Cette corrida dominicale avait attiré moins de monde qu’hier pour la novillada (11.921 spectateurs soit 1.184 de moins) Serait-ce le résultat de la politique de prix des places de Plaza 1 ? En effet, la libéralisation des prix prévue dans le contrat de gestion de Plaza 1 pour les quatre prochaines temporadas conduit à des majorations de 20 à 100 % des places payées par les abonnés, selon leur emplacement et les cartels programmés. La société Plaza 1 se satisferait-elle de l’augmentation des abonnements pour cette Feria d’Automne par rapport à ceux enregistrés pour la San Isidro ( 15.711 au lieu de 14.036) pour affronter les prochaines charges et contrats ? Nous verrons si cette politique de prix est justifiée pour les prochaines corridas qui annoncent la présence de figuras, les 7, 8 et 12 octobre prochains.
Revenons à la corrida de ce jour marquée par l’intensité des faenas des trois matadors Adrián de Torres qui confirmait l’alternative, le franco-valencien Román Collado et Ángel Sánchez rescapé par la récente Coupe Chenel, face à des toros d’Adolfo Martín qui offrirent bien des difficultés sans pour autant montrer la caste et la bravoure qu’attendent les aficionados de cet élevage. C’est au dernier toro qu’allait se jouer un drame dont la victime était Ángel Sánchez, torero d’adoption de Colmenar Viejo (Madrid). Sortait « Aviador » de 524 kg, nº 32 né en février 2017 et dès les premiers capotazos on devinait un animal de sentido, cherchant les tablas mais aussi l’homme derrière le leurre. Avec agilité, Ángel Sánchez l’éloignait des barrières et manoeuvrait parfaitement sa cape pour le tromper à droite et à gauche de ses mauvaises intentions. Le toro ne s’employait pas complètement sous la pique que le picador n’appuyait pas. Il sortait suelto de la deuxième et donnait le signe de sa mansurronería. D’ailleurs, au deuxième tiers il compliquait la tâche des banderilleros et Antonio Molina s’en sortait magnifiquement en clouant deux paires de rehiletes. Le brindis au public était en soi une audace compte tenu des conditions que manifestait l’ « aviateur ». Dès le premier muletazo de la droite, Ángel Sánchez était pris, soulevé, repris de la corne et projeté au sol sans dommage apparent. Les naturelles qui suivaient et la passe de poitrine paraissaient impossibles mais Ángel « templait » la charge…. On devinait que le toro pouvait l’accrocher de nouveau. Un nouvel essai à gauche semblait insensé. Il fallait en finir. L’épée entrait en arrière, tendida mais à la sortie le matador perdait pied et le toro le cueillait au sol pour le projeter une nouvelle fois en l’air et lui décochait un coup de corne. Il retombait et restait inanimé sur le sable et rapidement emporté à l’infirmerie. Le doute s’installait chez les spectateurs sur la portée des blessures. Heureusement le communiqué de l’infirmerie rassurait tout le monde.. Adrián de Torres en terminait avec ce toro par un descabello.
Le 3ème avait permis un grand tercio de banderilles avec Curro Javier et José Antonio Prestel et deux quites, l’un d’Adrián de Torres plutôt bien réussi par gaoneras et revolera auquel répondait Ángel Sánchez par deux chicuelinas ultra-serrées et le remate par une larga de toute beauté, fêtée par le public. Après cela, à la muleta, le toro chargeait à moitié pour enfin s’arrêter. Un pinchazo précédait une estocade entière contraire.
Après dix ans d’alternative, Adrián de Torres natif de Linares (Jaén) confirmait à Las Ventas sa catégorie de matador de toros. Le premier toro, cornivuelto, cinqueño comme ses congénères, ne livrait pas un combat extraordinaire aux piques malgré un bel élan initial et la vara était rapidement levée. Après un cite lointain pour des derechazos, on notait un manque de condition dans le maniement de la muleta accentué par les retours du toro en fins de passes qui mettaient en difficulté le torero. Les passes se succédaient des deux mains, les unes bonnes d’autres beaucoup moins… Les charges au ralenti du toro et les volte-face rendaient plus difficiles la continuité des passes. Seule une dernière série de la droite de passes liées était le sommet de la faena mais l’insistance à gauche faisait retomber le niveau. Une nouvelle bousculade, prévisible, incitait à prendre l’épée pour un bajonazo ! Le 4ème, de 550 kg, le plus lourd du lot, passait bien dans deux bonnes véroniques mais un accrochage de la cape décomposait sa charge. On remarquait une faiblesse ou raideur du train arrière qui l’empêchait de pousser complètement et les piques n’étaient pas appuyées par le picador. Iván García brillait aux banderilles. C’est à la muleta, malgré sa déficience, que ce toro allait exhiber une qualité remarquable, de répéter les charges, « humilié », le museau dans le sable. Le torero, plus confiant, pouvait ainsi dessiner des séries, meilleures de la droite, au ralenti les charges, bonne attitude d’Adrián de Torrés, encouragé par le public par des biennnnn, oubliant le olé plus typique… Toutefois il manquait au toro cette étincelle qui aurait augmenté l’émotion et l’importance de la faena. Celle-ci se prolongeait de telle sorte que, comme cela arrive très souvent, la mise à mort rompait l’embellie… Un nombre considérable de pinchazos et un descabello, ouf !! confirmaient cette règle (non écrite).
« Román » pouvait montrer qu’il est plus « toreado », plus expérimenté que ses compagnons de cartel. L’adolfo, sorti deuxiéme, long, ensillado, bien armé, était reçu par des véroniques jambe contraire pliée mais comme il se serrait sur l’homme, Román le conduisait au centre du ruedo. Le picador Pedro Iturralde, piquait ne s’appuyait pas trop sur la première pique et levait aussitôt la seconde. La faena de muleta débutait par des doblones accrochés sur la gauche pour des charges violentes du toro. La première série de tanteo, le corps décollé de la trajectoire du toro, se justifiait car, par la suite, le toro tardait à charger, mirón, s’arrêtant à moitié passe ou bien sans répondre au cite. Malgré cela, Román réussissait à lier les passes, s’imposant à la charge incertaine du toro. Avec l’épée, à la seconde tentative, il plaçait une estocade entière contraire, verticale. De la belle ouvrage, certains diraient de « gladiateur » ! Le 5ème, après avoir reçu de bonnes véroniques, « templées », suivies de plusieurs demi-véroniques ( un seule devrait suffire…), ce toro montrait des faiblesses de toute part mais il n’était pas changé. Dès les premiers muletazos, il s’écroulait. Il n’y aurait plus rien à tirer de cet animal. Pour comble, l’estocade était ratée, atravesada haciendo guardia.
Adrián de Torres : ovation… de compassion ; deux avis et division d’opinions. « Román » : saluts ; silence. Ángel Sánchez : silence ; blessé. Iván García de la cuadrilla d’Adrián de Torres saluait après la pose de banderilles au 4ème. Curro Javier et José Antonio Prestel, de celle d’Ángel Sánchez en faisaient de même au 3ème. Antonio Molina aussi au 6ème. Communiqiué médical : Diestro Ángel Sánchez souffre d’une blessure de corne au tiers de la face postérieure de la cuisse gauche. Traumatisme crânien et blessure au front. Contusion de l’épaule droite. Transfert à la l’hôpital . Pronostic réservé. |
Georges Marcillac
Photos: Plaza 1
Bravo pour ta resena.
Une pensée et souhaits de prompt rétablissement à Ángel Sánchez que j'ai salué plusieurs fois aux abords de La Ventas. (quelques fois en ta compagnie)
Un abrazo.
Ferdinand