La corrida annoncée de El Torero d’origine Juan Pedro Domecq y Nuñez de Villavicencio était amputée d’un toro au reconocimiento, lequel serait remplacé par un produit de José Vázquez sorti 3ème. Ce dernier et le 4ème avaient quatre ans, les autres cinq, donc, cinqueños déjà avancés. Dernière corrida à pied du cycle de la San Isidro 2023, elle se déroulait sous la pluie pour la lidia des deux premiers par José Ignacio Uceda Leal et Morante de la Puebla, le troisième étant réservé à Sébastien Castella. Temps maussade donc, comme les jours précédents, qui fausse le déroulement du spectacle pour les spectatreurs (et leur humeur?) sous les parapluies ou couverts de leur imperméable. On ne sait son influence exacte sur les animaux, mais on pourrait le croire car cette Feria de San Isidro restera dans les annales, autant maussade que la climatologie. Par ailleurs, le public festif, sortait facilement le mouchoir pour demander des oreilles pour des faenas qui en d’autres temps ne les aurait pas méritées. Ce fut une tendance notable durant cette Feria.
Les toros de El Torero étaient dotés d’armures imposantes ou exagérées comme celles du 4ème, veleto, presque cornivuelto. Quant au moral, ils ne furent pas des exemples de bravoure, certains même affichaient une certaine mansedumbre assortie de faiblesse de pattes. La suerte de varas qui leur était appliquée, fut mesurée pour la plupart, excessive et délibée au 5ème, piques administrées par le picador Pedro Iturralde aux ordres de Morante de la Puebla.
José Ignacio Uceda Leal en était à sa deuxième corrida de la saison - et à Madrid – et remplissait parfaitement son contrat. Son premier, juste de hechuras malgré ses 553 kg. était entrepris à la cape sans montrer grande codicia et aux piques, de courte durée, sortant sans trop vouloir combattre - repuchándose –. Il fléchissait des pattes avant dans les premiers muletazos mais il révélait une noblesse qui permettait à Uceda Leal de réaliser une faena soignée et élégante à la fois, sans grande répercution sur le public plus préoccupé par la pluie que par le trasteo du Madrilène. Quelques naturelles serrées, des derechazos longs, corps vertical, des doblones avant de cadrer et piteux final par une série de pinchazos (peu habituel chez ce bon estoqueador) Le 4ème – celui d’encornure démesurée – ne paraissait pas très costaud et il s’affaissait sous le peto à la deuxième pique. Toutefois, il se déplaçait bien au deuxième tiers et Antonio Martín “Niño de Aravaca” plantait deux bonnes paires de banderilles sur la corne droite. La faena se déroulerait face aux tendidos 6 et 5, à l’abri supposé du vent. Les premiers muletazos entraînaient de nouveaux fléchissements des antérieurs et le toro n’était pas fixé avec des revirements en fins de passes. Quelques mètres plus loin, fixé le toro, Uceda Leal “templait” les derechazos, un trincherazo. De la gauche, des naturelles liées et la passe de poitrine. La faena allait crescendo avec une nouvelle série de trois naturelles superbes. Sur la droite, le régime du toro baissant, celui-ci s’arrêtait même à moitié passe et Uceda Leal “aguantait”. En suerte natural, il portait une estocade, une vraie, qui roulait le toro. L’oreille unanimement demandée était accordée.
On ne gardera rien en mémoire de la présence de Morante de la Puebla et de sa prestation face à deux toros à contre-style. Surtout le 2ème auquel il servait plusieurs véroniques, sans codicia du toro, certaines accrochées. Celui-ci révélait sa mansedumbre, déclinant les capotazos qui devaient le conduire au cheval, sans fixité. Il subissait deux piques, tardo face aux banderilleros. Il n’y avait pas de faena, c’était pire, il n’acceptait aucun muletazo, seulement des demi-passages, il valait mieux abréger. Estocade habile du maestro… Au 5ème, reçu par des capotazos en l’air, durement et excessivement châtié, ce toro, tantôt s’agenouillait tantôt s’arrêtait, ou bien se traînait derrière la muleta de Morante qui ne faisait aucun effort, et pour cause. Deux pinchazos, une demi-estocade et descabellos. Bronca.
