Cette corrida avec des toros de El Torero, après la novillada de la veille, venait en intermède avant les prochaines corridas de vedettes. Les toreros annoncés ne sont pas précisemment ceux qui attirent les foules mais sont détenteurs de succès passés et les deux tiers d’entrées à Las Ventas montraient tout de même l’intérêt porté à la présence de Davis Galván de San Fernando (Cadix) et celle des Tolédans Àlvaro Lorenzo et Ángel Téllez. Répartis en deux lots de cinqueños (1er, 2ème et 6ème), les trois autrea évidement cuatreños, les toros de El Torero d’encaste JP Domecq par la ligne Salvador Domecq offrirent des possibilités aux matadors pas toujours bien exploitées. Tous exhibaient des armures imposantes et la fiche technique indiquait 546 kg de moyenne à la bascule.
Le 4ème affichait une mansedumbre flagrante qui le faisait arpenter le ruedo dans tous les sens, qui sortait suelto des piques, poursuivait les banderilleros qui prenaient position et qui, à l’occasion laissait traîner sa corne gauche. Ce toro créait la surprise, à la muleta, car il répondait avec répétition et une certaine qualité aux doblones de réception de David Galván suivis de passes de la gauche “templées” et le remate de la passe du mépris (pase del desprecio) justement sur la corne douteuse. Suivaient de jolis derechazos , un changement de main et la passe de poitrine. On ouvrait de grands yeux devant des adornos brillants des deux mains, du temple et la grâce andalouse. De nouveau des doblones, le toro s’arrêtait, le torero se croisait dans cette position demi-fléchie. Des passes par le bas, un nouveau changement de main, un molinete et la passe de poitrine, tout un florilège de passes cadencées de grande torería. L’estocade bien placée concluait cette courte démonstration de toreo gracieux mais efficace, accompli avec la collaboration d’un toro finalement transformé. La demande d’oreille, unanime, était accordée.
Au 1er, après quelques accrochages de la toile, les passes devenaient plus “propres” et la faena de muleta ne donnait pas l’impression d’un toro dominé, qui répétait dans des passes, certaines serrées à gauche, sans toutefois se livrer Auparavant, aux piques et aux banderilles, ce toro avait eu un comportement “normal”, imposant seulement par deux impresionantes cornes effilées comme des poignards. Estocade desprendida.
Álvaro Lorenzo accueillait le 2ème dans des véroniques lequel fléchissait des pattes avant dès que la cape l’”obligeait”. Sur le point de renverser le cheval à la première pique, tête haute dans le peto, ce toro ne recevait qu’un picotazo à la deuxième rencontre. Le cite à distance pour les premiers derechazos permettait d’espérer plus que n’apportait une charge qui peu à peu perdait d’intensité. Les naturelles, une à une, confirmaient, malgré la facilité du Tolédan, que ce toro n’en voulait plus. Les ayudados par le bas, soulevaient quelques olés d’approbation, à pure perte. Deux pinchazos et une estocade entière. Silence poli. Aussi bien à la cape qu’à la muleta, le trasteo d’Álvaro Lorenzo pouvait être qualifié de parfait mais les passes qui étaient données au noble 5ème, trop faciles, étaient dénuées de toute émotion et n’atteignaient pas le niveau espéré. La faena, presque exclusivemeent de la gauche, passait par des moments de qualité mais il manquait l’étincelle des deux acteurs… Après un pinchazo, un trois-quarts de lame en finissait avec cette faena frustrée. Les applaudissement allaient au toro à l’arrastre.
Ángel Téllez touchait, en premier, un toro lourd de 582 kg qui avait tendance à s’arrêter devant les capes et le cheval, aux piques, qui ne collaborait pas non plus au déroulement du deuxième tercio, sur le côté gauche. Â la muleta, ses charges courtes et retours sur la corne gauche obligeaient Ángel à “rompre”. La demi-estocade tendida, basse et croisée ne venait pas à bout d’un toro encore “entier”. Un descabello libérateur intervenait après deux avis. Au 6ème, toro de meilleures hechuras que ses congéneres, Ángel Téllez bougeait beaucoup dans un capoteo improductif... Entre les deux piques, un quite, pour se racheter, se terminait par une bousculade. Juan Navazo se faisait applaudir, tout seul, pour sa pose de banderilles… À la muleta, Àngel n’arrivait pas à se rendre maître de la situation face à un toro qui ne facilitait pas les choses, n’”humiliait” pas, s’arrêtait ou bien se retournait en fins de passes de la droite. Idem pour les naturelles. L’impression d’incapacité face à ce toro poussait Ángel Téllez à se serrer, il finissait par perdre pied, chutait. C’est peut-être après cela, vexé, qu’il exécutait les passes les plus sincères, une à une, suivies de manoletinas, pour donner le change. Il était accroché une nouvelle fois. A l’épée, c'était pire; des pinchazos mal placés, des descabellos… et deux nouveaux avis.
David Galván: saluts; une oreille. Álvaro Lorenzo: silence aux deux. Ángel Téllez: deux avis et silence aux deux. Juan Navazo, de la cuadrilla d’Ángel Téllez était invité à répondre à l’ovation après deux paires de banderilles au 6ème. Ángel Téllez passait à l’infirmerie pour examen après ses deux cogidas. 15.462 spectateurs. |
Georges Marcillac
Photos Plaza 1