Madrid 12 octobre – Commotion à Las Ventas! Morante de la Puebla se quite la coleta en signe de d’adieu à sa profession. Dernière aussi pour Fernando Robleño qui prend sa retraite des arènes. Confirmation d’alternative de Sergio Rodríquez estompée par les évènements.

Après le festival historique de la matinée, en ce jour de l’Hispanité, la plaza de Las Ventas vivait une soirée non moins extraordinaire, chargée d’émotion, d’un sentiment de désarroi aussi. Â l’impromtu, au terme de sa deuxième faena et après avoir coupé deux oreilles Morante de la Puebla se dirigeait d’un pas tranquille au centre du ruedo,pour recevoir une énorme ovation. et là… à la surprise générale, se retirait la coleta, attribut postiche, distinctif des toreros – d’où son autre nom d’añadido – en signe d’abandon de la profession de matador de toros. Après l’émotion d’une faena dramatique, s’ajoutait celle de la tristesse, des larmes de Morante et de celles des spectateurs et du sentiment d’assister à un évènement unique et sans lendemain. Après la geste de Morante de la Pueble au cours de la dernière temporada, ce dernier geste laissait entrevoir un vide alors que des voix instantannées s’élevaient pour implorer le maestro de ne pas s’en aller…

                                 

L'autre acteur de cette insigne corrida était Fernando Robleño - Torero de Madrid – dont c’était bien la dernière corrida, annoncée, de sa carrière, vêtu du costume de lumières. Son départ, aussi émotif, était salué avec respect et reconnaissance par le public de Madrid. Cette dernière corrida de la temporada de Madrid était celle aussi de la confirmation d’alternative de Sergio Rodríguez, torero de la province de Àvila, importante pour le toricantano mais malheureusement effacée par les évènements qui s’étaient succédés. Les toros choisis pour l’occasion étaient de la bien connue ganadería de Garcigrande, de Salamanque, de bonne présentation

Dès le paseíllo, l’attention du public, qui comblait la Monumental de Las Ventas, se portait sur Morante de la Puebla qui, autre détail à noter, avait revêtu un terno  malva y oro, couleur caractéristique et favorite de l’habit de lumières d’Antonio Chenel “Antoñete”. Après la faena de Sergio Rodríguez, c’était le tour de Morante de recevoir le 2ème de Garcigrande, un cinqueño de 615 kg, par de belles véroniques, chrgeant la suerte, applaudies, meilleures sur la corne droite et la demie.  Le toro sortait de la première pique, trasera, rectifiée, rechargée et relevée pour charger de nouveau, recevant un picotazo et un dernier châtiment, sans trop s’employer. Aux banderilles se distinguait Curro Javier, clouant deux paires risquées car le toro n’avait que très peu répondu au cite mais réagi au moment de l’embroque. Â la muleta, Morante restait ferme durant le tanteo par doblones alors que le toro avait tendance à s’arrêter. Dans les derechazos suivants, sans codicia, sans “humilier” ce toro ne permettait pas d’aller au-delà de la demi-passe, il lançait de légers derrotes sur la gauche. Penible série de pinchazos allongeant le bras sur la tangente et une estocade entière, celle-ci bien placée. C’est au 4ème que tout aller basculer. “Tripulante-102”, colorado, ojo de perdiz, 554 kg, de janvier 2021, sortait du toril, bondissant. Au tercio, Morante le recevait à genoux enveloppé dans son capote et continuait par des chicuelinas lorsque survenait la cogida et une mauvaise chute qui le laissait inerte sur le sable!

     

Emporté vers l’infirmerie, il mettait un certain temps à recouvrer ses esprits avant de prendre la muleta et dessiner une incroyable faena presque essentiellemenent de la droite. Dans le plus pur style morantista: sans trop “humlier” le toro, les derechazos s’égrenaient, lents, avec cette difficile facilté de conduire une charge à mi-hauteur, qui variait d’une série à l’autre, tantôt endormie, tantôt plus vive et avisée à mi-passe. Frayeur: la cogida était évitée lors d’un derechazo, la corne droite à hauteur de la taille de Morante. Ensuite, le toro s’arrêtait. Une estocade sui generis qui roulait le toro et les deux oreilles étaient accordées… la deuxième généreuse mais… Vuelta triomphale et survenait l’instant majeur de cette actuación, décrit plus haut.

 

Fernando Robleño recevait à la cape le 3ème, de belles hechuras, qui ne se livrait pas vraiment dans le capote, suelto, gazapón, distrait et de comportement spécial puisqu’il fonçait ensuite vivement vers le cheval pour une première pique aussitôt relevée, manseando sous la deuxième. À la muleta, passes une à une de la droite, cite à la voix de Fernando qui composait la figure, à distance. La charge se réduisait de telle sorte qu’il fallait prendre l’épée.  Plusieurs pinchazos. Le 5ème. “Tropical-95” de 583 kg, juste cinq ans, un toro grand pour un torero de petite stature, permettait de bonnes véroniques au centre du ruedo comme il en sera de même pour une série de brillantes chicuelinas après le discret et ménagé tercio de varas de Pedro Itturalde. Iván García saluait, comme à l’accoutumée, après deux paires de banderilles spectaculaires. La bonne charge du garcigrande permettait à Fernando Robleño de réaliser une faena pausée, composée de derechazos longs et “templés”, répétition des passes stylisées. On assistait à une autre versión de Fernando Robleño tellement différente de celles face aux toros “durs” qu’il dut affronter tout au long de sa carrière. Des séries de naturelles aussi, moins fáciles mais bien enchaînées et pour terminer des ayudados, pases par le bas pour finalement porter une bonne estocade après un pinchazo. Une oreille et grande ovation, vuelta. Venait le moment émotif lorsque les deux fils de Fernando lui retiraient la coleta

De Sergio Rodríguez il y a peu à dire, le jour de sa confirmation d’alternative, mêlé aux circonstances historiques de cette corrida. Il devait sa présence au cartel pour être le vainqueur de la Copa Chenel de cette année, le 6 juillet à Valdetorres del Jarama, coupant deux oreilles à un toro de Victoriano del Río.   Le toro de la confirmation s’appelait “Saleroso-49”, negro listón, de 534 kg de presque cinq ans (11/2020). Le jeune torero de Las Navas del Marqués (Àvila) passait presque inaperçu, pour son toreo appliqué, de profil mais sans vraiment apporter grand chose, tout en ayant été digne, aux côtés de ses deux compagnons de cartel.

Morante de la Puebla: silence; deux oreilles. Fernando Robleño: silence; oreille. Sergio Ródriguez: un avis et saluts; silence. Sortie a hombros de Morante de la Puebla par la Grande Porte. Sortie a hombros de Fernando Robleño par la Porte de Cuadrillas… Au terme du paseíllo, retentissait l’hymne national espagnol en ce jour de Fête Nationale – Fête de la Hispanidad. Temperature douce. Lleno: 22.964 entrées. Dernière corrida de la saison 2025.

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

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