Madrid 27 mai 2019 – 14ème de Feria – Des novillos de La Quinta tout en nuances.

Devant plus de deux-tiers d’arène s’est déroulée la deuxième novillada du cycle isidril. Les novillos de La Quinta représentaient l’un des intérêts de ce cartel car les produits de l’encaste Santa Coloma, dont ils sont issus, attirent les aficionados. C’est pour cela aussi que le public accordait plus d’importance aux novillos et leur évolution dans la ruedo qu’aux jeunes toreros - novilleros Ángel Jiménez, André Lagravère «El Galo» et Francisco de Manuel. Ce dernier, sans doute plus connaisseur de cet encaste – son apoderado et protecteur n’étant autre que Carlos Aragón Cancela, propriétaire de Flor de Jara, de même estirpe que les la-quinta – pouvait tirer mieux parti de ses deux novillos. Les deux autres, moins aguerris, n’ayant pas su ou pu s’adapter au caractère particulier de leurs opposants. On remarquait l’homogénéité des poids, des armures aussi, en comparaison avec les toros de ce même élevage de la première corrida de feria, exagérément pesants en poids et comportement. Aux piques les de La Quinta donnaient quelque illusion par des démarrages prompts et longs pour ensuite secouer la cavalerie, par à-coups, le 1er provoquait une chute, le 2ème poussait jusqu’aux planches, le 4ème manso fuyait sous le fer, les 3ème et 5ème étaient applaudis à l’arrastre, le 6ème plus compliqué. Donc variété de comportements et de nuances selon les appréciations des «entendus».

Francisco de Manuel brillait particulièrement à la cape en recevant ses deux novillos par des véroniques, bien cadencées, chargeant la suerte et gagnant du terrain jusqu’aux medios avec la demi-véronique fleurie. La faena au 3ème débutait par des «cites» lointains mais au deuxième ou troisième passage, le novillo se retournait brusquement et laissait «traîner» la corne. Les séries des deux mains étaient donc entrecoupées de réflexes de défense du novillero qui se reprenait à chaque fois, changeant la muleta de main, sans résultat si ce n’est la démonstration de fermeté et déjà du métier. A la fin, mieux valait abréger et prendre l’épée pour un pinchazo et une estocade entière. Au 6ème, les derechazos étaient plus longs. Avisé Francisco corrigeait sa position, «perdait» quelques pas pour lier. La difficulté résidait dans le changement de vitesse de charge - presque molle - du novillo dans la muleta et sans elle en vue – accélérée et continue vers l’homme (rebañar). Là non plus, il n’était pas possible de lier les passes et Francisco de Manuel se libérait par de profondes passes de poitrines. L’estocade finale était poussée jusqu’à la garde.

                     

«El Galo» commençait bien sa faena en «citant» le 2ème depuis le centre du ruedo mais ensuite il avait quelque difficulté pour endiguer la fougue du novillo, ne se plaçant pas toujours pour le reprendre car le bicho avait tendance à sortir de la suerte la tête en l’air. Sans se croiser «El Galo» ne répondait pas au potentiel de charge que possédait ce novillo auquel était néanmoins servi un joli changement de main et passe de poitrine en remate d’une série. Une première estocade entière ne suffisait pas et la deuxième, desprendida, concluait cette faena  en dessous des conditions du novillo. Au 5ème, «El Galo» prenait les banderilles pour une première ratée, la deuxième al violín et la troisième exécutée avec brio. Il se faisait déborder et poursuivre après la réunion. Avec la muleta, le novillo qui n’ «humiliait» pas prenait le dessus obligeant le Franco-Mexicain à «rompre» mais sur la fin « El Galo » se reprenait, restait fixe et pouvait réaliser une vraie série de naturelles liées avec la passe de poitrine, le novillo chargeant mollement. Il terminait par des manoletinas pas au goût du public… Estocade caída.

                    

Ángel Jiménez ne convainquait personne, ni lui-même sans doute, pour une prestation sans relief prétendant toréer en artiste – Sévillan de Ecija – mais toujours décollé des passages de ses novillos pris dans les vuelos de la muleta… pour ne pas dire le pico. Son premier, noble, permettait sans risque un toreo plus rapproché et le 4ème, manso de charge descompuesta mais noble, réclamait plus d’application et surtout de placement pour le garder dans la muleta. A la fin, confirmant sa condition, le novillo se dirigeait vers les tablas… La mise à mort n’était pas plus brillante.

Ángel Jiménez : deux silences. «El Galo»: deux silences. Francisco de Manuel; saluts aux deux. Iván García, Fernando Sánchez aux banderilles, Morenito de Arles à la brega, se faisaient remarquer. José Luis López «Lipi» poursuivi par le 2ème novillo jusqu’aux planches était sauvé par un quite à corps découvert de Victor Pérez.

Georges Marcillac

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos, Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.