Les toros de Pedraza de Yeltes, , découverts à Azpeitia en 2013, adoptés et tellement prisés en France n’ont jamais « rompu » à Las Ventas et c’est inquiétant comme le lot d’aujourd’hui qui à l’exception du 2ème et le 3ème, surnageaient d’une mer de mollesse, sans la présentation, l’étincelle, la mobilité, la bravoure qui faisaient leur réputation. Des toros dont les hechuras variées, pas exactement les habituelles, sauf le 5ème de 580 kg, colorado, bien armé, de presque cinq ans (09/2017), vif à la sortie, mais qui se dégonflait en fin de faena. Quant aux matadors Domingo López Chaves avec métier, Javier Cortés plus artiste et toreo personnel et Jesús Enrique Colombo spectaculaire ? aux banderilles, faisaient de leur mieux face à ces toros qui passaient dans les capes et muleta sans vraiment « dire » quelque chose.
Domingo López Chaves, vétéran et 23 ans d’alternative, de Salamanque, rompu à des batailles plus exigeantes que celle qu’il devait livrer aujourd’hui, recevait un toro qui sortait du toril au pas pour ensuite entrer dans les capes sans codicia, choquait violemment le cheval, mais restait dans le peto, en poussant timidement. Pique levée. Il s’animait au deuxième tiers pour deux bonnes paires de banderilles de José Chacón. Les passes de muleta, suaves, deux séries de derechazos, le torero décollé de la trajectoire du toro, des naturelles sans intérêt, constituaient une faena abrégée car le toro, apparemment épuisé, sans réaction ne permettait plus rien. Estocade desprendida. Le 4ème répétait dans la cape du Salmantin, allait au pas au cheval et tendait à se diriger vers les tablas au deuxième tiers. La mollesse de charge, quelques pertes d’appui des pattes avant, seul le métier de DLC retenait l’attention d’un public déjà désabusé de tant d’insipidité. L’estocade tombait basse.
Javier Cortés venait en remplacement de Diego Carretero, nouveau matador de Hellín (Albacete) qui devait confirmer l’alternative, blessé pendant un entraînement (fracture de la clavicule gauche), en récompense de sa bonne prestation du 10 mai dernier. Le 2ème sortait abanto, allait au cheval, donnait des coups de tête en haut du peto lors de la première pique et s’élançait à bonne distance du cheval pour la deuxième, puya bien placée. La tête relevée du toro mettait en difficulté la pose des banderilles. Les premières passes de la faena, trincherazos, et passe de poitrine finale, confirmaient la bonne disposition du torero et l’aptitude du toro à les recevoir. La faena prenait forme avec des « cites » lointains et des passes enchaînées de la droite, « courrant la main » (esp : correr la mano). Sur la gauche, dans le même style, le toro se serrait de plus en plus. Une tanda de naturelles, pieds joints, concluait la faena la plus consistante de la corrida, avant de cadrer en suerte natural. L’estocade, une demi-lame, croisée, nécessitait deux descabellos. Un avis.
Le 5ème passait sans effet des parones de Javier Cortés, visant les barrières. Le toro sortait de la première pique sans beaucoup d’ardeur, la deuxième quelconque. La course de ce toro n’était pas du goût des banderilleros qui plantaient les banderilles, une à une, à la sauvette. La torpeur du public commençait à s’installer en début de faena, le toro passait la tête relevée, sans « humilier » mais répétait des passes sans intérêt. Enfin, à la voix et sur toques plus accentués, le toro réagissait et Javier Cortés réussissait deux séries appréciables de la droite! La faena s’achevait dans le tercio, là où le toro ne chargeait plus. Estocade basse.
Jesús Enrique Colombo se démenait à son habitude, à la cape (quite au toro précédent) aux banderilles, à la muleta aussi sans malheureusement rien prouver. Bien entendu, sa « spécialité », son fort, les banderilles étaient la plupart passées à la vitesse V mais… à corne passée, sauf la troisième paire au 3ème en face du berceau. Ce dernier, après une bonne première pique, poussant mais retenu par la carioca, se déplaçait et JEC en profitait pour lier les passes sur les deux cornes, mais décollé des trajectoires. Un effort mal récompensé par le public, sans réaction, sauf à l'arrastre quand le toro était emporté au desolladero. Peut-être aussi en opposition au toreo marginal de Colombo. Les bernadinas, près des tablas du Tendido 10, pour réchauffer l’atmosphère et une cogida, la corne passant dans le dos sous la chaquetilla, sans dommage heureusement. L’estocade un peu tombée arrivait juste quand sonnait un avis.
Le 6ème de 610 kg, après un moment d’observation, se déplaçait avec agilité dans la cape de Colombo, sans être toutefois fixé. Le tercio de varas, tout en force du toro qui soulevait le cheval, le picador qui résistait bien, la puya bien placée, fut animé alors que, par la suite, la faena était une succession de passes sans intérêt, le toro noble certes, dans l’ennui général. En conclusion un bajonazo ! qui nécessitait toutefois des descabellos. Entre-temps, survenait une cogida, dans un dernier sursaut du toro, Colombo étant soulevé à grande hauteur mais sans blessure apparente.
Domingo López Chaves : saluts ; silence. Javier Cortés : un avis et saluts ; silence. Jesús E. Colombo : un avis et silence ; silence. José Chacón de la cuadrilla du torero de Salamanque brillait aux banderilles. Rafael González réalisait une brega remarquable et un quite salvateur à son chef de lidia d’un jour, Jesús E. Colombo. Le toro sorti 3ème était applaudi à l’arrastre. 12.008 spectateurs. |
Georges Marcillac