Madrid 6 octobre 2024 – 6ème et dernière de Feria d’Automne – Corrida marquée par la cogida de Andrés Roca Rey. Une oreille pour Victor Hernández. Les toros de Fuente Ymbro avec quelques complications.

Comme à peu près dans toutes les corridas où il est annoncé, Andrés Roca Rey fait le plein comme ce fut le cas à Las Ventas en clôture de la Feria d’Automne. À de rares exceptions près, il paye de sa personne – c’est pour cela qu’il est aussi populaire – et, aujourd’hui, il recevait une effrayante cogida au cours d’une passe de poitrine, ayant laissé un espace trop large entre son corps et le toro qui lui décochait un coup de corne en deux trajectoires dans la partie postérieure de la cuisse droite et fessier. La vidéo de Plaza 1 est en ce sens éloquente à propos de cette erreur de position et… du coup de corne inopiné. ARR passait à l’infirmerie où il était opéré. Il faut également citer l’ambiance dans laquelle se déroulait la faena de l’as péruvien, En particulier, le public du Tendido 7 ne cessait d’invectiver - injustement – la manière de toréer de ARR… La cogida survenant, la grande majorité du public se retournait vers les “entendus” de ce polémique tendido, souvent de mauvaise foi à l’encontre des toreros les plus cotés qui ne sont pas systématiquement à leur goût. Cette réaction, dans l’émtoion de la cogida dont on rendait responsable les dits orthodoxes et radicaux de Las Ventas, était bien normale mais n’allait pas plus loin. Le lot de Fuente Ymbro, inégal de présentation, des cornes imposantes de tout calibre avec, pour les yeux avertis, les “bolitas” qui arrondissaient égèrement les pointes… Sujet à revoir. Quant au moral, ces toros cinqueños ou sur le point de l’être à un mois près, ils apportèrent des difficultés diversements résolues par les matadors. Paco Ureña devait tuer trois toros, étant chef fe lidia, et le jeune Victor Hernández, vainqueur de la Copa Chenel 2024, laissait une bonne impresión en coupant une oreille au troisème.

        

Paco Ureña recevait un toro qui ne se déplaçait pas beaucoup mais allait systématiquement vers les planches après un passage distant dans la cape. Ce toro chargeait brutalement la cavalerie, typique du manso, pour recevoir deux piques, l’une trasera et rechargée, l’autre légère et courte, sortant au pas de la rencontre. Paco Ureña laissait passer le toro dans la muleta dans le tercio, pour ensuite le reprendre, au-delà des lignes par des doblones suivis de derechazos que le toro acceptait, sans plus, mais rechignait sous la passe de poitrine. Dès cet instant, le toro s’arrêtait, de même, devant des naturelles. Paco Ureña insistait, tenait bon lorsque le toro s’arrêtait à moité passe. Après quelques accrochages de muleta, il valait mieux en finir. Une estocade quasi à sa place quand sonnait un avis et trois descabellos. Le 4ème, haut sur pattes, cuajado, se promenait autour du ruedo, et sortait suelto du capote de Paco Ureña. Il sortait des deux piques dans une course oscillant de la tête, de charge incertaine dans la muleta de Paco Ureña qui ne semblait pas gêné car il dessinait des naturelles “templées” et la passe de poitrine, les passes les plus pures de cette corrida mouvementée. La faena presque exclusivement de la gauche et une passe de poitrine en plusieurs toques indiquait qu’il fallait abréger, le toro n'en voulait plus. Quelques doblones pour finir et une estocade meilleure dans son exécution que pour la position de l’épée qui tombait basse. Au toro, réservé à Andrès Roca Rey, toréé en sixième position, Paco Ureña se résolvait à un macheteo avant de monter l’épée qui tombait très basse en bajonazo. Ce toro avait créé la panique chez les banderilleros (ceux de la cuadrilla d’ARR) qui plantaient les banderilles, comme ils le pouvaient, une à une…

Andrés Roca Rey touchait un toro coureur, qui chargeait avec vitesse et force et tendait vers les tablas. Depuis le centre de la piste, il allait directement vers le cheval et dans un choc brutal le picador fut sur le point d’être désarçonné. Bonnes paires de banderilles de “Viruta” et la faena commençait à genoux par des passes hautes enchaînées à un cambio por la espalda, risqué car le toro se trouvait “croisé” près des planches. Suivaient des passes en redondo, toujours à genoux. Debout, les derechazos, conduits avec mando semblaient avoir transformé ce toro. Ce qui n’était pas le cas,  car dans un derechazo, le toro lançait un gañafón à mi-passe. Les naturelles embrouillées, un autre gañafón, exigeaient un passage à droite. Le compas ouvert, de profil, et toréant de près alors que certains voyaient des passes fuera de cacho? et le faisaient savoir bruyamment. Survenait la cogida en fin de série et l’erreur de position – là c’était vrai – pour enchaîner une passe de poitrine, ARR était soulevé et repris au sol, corne accrochée  à la chaquetilla, et secoué tel un pantin. Après la frayeur, et sans blessure apparente, ARR reprenait à droite avant de porter un pinchazo hondo et une estocade dans tout le haut. Un avis. L’oreille était unanimement demandée et concédée au grand dam du T7 pour qui l’oreille, en dehors de l’émotion et compassion produite pas la cogida et au regard de la faena… n’était pas méritée

Victor Hernández ne semblait pas affecté par l’atmosphère délétère qui régnait après l’incident et affrontement – verbal et vociférant – des  autres secteurs du public à l’encontre des “vertueux” du T7. Il réalisait une faena technique et pleine d’assurance à un toro imposant, veleto, qui en aurait découragé plus d’un. Faena à un toro sans entrega, d’une charge désagréable car nonchalante et tendance à sortir de la suerte. Victor Hernández gérait avec temple ces difficultés, sans un seul accrochage de muleta. Il terminait par des bernadinas, étant accroché sans dommage à la première surpris par une charge intempestive. Il changeait le voyage dans les suivantes avec remate par la passe de poitrine. Ovation. La mise en suerte était perturbée par le toro qui reniflait le sable ou grattait le sol… Une estocade desprendida, tendida valait au jeune Madrilène une oreille. Victor s'était distingué à la cape dans des quites par saltilleras au toro de ARR et par des demi-faroles pour des caleserinas, au sien. Son deuxième opposant, des cornes qui “cachaient” un corps maigrichon malgré ses 561 kg. affichés, était lui aussi suelto, chargeait fort le cheval. Il frolait de la corne et déséquilibrait le banderillero Diego Valladar et le secouait au sol. À la muleta, le début de faena par passes par le haut, un cambio por la espalda, promettaient. Les derechazos qui suivaient, aussi. À gauche cela se gâtait, un gañafón, et coup de corne au visage! Manifestement, la corne gauche n'était pas la meilleure. Victor insistait et subissait une cogida. Les coups de têtes étaient maintenant répétitifs et Victor les évitait en “perdant des pas” et liait ainsi des derechazos. Un metisaca, un pinchazo et une estocade entière, Tel était le final un peu négatif de la actuación de Victor Hernández, jusqu'alors très digne et vaillant.

                                

Paco Ureña: un avis et applaudissements; saluts; silence. Andrès Roca Rey; deux avis et oreille. Victor Hernández: un avis et une oreille; saluts. Le picador Agustín Collado, était applaudi au 5ème; à la brega et aux banderilles, on distiguait Marcos Prieto et “Jarocho”, tous de la cuadrilla de Victor Hernández. Corrida à guichets fermés, no-hay-billetes.

Georges Marcillac

Photos: Plaza 1

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