Depuis quelques jours toute la belle Aficion était à la recherche de places pour assister à la Beneficencia. Par les temps qui courent c'était le Cartel Fuerte de Madrid et tout le monde voulait y être. Du coup le public n'avait pas le même profil que les autres jours. Et cela s'est ressenti. Le lot de Nuñez del Cuvillo n'a pas été accepté complet au reconocimiento. Il fut complété par deux toros de Victoriano del Rio. Dès le départ il y avait des tensions autour de l'organisation. L'arrivée des Figuras a également apporté tout ce que ces acteurs offrent de pire dans la fiesta. D'abord le choix des ganaderias. Le lot remendado de ce jour avait le poids et le trapio au poil. Juste ce qu'il faut pour les 1,2,3 et 6. Le 4 est très lourd mais pas très beau et le 5 est lavado de cara, culo pollo, pas de Madrid pour un sou. Les 2,3,5,6 ont été protestés à leur sortie. Puis ces Figuras amènent leur façon de mener les évènements, à savoir ignorer le tiers de varas et faire comme si la seule chose qui comptait était le promesse de ce que eux vont faire. Dans ces corridas il n'y a pas de toros. D'abord parce que les éleveurs les élèvent pour qu'ils ne froissent point les figuras et ensuite parce qu'on ne leur donne jamais l'opportunité de se montrer. Malgré tous ces préparatifs et précautions, les figuras ne sont pas capables de hisser le spectacle au niveau de leur promesse. A certains moments, à regarder Morante et sa cuadrilla tous simulant un moment de panique avec le 4, on aurait pu se demander s'ils n'étaient pas aux prises avec un Cuadri ou un Adolfo. En réalité ils toréaient Las Ventas. Pour ceux qui ne viennent qu'à ces courses de Lujo, ils n'ont pas de point de repère et ne savent pas qu'il existe un monde de différence entre les Toros d'il y a quelques jours et ceux d'aujourd'hui. Mettre les choses en perspective ne permet d'aboutir qu'à une seule conclusion : Pathétique ! A certains moments c'est ce que fut le spectacle du jour.
MORANTE n'est plus, depuis un certain temps, l'immense Torero que j'admire. Mon intuition me fait penser que la présence de Curro Vazquez à ses cotés est des plus néfastes. Tous les soins mis en œuvre pour lui éviter des confrontations trop compliquées sont en train d'endormir son inspiration. Il n'a été que l'ombre du grand MORANTE durant cette corrida. Le public était pourtant prédisposé et cela s'est vu dans les OLEs chantés à tous ses premiers gestes unis, mais sans émotion du fait des opposants. Puis voyant que MORANTE faisait de la mise en scène, ce public s'est mis à le conspuer. Avec son deuxième opposant les choses ont été jusqu'à un semblant de panique, cuadrilla comprise, jetant les capotes pour fuir, prenant moult précautions pour approcher le bicho de Victoriano del Rio. La seule excuse possible que l'ont peut trouver pour MORANTE est le fait que le vent était gênant. Mais il le fut avec son second parce que c'est MORANTE qui choisit de le toréer devant le 7 loin des papiers immobiles devant le tendido 10. A croire qu'il l'a fait exprès. Le public lui a réserver silence à son premier Nunez del Cuvillo et sifflets à son second de Victoriano del Rio.
MANZANARES n'a pas pris de couleurs au révélateur de las Ventas. Au contraire, sa tauromachie s'y est pourfendue au grand jour. Il est symptomatique que le public de Madrid de ce jour, qui se fâche contre les vociférations du 7 à l'égard de MANZANARES, en vienne à ne pas réagir et à ne pas fêter le toreo artificiel de la Figura. Au bout du compte tous ont été d'accord sur le fond même si pas sur la forme. Tout ce que MANZANARES a l'habitude de faire il l'a fait. Il a toréé comme à Séville et pourtant la sauce n'a pas prise. Il a eut, pour essayer d'y arriver, un opposant de Victoriano del Rio et un second de Nunez del Cuvillo. Aucun n'a eu la mobilité suffisante pour cacher le fait que le toreo de MANZANARES est fuera de cacho ou al hilo au mieux. Et même s'il n'y avait pas que des techniciens sur les gradins, ce type de tauromachie ne passe pas ici avec le medio toro aplomado, sans émotion. Pour ses deux épées défectueuses, portées rapidement et avec efficacité, il a reçu deux silences.
Le seul pour lequel la tarde a été "Bénéfique" est TALAVANTE. Il faut dire que son attitude a été des plus positives. Le triomphe obtenu l'a été à l'arrachée, sans la collaboration de grands toros de Nunez del Cuvillo dont nous avons déjà noté l'absence. Son premier est reçu par delantales dans lesquels le toro montre déjà sa faiblesse. TALAVANTE s'assurera qu'il ne soit pas beaucoup piqué et lui servira un quite par Chicuelinas par le bas terminé par un recorte, le tout fort esthétique et réussit. A ce toro MORANTE oubliera d'aller se positionner au centre pour le tiers de Banderilles. C'est le public qui le lui rappelle. TALAVANTE reçoit le torito en tablas par une pirouette enchainée avec el Pase del Pendulo, mais l'entame est interrompue car le bicho trébuche. Puis TALAVANTE torée sans reponer, en dessinant des passes esthétiques, longues, en ligne, sur les deux cornes, en aguantant les parones du toro qui va a menos. Il agrémente le tout par des cambio de mano, arrucina, molinete. Il se jette sur le morillo pour une épée en arrière et desprendida. Descabello et Oreille demandée avec force par le public. Le second toro de TALAVANTE, inédit au capote, est également peu piqué. Le début de faena par estatuarios dans les medios, le toro venant du burladero du 7, sont insipides. Le public ne réagit pas. Le torero change de terrain et tente à gauche ou le toro le met sur la défensive. Il retente à gauche et réussit à lier une série sans émotion. Puis il prend la droite pour ne plus la quitter. Une série fêtée est donnée al hilo, sans obliger le toro et parfois por fuera. Il répète dans une ambiance festive sur les tendidos surtout lorsqu'il agrémente d'un molinete, liée au pecho ou d'une Arrucina. La faena est terminée dans des terrains encore différents. La préparation pour porter l'épée est longue. Elle sera entière, en arrière et desprendida. La pétition est forte. Oreille et Puerta Grande pour le deuxième jour consécutif.
MORANTE et MANZANARES ont eu droit au "Boom Petardo" du 7.