Séville - 8 mai 2025 - 13e de Feria - Tout superlatif serait excessif pour décrire les oreilles d’ Urdiales et Castella, le succès d’Aguado ou la prestation des Juan Pedro Domecq.

Juan Pedro Domecq avait réservé un lot de toros faiblards, fades, présentés pour une arène de seconde catégorie qui, à la limite de force et de caste, ont collaboré sans créer d’émotion. Dans ces conditions, le public jubilatoire de Séville a apprécié tout au long de la course les prestations appliquées des trois matadors, chacun dans son style propre.

Photo Arjona (Aplausos.com)

Le premier JPD doute longuement et a une tendance à la querencia notable. Diego Urdiales finit par lui servir une série de véroniques lentes dans lesquelles l’animal montre fadeur et faiblesse. Il pousse a menos lors de la première pique. La seconde est un simulacre. La faena est initiée par des ayudados por bajo dans lesquels la fadeur du bicho ne met pas en relief le trasteo. Il en va de même pour les derechazos, dont certains sont bien exécutés. Quelques muletazos sont cités fuera de cacho, d’autres sont accrochés. À gauche, la charge est irrégulière, comme les naturelles. Demi-lame en couvrant la tête. Salut.

Le second de Diego Urdiales est acapachado, cornalón et... flaco. Il fléchit dans les lances de cape du matador. L’épreuve du fer est au-dessus de ses capacités. Le public proteste. Le début de faena confirme la faiblesse du toro. Le travail d’Urdiales se résume à un effort pour éviter la chute. La muleta à mi-hauteur est manœuvrée sans brusquer. Les meilleurs passages viennent à gauche avec une série plus profonde à laquelle l’animal résiste. Avec persistance des muletazos isolés ressortent à droite et un nouveau passage à gauche est moins réussi que le précédent. Estoconazo. Oreille.

 

Photo Arjona (Aplausos.com)

Sebastián Castella affronte un premier exemplaire qui se fait prier et gratte le sol. Le matador dessine des lances brusques. Le JPD pousse sous une brève pique. Castella enflamme le public avec un quite serré par chicuelinas, espaldinas, medio farol, gaonera et remate. Après la seconde pique, Pablo Aguado réalise des chicuelinas tempérées et artistiques. Au second tiers, le toro titube par moments avec la bouche ouverte. Rafael Viotti salue pour une prestation risquée. Brindis à Pedro Haces. Les premiers ayudados accélérés se terminent sur la main gauche avec plus de rythme. À droite, les muletazos en ligne reçoivent des applaudissements polis. Les naturelles, main basse, conduisent les charges de classe du toro. Musique. Une longue série droitière donne en quantité ce qui fait défaut en qualité. La suivante, dans le même esprit, est terminée par un long cambio de mano pulsé pour maintenir la charge en rond. La faena se termine par des bernadinas qui recueillent la plus forte ovation. Le toro a servi. Entière trasera et caída. Oreille du public.

Le cinquième est reçu par des véroniques genoux en terre de Castella, suivies par un passage debout limpide qui porte sur le public. Le toro pousse en parallèle au peto sous une pique relevée promptement. La seconde est tout aussi courte. José Chacón triomphe et salue avec les banderilles pour une prestation stylée en poder a poder. Brindis au public. Un double cambio por la espalda, et un bref passage sur les deux cornes, engagent le combat. La première série droitière a l’intensité suffisante pour permettre de faire jouer la musique. Le trasteo droitier immobile est mécanique. Sur la corne gauche, le toro est tardif et la série est hachée. Les derechazos suivants, cités à l’extérieur, plaisent cependant pour leur lié. Tout est essayé : cites de face, cambios de mano, cambio dans le dos, mais la sensation est que la faena n’a jamais vraiment décollé. Entière trasera, contraria et tendida. Forte pétition d’oreille non accordée. Vuelta al ruedo et bronca à la présidence.

 

Photo Arjona (Aplausos.com)

Le premier de Pablo Aguado est abanto avant que le matador ne lui propose des véroniques dont certaines ont l’arôme personnel du Sévillan, ce qui fait vibrer le public. Mené au cheval par des chicuelinas marchées, le toro s’affale au contact du peto. La seconde pique est portée sans excès, compte tenu de la condition du bicho. Brindis personnel. Un molinete et des derechazos, pieds joints, sans obliger, font éclater les olés. Suivent une capeina improvisée et des derechazos légers et stylés. Un molinete de la main gauche introduit une série de naturelles un ton au-dessous des passes antérieures. La série droitière suivante est de belle facture avec des muletazos de fuera por dentro, dans un ensemble à mi-hauteur. Des ayudados, des naturelles, une trincherilla et une passe de poitrine donnent une signature au trasteo. Pinchazo et entière qui ressort alors que le torero est bousculé et retire lui-même l’espada. Pétition minoritaire et vuelta al ruedo.

Le dernier JPD lance les pattes dans la cape. Aguado essaie de le canaliser sans succès. Le toro accuse le coup après s’être employé lors de la première pique. La seconde est réalisée pour la forme. Le toro porte la tête haute durant tout le second tiers. Aguado réalise des doblones de tanteo et d’autres toréés et exigeants. Une série courte de derechazos, muleta à mi-hauteur, est la seule qui soit terminée avec réussite. Tout ce qui suit sur les deux cornes est fastidieux. Le macheteo et le desplante précèdent une épée delantera et atravesada. Silence.

René Arneodau

Ce contenu a été publié dans Séville. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.