal qu’il faut prendre l’épée. Le toro a été un excellent collaborateur, toute la faena ayant eu lieu au centre du ruedo. Entière tendida. Deux oreilles indiscutables et Porte du Prince.

René Arneodau

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