La date que tous les aficionados de Madrid attendaient : celle du retour à Las Ventas. Sans la traditionnelle San Isidro empêchée par les restrictions et mesures sanitaires, le Centre des Affaires Taurines de la Communauté Autonome de Madrid avait choisi de monter un festival de bienfaisance pour la fête de la communauté. L’affiche réunissait les principales vedettes de l’escalafón accompagnées d’un novillero de l’école taurine de Madrid. Le public, limité à 6.000 spectateurs, accueillait les toreros par une longue, chaleureuse et émouvante ovation tout au long du paseo et après l’hymne espagnol.
Le rejoneador Diego Ventura ouvrait le feu en toréant un brave toro de El Capea auquel il servait son répertoire équestre habituel, brillant en profitant de la course constante de l’animal qui supportait un rejón de castigo, cinq banderilles, trois banderilles courtes ! Il recevait finalement un rejón de muerte décisif. Deux jolis et serrés quiebros, une pose de banderilles sans le caveçon d’un nouveau cheval "Bronce", tels étaient les arguments de cette faena parfaitement menée. Triomphe complet de ce torero plein de talent mais qui parfois exagère par des effets histrioniques forçant les ovations d’un public conquis d'avance.
Après ce prélude, la corrida à pied pouvait commencer avec un toro de Juan Pedro Domecq remplacé pendant le second tiers par un sobrero du même fer, lui-même renvoyé aux corrales pour les mêmes faiblesses. Mauvais point pour l’éleveur. Enrique Ponce, chef de cartel, affrontait un deuxième sobrero de El Capea, sans doute le sobrero éventuel du premier de Diego Ventura. Dès sa sortie, cet exemplaire ne montrait ni les qualités de bravoure, ni la prestance d’un toro de Madrid… acapachado de cornes sans doute « arrangées » pour l’occasion. Avec ce matériel, Enrique Ponce ne pouvait faire autrement que toréer pour maintenir le toro dans sa muleta. Á la fin, il le faisait avec technique et élégance sans l’adhésion - c’est un euphémisme - du public courroucé de ce pitoyable début. Deux pinchazos, le second dans les bas-fonds. Un avis.
«Picante» toro burraco, plutôt léger, de Garcigrande était pour Julián López « El Juli » qui d’entrée le recevait par de magnifiques véroniques, pieds joints, gagnant du terrain jusqu’au centre du ruedo. Le bicho protestait sous la première pique et un picotazo à la deuxième rencontre. La faena se déroulait au centre de la piste dans un florilège de séries de passes d’un style moins forcé que d’habitude, dominateur mais fluide, plus esthétique aussi, aidé du garcigrande qui exhibait une classe de bon aloi. En deux occasions, «El Juli» faisait lever de leur siège les spectateurs après une série de naturelles, la muleta oblique, enveloppant par le bas les charges et une autre série de la droite terminée en redondo. Un «julipie», sans exagération, laissait une épée dans tout le haut. Deux oreilles sans discussion. Faena qui restera dans les mémoires même si elle fut réalisée durant un festival.
José María Manzanares s’était réservé un toro de Cortés (annoncé Victoriano del Río): un toro de trapío, sérieux qui se déplaçait d’un bon tranco mais qui avait la fâcheuse tendance de «se serrer» de la corne gauche, qui poussait de cette corne contre le peto du cheval monté par Paco María, soulevait par deux fois la cavalerie lors d'un tercio de piques spectaculaire. L’intensité de la faena résidait à la fois dans la difficulté de passer ce toro, brave mais aussi agressif, surtout à gauche et dans l’attitude de JMM qui, conscient de cet inconvénient, assumait le risque, et s’appliquait à baisser la muleta pour guider avec fermeté les charges. La finition des passes, surtout à gauche, résultait incertaine à chaque passage avec, à la clé, un derrote. Faena valeureuse, sans fioritures, que JMM terminait par une estocade entière, restant sur la face, avec un dernier derrote du toro, estocade qui bouclait une prestation de gros calibre. Une oreille.
Miguel Ángel Perera avait choisi pour ce festival un de ses élevages favoris : celui de Fuente Ymbro. Un toro, d’un volume plus ramassé, qui ne semblait pas inspirer confiance au matador qui se ressaisissait dans un quite par chicuelinas entre deux piques, l’une «protestée» par le toro, l’autre se résumant en un picotazo. Le toro se déplaçait d’un bon tranco, reçu en début de faena par un péndulo double, à genoux, et passe de poitrine. La suite, dans le pur style de MAP, muleta convaincante, séries liées en se défaussant de la jambe contraire..., et sur la fin, des passes plus rapprochées avec baisse de régime du toro, abusant des passes circulaires inversées de la gauche, pieds joints. Un avis juste avant de porter une estocade un peu tombée. Une oreille.
La suite du festival baissait de ton car Paco Ureña semblait sans jus ni moral tout comme son opposant, insipide et arrêté, de Vegahermosa (deuxième fer de l’élevage de Borja Domecq), Le trateo se déroulait dans un silence pesant. Le novillero Guillermo García se démenait, à la cape et à la muleta et ne recevait que des applaudissements indulgents. Plus de trois heures durait ce festival qui devrait être le seul festejo avant septembre pour une feria d’automne qu’on nous promet somptueuse…
Georges Marcillac
Photos de cultoro.com
Trés belle après midi pour une reprise , trés bon compte rendu , de voir Las Ventas remplie d' aficionados groupés par deux .........Surprenant !!!
Je suis un vieil ami de Jean Pierre Clarac , qui m' a indiqué le site .
Peut-être que vous vous souviendrez , nous nous sommes rencontrés au bar a l' entrée de Las ventas , j' étais avec ma femme , Jean Pierre nous avait présenté . Il y a 3/4 ans
Sien sincèrement votre .