Valdemorillo 8 février 2025 – 2ème de feria – Les vedettes font le plein… Les toros de “El Capea” et Carmen Lorenzo bons pour le toreo à pied. Triomphes de Sébastien Castella et Diego Ventura.

En effet, les toros de Pedro Gutiérrez Moya “Niño de la Capea” sous le nom de “El Capea” ou de son épouse Carmen Lorenzo sont habituellement destinés aux corridas de rejones, s’étant répandu la réputation sinon la prédisposition de l’encaste Murube-Urquijo pour les corridas à cheval. Autrefois ces toros faisaient le bonheur d’une génération de toreros à pied mais peu à peu ils sont devenus les favoris des rejoneadores à commencer par Pablo Hermoso de Mendoza et maintenant Diego Ventura, Léa Vicens etc… Ces toros ont cependant des qualités qui furent mises en évidence cet après-midi puisque quatre de Carmen Lorenzo étaient réservés à Sébastien Castella et José María Manzanares et deux autres de “El Capea” à Diego Ventura. Sans doute ne les voit-on point en corridas formelles dans les plazas de première catégorie en raison des armures “commodes” qu’ils exhibent et de surcroît “arrangées” pour les corridas à cheval. Toujours est-il qu’ils faisaient l’affaire à Valdemorillo en tant que plaza de 3ème catégorie. Les poids annoncés étaient 480, 530, 480 et 482 kg, 505 et 530 kg. pour les deux de Diego Ventura. Cette corrida mixte n’était pas trop du goût des aficionados? mais l’abonnement pour trois corridas seulement faisait accepter le “sacrifice”… La satisfaction venait du comportement des pensionnaires du “Capea” puisque Diego Ventura touchait un très bon toro pour le rejoneo, infatigable, le 1er, et Sébastien Castella recevait en deuxième position “Vinachero-24” primé de la vuelta al ruedo après une pétition d’indulto que justement le président refusait.

Sébastien Castella déployait tout son savoir-faire, qui est grand, devant son premier qui ne disait rien de bon d’entrée, claudiquant, virant sur le train avant dans premiers capotazos, ne paraissant pas pouvoir accepter le moindre châtiment à la pique. C’est effectivement ce qui se produisait: un picotazo et la pique était rapidement relevée. Dans sa course, il ne simplifiait pas la pose des banderilles pour José Chacón. Le début de faena se composait d’une somme de passes qui ne semblaient pas être appropriées aux conditions physiques du toro qui néanmoins les endurait. À partir de là, tout changeait, des derechazos et surtout un changement de main et une naturelle de trois-quarts de circonférence et la passe de poitrine, le toro ayant répondu à tous les “cites”. Les séries de naturelles se succédaient, toro “humilié”, d’une qualité de charge insoupçonnée, répétant les charges dont Sébastien profitait à loisir… Les passes en redondo, tant prisées du public, n’en finissaient plus. En intermède, il réalisait plusieurs trincherazos terminés en molinete pour ensuite se régaler en deux circulaires inversés et deux tours en “noria” à l’envers! La demande d’indulto enflait, et Sébastien continuait à toréer, à l’aise par des naturelles pieds joints. Il fallait pourtant mettre à mort: ce qui fut fait avec décision pour laisser une épée desprendida. Deux oreilles tombaient naturellement après cet excès de passes qui aurait pu être plus tempéré avec ce toro de grande classe dans la muleta. Le 5ème, qui tendait un peu vers les tablas était accueilli à la cape par des parones suivis d’un quite par chicuelinas sèches… Rafael Viotti excellent aux banderilles sans réaction du public! Par contre, le brindis à ce public peu regardant déclenchait l’ovation! La faena  débutait splendidement par des statuaires, une trincherilla, une passe par le haut, un changement de main et une naturelle éternelle, le tout en continuité et fluidité. Pure improvisation et maîtrise du geste dans la verticalité. Le toro chargeait bien mieux du côté gauche mais un accrochage de muleta décomposait les charges suivantes aussitôt rattrapées, muleta baissée et toro “humilié”. Là, le torero de Béziers montrait beaucoup de lucidité et technique pour ce rattrapage. Suivait une série tout à fait inutile de quelques passes sans intérêt qui précédaient des manoletinas, portées avec aguante et, à la mort, un pinchazo et une lame entière verticale desprendida. Nouvelle oreille.

                

José María Manzanares errait durant ses deux faenas de muleta précédées par presque rien à la cape. Peut-être ses deux toros n’étaient pas aussi propices que ceux du Français… mais rien de particulier n’était apparu pour une telle insuffisance de passes rapides sans mando, à tort et à travers, sans capter ses toros dans la muleta, perdus eux-mêmes, ne sachant où aller. Une seule fois, JMM, au 6ème, découvrait le fond de “Limeño-5” et, muleta baissée, liait une série de derechazos finalement les mieux “sentis” de la soirée. Ovation! Et puis, plus rien. Au 3ème une estocade desprendida et trois descabellos. Un avis, Au 6ème, un pinchazo hondo, bas, suffisait.

Diego Ventura, le brillant et superbe cavalier, “un centaure” comme autrefois étaient cités les rejoneadores, ne manquait pas à sa réputation et triomphait principalment au premier de “El Capea”, un toro qui répondait, noble, à toutes les suertes, avec fixité aux cites, promptitude, vivacité et vélocité dans ses charges. Les galops de côté, à deux pistes, au fil des barrières et la hermosina pour, dans un mínimum d’espace, arrêter le toro et le passer pour la suerte de rejones de châtiment ou de banderilles, faisaient merveille. De plus, ces poses de rejones et banderilles étaient réussies sans passages à faux, surtout bien placées en haut du garrot, ce qui laissait peu d’espace pour le rejon de muerte… Les cites piaffés, les quiebros lancés ou arrêtés, tout y était avec la torería des chevaux tels Lío au 1er et Nómada au 4ème. Ce derrnier ne possédait pas les mêmes qualités que le premier, la faena étant plus laborieuse. Une pose des  banderilles par l’intérieur près des barrières, une autre à deux mains au centre le la piste, Diego Ventura savait varier brillamment son répertoire avec toutefois l’exagération de la pose des roses. Un rejón de muerte tombé et arrière au 1er, un bajonazo et derrame au 4ème. Malgré cela, l’oreille était concédée chaque fois.

      

Diego Ventura: une oreille; une oreille. Sébastien Castella: un avis et deux oreilles.; un avis et une oreille. José María Manzanares: silence; silence magré le brouhaha de fin de spectacle. Sortie a hombros des deux premiers. Nombreux public, beaucoup de têtes connues de l’afición et de la “sociétalité”. Meilleure température que la veille.

Georges Marcillac

Photos de mundoro.com y Aplausos.

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