Sébastien Castella affrontait le toro de José Vàzquez, mieux proportionné que les deux précédents et s’élevaient des protestations… Sans avoir été fixé dans sa tournée du ruedo, Sebastien Castella allait chercher ce toro au centre de la piste pour quelques capotazos desquels il s’échappait pour ce diriger vers les tablas. Le toro rechignait à aller au cheval, il y allait, enfin, al relance! Des piques, il sortait suelto. José Chacón clouait une bonne paire de banderilles. Les derniers doblones du tanteo, un genou en terre, étaient “templés” et un changement de main déterminait la série suivante par naturelles méritoires car le toro “protestait” dans la muleta. Les charges approximatives du toro étaient guidées avec mando, muleta baissée, l’empêchant de s’en soustraire. Le passage à droite n’était pas aussi consistant qu’à gauche mais Sébastien restait maître de la situation malgré la charge vive et désordonnée du toro. Vers les tablas, la fin de faena voyait un toro dont la charge désunie ne permmettait plus rien de positif. La bonne estocade qui suivait était d’effet presque immédait. Sonnait un avis. Oreille. Le 6ème, joli toro, long, fin et de course légère, était fixé par des véroniques et la demie tout en conservant son caractère suelto avant les piques bien administrées par Agustín Romero. Le début de faena n’était pas très convaincant: le toro n’”humiliait” pas et surtout ne se livrait pas à la muleta de Sebastien Castella qui ”en voulait” mais se trouvait décalé par rapport au toro – fuera de cacho – et devait corriger sa position. Dans une naturelle, il était accroché par la corne gauche à la cuisse gauche et secoué en l’air d’une corne à l’autre!! Il se relevait et le toro l’accrochait de nouveau, devenu avisé. Heureusement, la précisión de l’épée achevait ce toro très incommode et dangereux sur la fin.
José Ignacio Uceda Leal: silence; une oreille. Morante de la Puebla: silence; bronca. Sébastien Castella: un avis et une oreille; silence; il passait à l’infirmerie où le Dr. Máximo García Padros diagnostiquait une cornada à la face interne de la cuisse gauche, deux trajectoires, une de 20 cm ascendente, autre droite qui atteint le fémur, affectant les muscles vaste interne et droit antérieur. Pronostic grave. Transferé à la Clinique Fraternidad Muprespa. Saluaient aux banderilles “Niño de Aravaca” au 4ème, Rafael Viotti au 6ème. Temps pluvieux et vent modéré- 22.964 spectateurs. |
Georges Marcillac
Photos: Plaza 1
Bonjour Georges,
Toujours du plaisir à parcourir vos resenas & liens vers votre fameux glossaire unique dans le monde des portails numériques taurins.
Ce jour la dernière, que de plaisir j'aurais à lire votre analyse sur cette San Isidro 2023, médiocre sur le plan du contenu taurin, mais grandiose pour les finances du Plaza 1 des Casas / Garrido.
- Les tendances (+ / - Ganaderos / Toreros) & bruits de « callejon » sur cette San Isidro 2023,
- Y aurait-il un rapport dans cette médiocrité taurine avec la répétition excessive des pseudos figuras ?
- Y aurait-il un rapport sur cette médiocrité taurine avec la répétition excessive des ganaderias commerciales ? J’étais à Vic Fezensac le Dimanche de pentecôte, 7 encastes minoritaires brillants (notamment Baltasar Iban, La Corte, Villamarta) exclus de la San Isidro ….
- San Isidro 2024 : Business Bling Bling as 2023 (les pépètes de Don Simon) ou diversité (le pourquoi du Madrid) d’encastes / Toreros en Mondovision ?
Si vous avez un petit trou dans la semaine, que du plaisir à lire votre synthèse.
Bonne Victorinade Madrilène
Au Plaisir
D.ROGER